[303] ἑκάτερον δὲ οὐκ (303a) ἔξεστιν· ἢ πῶς λέγομεν; Οὐκ ἀνάγκη;
(Ἱππίας) Φαίνεται.
(Σωκράτης)
Φῶμεν οὖν ἀμφότερα μὲν καλὰ εἶναι, ἑκάτερον δὲ μὴ φῶμεν;
(Ἱππίας) Τί γὰρ κωλύει;
(Σωκράτης)
Τόδε ἔμοιγε δοκεῖ, ὦ φίλε, κωλύειν, ὅτι ἦν που ἡμῖν τὰ μὲν οὕτως
ἐπιγιγνόμενα ἑκάστοις, εἴπερ ἀμφοτέροις ἐπιγίγνοιτο, καὶ ἑκατέρῳ, καὶ
εἴπερ ἑκατέρῳ, καὶ ἀμφοτέροις, ἅπαντα ὅσα σὺ διῆλθες· ἦ γάρ;
(Ἱππίας) Ναί.
(Σωκράτης)
Ἃ δέ γε αὖ ἐγὼ διῆλθον, οὔ· ὧν δὴ ἦν καὶ αὐτὸ τὸ ἑκάτερον καὶ τὸ
ἀμφότερον. Ἔστιν οὕτως;
(Ἱππίας) Ἔστιν.
(303b) (Σωκράτης)
Ποτέρων οὖν, ὦ Ἱππία, δοκεῖ σοι τὸ καλὸν εἶναι; Πότερον ὧν σὺ ἔλεγες·
εἴπερ ἐγὼ ἰσχυρὸς καὶ σύ, καὶ ἀμφότεροι, καὶ εἴπερ ἐγὼ δίκαιος καὶ σύ, καὶ
ἀμφότεροι, καὶ εἴπερ ἀμφότεροι, καὶ ἑκάτερος· οὕτω δὴ καὶ εἴπερ ἐγὼ καλὸς
καὶ σύ, καὶ ἀμφότεροι, καὶ εἴπερ ἀμφότεροι, καὶ ἑκάτερος; Ἢ οὐδὲν κωλύει,
ὥσπερ ἀρτίων ὄντων τινῶν ἀμφοτέρων τάχα μὲν ἑκάτερα περιττὰ εἶναι, τάχα δ'
ἄρτια, καὶ αὖ ἀρρήτων ἑκατέρων ὄντων τάχα μὲν ῥητὰ τὰ συναμφότερα εἶναι,
τάχα (303c) δ' ἄρρητα, καὶ ἄλλα μυρία τοιαῦτα, ἃ δὴ καὶ ἐγὼ ἔφην ἐμοὶ
προφαίνεσθαι; Ποτέρων δὴ τιθεῖς τὸ καλόν; Ἢ ὥσπερ ἐμοὶ περὶ αὐτοῦ
καταφαίνεται, καὶ σοί; Πολλὴ γὰρ ἀλογία ἔμοιγε δοκεῖ εἶναι ἀμφοτέρους μὲν
ἡμᾶς εἶναι καλούς, ἑκάτερον δὲ μή, ἢ ἑκάτερον μέν, ἀμφοτέρους δὲ μή, ἢ
ἄλλο ὁτιοῦν τῶν τοιούτων. Οὕτως αἱρῇ, ὥσπερ ἐγώ, ἢ 'κείνως;
(Ἱππίας) Οὕτως ἔγωγε, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Εὖ γε σὺ ποιῶν, ὦ Ἱππία, ἵνα καὶ ἀπαλλαγῶμεν (303d) πλείονος ζητήσεως· εἰ
γὰρ τούτων γ' ἐστὶ τὸ καλόν, οὐκ ἂν ἔτι εἴη τὸ δι' ὄψεως καὶ ἀκοῆς ἡδὺ
καλόν. Ἀμφότερα μὲν γὰρ ποιεῖ καλὰ τὸ δι' ὄψεως καὶ ἀκοῆς, ἑκάτερον δ' οὔ·
τοῦτο δ' ἦν ἀδύνατον, ὡς ἐγώ τε καὶ σὺ δὴ ὁμολογοῦμεν, ὦ Ἱππία.
(Ἱππίας) Ὁμολογοῦμεν γάρ.
(Σωκράτης)
Ἀδύνατον ἄρα τὸ δι' ὄψεως καὶ ἀκοῆς ἡδὺ καλὸν εἶναι, ἐπειδή γε καλὸν
γιγνόμενον τῶν ἀδυνάτων τι παρέχεται.
(Ἱππίας) Ἔστι ταῦτα.
(Σωκράτης)
« Λέγετε δὴ πάλιν, » φήσει, « ἐξ ἀρχῆς, ἐπειδὴ (303e) τούτου διημάρτετε·
τί φατε εἶναι τοῦτο τὸ καλὸν τὸ ἐπ' ἀμφοτέραις ταῖς ἡδοναῖς, δι' ὅτι
ταύτας πρὸ τῶν ἄλλων τιμήσαντες καλὰς ὠνομάσατε; » Ἀνάγκη δή μοι δοκεῖ
εἶναι, ὦ Ἱππία, λέγειν ὅτι ἀσινέσταται αὗται τῶν ἡδονῶν εἰσι καὶ
βέλτισται, καὶ ἀμφότεραι καὶ ἑκατέρα· ἢ σύ τι ἔχεις λέγειν ἄλλο ᾧ
διαφέρουσι τῶν ἄλλων;
(Ἱππίας) Οὐδαμῶς· τῷ ὄντι γὰρ βέλτισταί εἰσιν.
(Σωκράτης)
« Τοῦτ' ἄρα, » φήσει, « λέγετε δὴ τὸ καλὸν εἶναι, ἡδονὴν ὠφέλιμον; »
Ἐοίκαμεν, φήσω ἔγωγε· σὺ δέ;
(Ἱππίας) Καὶ ἐγώ.
(Σωκράτης)
« Οὐκοῦν ὠφέλιμον, » φήσει, « τὸ ποιοῦν τἀγαθόν, τὸ δὲ ποιοῦν καὶ τὸ
ποιούμενον ἕτερον νυνδὴ ἐφάνη, καὶ εἰς τὸν πρότερον λόγον ἥκει ὑμῖν ὁ λόγος;
| [303] et non chacun d’eux en particulier. N’est-ce pas ?
(Hippias) Oui.
(Socrate)
Ce qui fait la beauté de chacun d’eux séparément ne peut être une qualité
qui n’appartient pas à chacun. Ainsi, la qualité d’être deux n’appartient
pas à chaque élément séparément. En conséquence, s’il est sans doute
permis d’affirmer, conformément à l’hypothèse, que les deux sont beaux
pris ensemble, on ne peut dire que chacun le soit séparément. Qu’en
penses-tu ? Cela n’est-il pas nécessaire ?
(Hippias) Il me semble.
(Socrate)
Dirons-nous donc que ces plaisirs, pris conjointement, sont beaux, et que,
séparément, ils ne le sont pas ?
(Hippias) Qui nous en empêche ?
(Socrate)
Voici, ce me semble, ce qui nous en empêche : c’est que nous avons reconnu
des qualités qui se trouvent dans chaque objet, et qui sont telles que, si
elles sont communes à deux objets, elles sont propres à chacun ; et, si
elles sont propres à chacun, elles sont communes aux deux. Telles sont
toutes celles dont tu as parlé, n’est-ce pas ?
(Hippias) Oui.
(Socrate)
Il n’en est pas de même des qualités dont j’ai parlé. De ce nombre est ce
qui fait que deux objets pris séparément sont un, et deux, pris
conjointement. Cela est-il vrai ?
(Hippias) Oui.
(Socrate)
Or, Hippias, ces deux classes de qualités étant (303b) admises, dans
laquelle juges-tu qu’il faille mettre la beauté ? Dans celle des qualités
dont tu parlais ? Si je suis fort et toi aussi, disais-tu, nous le sommes
tous deux ; si je suis juste et toi aussi, nous le sommes tous deux ; et
si nous le sommes tous deux, chacun de nous l’est. De même, si je suis
beau et toi aussi, nous le sommes tous deux ; et si nous le sommes tous
deux, chacun de nous l’est. Ou bien peut-il en être du beau comme de
certaines choses qui, prises conjointement, sont paires, et, séparément,
peuvent être ou impaires ou paires, ou comme de ces éléments qui,
séparément, sont des nombres irrationnels et qui, réunis, peuvent être
soit rationnels soit irrationnels ? Peut-il en être du beau comme de mille
autres cas semblables (303c), que j’ai dit se présenter à mon esprit ?
Dans quelle classe mets-tu le beau ? Penses-tu là-dessus comme moi ? Pour
moi, il me semble qu’il serait très absurde qu’étant beaux tous les deux,
chacun de nous ne le fût pas, ou que chacun de nous étant beau, nous ne le
fussions pas tous deux ou toute autre chose du même genre. Es-tu du même
sentiment que moi, ou d’un sentiment opposé ?
(Hippias) Je suis du tien, Socrate.
(Socrate)
Tu fais bien, (Hippias) ; cela nous épargne une plus longue recherche.
(303d) En effet, s’il en est de la beauté comme du reste, le plaisir qui
naît de la vue et de l’ouïe ne peut être beau, puisque la propriété de
naître de la vue et de l’ouïe rend beaux ces deux plaisirs pris
conjointement, mais non chacun d’eux séparément ; ce qui est impossible,
comme nous en sommes convenus toi et moi, Hippias.
(Hippias) Nous en sommes convenus en effet.
(Socrate)
Il est donc impossible que le plaisir qui a sa source dans la vue et
l’ouïe soit beau, puisque, s’il était beau, il en résulterait une chose
impossible.
(Hippias) Cela est vrai.
(Socrate)
« Puisque vous avez fait fausse route, répliquera notre homme (303e),
dites-moi de nouveau l’un et l’autre quel est le beau qui se rencontre
dans les plaisirs de la vue et de l’ouïe, et vous les a fait nommer beaux
préférablement à tous les autres. » Il me parait nécessaire, Hippias, de
répondre que c’est parce que de tous les plaisirs ce sont les moins
nuisibles et les meilleurs, qu’on les prenne conjointement ou séparément.
Ou bien connais-tu quelque autre différence qui les distingue des autres ?
(Hippias) Nulle autre ; et ce sont en effet les plus avantageux de tous les
plaisirs.
(Socrate)
« Le beau, dira-t-il, est donc, selon vous, un plaisir avantageux. » Il
semble bien, lui répondrai-je. Et toi ?
(Hippias) Et moi aussi.
(Socrate)
« Or, poursuivra-t-il, l’avantageux est ce qui produit le bien, et nous
avons vu que ce qui produit est différent (304a) de ce qui est produit :
nous voilà retombés dans notre premier embarras ;
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