[290] Τὸ γὰρ ὀρθῶς λεγόμενον (290a) ἀνάγκη αὐτῷ
ἀποδέχεσθαι, ἢ μὴ ἀποδεχομένῳ καταγελάστῳ εἶναι.
(Σωκράτης)
Καὶ μὲν δὴ ταύτην γε τὴν ἀπόκρισιν, ὦ ἄριστε, οὐ μόνον οὐκ ἀποδέξεται,
ἀλλὰ πάνυ με καὶ τωθάσεται, καὶ ἐρεῖ· « ὦ τετυφωμένε σύ, Φειδίαν οἴει
κακὸν εἶναι δημιουργόν; » Καὶ ἐγὼ οἶμαι ἐρῶ ὅτι οὐδ' ὁπωστιοῦν.
(Ἱππίας) Καὶ ὀρθῶς γ' ἐρεῖς, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Ὀρθῶς μέντοι. Τοιγάρτοι ἐκεῖνος, ἐπειδὰν ἐγὼ ὁμολογῶ ἀγαθὸν εἶναι
δημιουργὸν τὸν Φειδίαν, « εἶτα, » (290b) φήσει, « οἴει τοῦτο τὸ καλὸν ὃ σὺ
λέγεις ἠγνόει Φειδίας; » Καὶ ἐγώ· τί μάλιστα; Φήσω. « Ὅτι, » ἐρεῖ, « τῆς
Ἀθηνᾶς τοὺς ὀφθαλμοὺς οὐ χρυσοῦς ἐποίησεν, οὐδὲ τὸ ἄλλο πρόσωπον οὐδὲ τοὺς
πόδας οὐδὲ τὰς χεῖρας, εἴπερ χρυσοῦν γε δὴ ὂν κάλλιστον ἔμελλε φαίνεσθαι,
ἀλλ' ἐλεφάντινον· δῆλον ὅτι τοῦτο ὑπὸ ἀμαθίας ἐξήμαρτεν, ἀγνοῶν ὅτι χρυσὸς
ἄρ' ἐστὶν ὁ πάντα καλὰ ποιῶν, ὅπου ἂν προσγένηται. » Ταῦτα οὖν λέγοντι τί
ἀποκρινώμεθα, ὦ Ἱππία;
(290c) (Ἱππίας)
Οὐδὲν χαλεπόν· ἐροῦμεν γὰρ ὅτι ὀρθῶς ἐποίησε. Καὶ γὰρ τὸ ἐλεφάντινον οἶμαι
καλόν ἐστιν.
(Σωκράτης)
« Τοῦ οὖν ἕνεκα, » φήσει, « οὐ καὶ τὰ μέσα τῶν ὀφθαλμῶν ἐλεφάντινα
ἠργάσατο, ἀλλὰ λίθινα, ὡς οἷόν τ' ἦν ὁμοιότητα τοῦ λίθου τῷ ἐλέφαντι
ἐξευρών; Ἢ καὶ ὁ λίθος ὁ καλὸς καλόν ἐστι; » Φήσομεν, ὦ Ἱππία;
(Ἱππίας) Φήσομεν μέντοι, ὅταν γε πρέπων ᾖ.
(Σωκράτης)
« Ὅταν δὲ μὴ πρέπων, αἰσχρόν; » Ὁμολογῶ ἢ μή;
(Ἱππίας) Ὁμολόγει, ὅταν γε μὴ πρέπῃ.
(290d) (Σωκράτης)
«Τί δὲ δή; Ὁ ἐλέφας καὶ ὁ χρυσός, » φήσει, « ὦ σοφὲ σύ, οὐχ ὅταν μὲν
πρέπῃ, καλὰ ποιεῖ φαίνεσθαι, ὅταν δὲ μή, αἰσχρά; » Ἔξαρνοι ἐσόμεθα ἢ
ὁμολογήσομεν αὐτῷ ὀρθῶς λέγειν αὐτόν;
(Ἱππίας)
Ὁμολογήσομεν τοῦτό γε, ὅτι ὃ ἂν πρέπῃ ἑκάστῳ, τοῦτο καλὸν ποιεῖ ἕκαστον.
(Σωκράτης)
« Πότερον οὖν πρέπει, » φήσει, « ὅταν τις τὴν χύτραν ἣν ἄρτι ἐλέγομεν, τὴν
καλήν, ἕψῃ ἔτνους καλοῦ μεστήν, χρυσῆ τορύνη αὐτῇ ἢ συκίνη; »
(Ἱππίας)
Ἡράκλεις, οἷον λέγεις ἄνθρωπον, ὦ Σώκρατες. Οὐ (290e) βούλει μοι εἰπεῖν
τίς ἐστιν;
(Σωκράτης) Οὐ γὰρ ἂν γνοίης, εἴ σοι εἴποιμι τοὔνομα.
(Ἱππίας) Ἀλλὰ καὶ νῦν ἔγωγε γιγνώσκω, ὅτι ἀμαθής τίς ἐστιν.
(Σωκράτης)
Μέρμερος πάνυ ἐστίν, ὦ Ἱππία· ἀλλ' ὅμως τί φήσομεν; Ποτέραν πρέπειν τοῖν
τορύναιν τῷ ἔτνει καὶ τῇ χύτρᾳ; Ἢ δῆλον ὅτι τὴν συκίνην; Εὐωδέστερον γάρ
που τὸ ἔτνος ποιεῖ, καὶ ἅμα, ὦ ἑταῖρε, οὐκ ἂν συντρίψασα ἡμῖν τὴν χύτραν
ἐκχέαι τὸ ἔτνος καὶ τὸ πῦρ ἀποσβέσειεν καὶ τοὺς μέλλοντας ἑστιᾶσθαι ἄνευ
ὄψου ἂν πάνυ γενναίου ποιήσειεν· ἡ δὲ χρυσῆ ἐκείνη πάντα ἂν ταῦτα ποιήσειεν,
| [290] Il faut, bon gré mal gré, qu’il se rende à une raison quand elle est bonne,
ou, sinon, qu’il se couvre de ridicule. (290a)
(Socrate)
Hé bien, mon cher, bien loin de se rendre à cette réponse, il s’en moquera
et me dira : « Insensé que tu es, penses-tu que Phidias fût un mauvais
artiste ? » Bien au contraire, lui répondrai-je, ce me semble.
(Hippias) Et tu auras raison.
(Socrate)
Je le crois. Mais, lorsque j’aurai reconnu que Phidias est un habile
sculpteur, mon homme répondra : (290b) « Quoi donc ! Phidias, à ton avis
n’avait nulle idée de ce beau dont tu parles ? » Pourquoi ? lui dirai-je.
« C’est, continuera-t-il, parce qu’il n’a point fait d’or les yeux de son
Athéna, ni son visage, ni ses pieds, ni ses mains, bien que tout cela en
or dut paraître très beau, mais d’ivoire. Il est évident qu’il n’a fait
cette faute que par ignorance, ne sachant pas que c’est l’or qui embellit
toutes les choses auxquelles on l’ajoute. » Lorsqu’il nous parlera de la
sorte, que lui répondrons-nous, Hippias ?
(Hippias)
Cela n’est pas difficile. Nous lui dirons que (290c) Phidias a bien fait,
car l’ivoire est beau aussi, je pense.
(Socrate)
« Pourquoi donc, répliquera-t-il, Phidias n’a-t-il pas fait de même les
pupilles en ivoire, mais dans une pierre précieuse, après avoir cherché
celle qui va le mieux avec l’ivoire ? Est-ce qu’un beau marbre est aussi
une belle chose ? » Le dirons-nous, Hippias ?
(Hippias) Oui, lorsqu’il convient.
(Socrate)
Et lorsqu’il ne convient pas, accorderai-je ou non qu’il est laid ?
(Hippias) Accorde-le, lorsqu’il ne convient pas.
(Socrate)
« Mais quoi ! me dira-t-il, ô habile homme que tu es ! L’ivoire et l’or
n’enlaidissent-ils point celles auxquelles ils ne conviennent pas ? »
Nierons-nous qu’il ait raison, ou l’avouerons-nous ? (290d)
(Hippias)
Nous avouerons que ce qui convient à chaque chose la fait belle.
(Socrate)
« Quand on fait bouillir, dira-t-il, cette belle marmite, dont nous
parlions tout à l’heure, pleine d’une belle purée de légumes, quelle
cuillère convient à cette marmite ? une d’or, ou de bois de figuier ? »
(Hippias)
Par Héraclès ! quelle espèce d’homme est-ce donc là, Socrate? Ne veux-tu
pas me dire qui c’est ? (290e)
(Socrate) Quand je te dirais son nom, tu ne le connaîtrais pas.
(Hippias) Je sais du moins dès à présent que c’est un homme sans éducation.
(Socrate)
C’est un questionneur insupportable, Hippias. Que lui répondrons-nous,
cependant, et laquelle de ces deux cuillères dirons-nous qui convient
mieux à la purée et à la marmite ? N’est-il pas évident que c’est celle de
figuier ? Car elle donne une meilleure odeur à la purée ; d’ailleurs, mon
cher, il n’est point à craindre qu’elle casse la marmite, que la purée se
répande, que le feu s’éteigne, et que les convives soient privés d’un
excellent mets : accidents auxquels la cuillère d’or nous exposerait ;
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