Texte grec :
[465] καὶ αἰσχρόν φημι (465a) εἶναι τὸ τοιοῦτον, ὦ Πῶλε — τοῦτο γὰρ
πρὸς σὲ λέγω — ὅτι τοῦ ἡδέος στοχάζεται ἄνευ τοῦ βελτίστου· τέχνην δὲ αὐτὴν οὔ
φημι εἶναι ἀλλ' ἐμπειρίαν, ὅτι οὐκ ἔχει λόγον οὐδένα ᾧ προσφέρει ἃ προσφέρει
ὁποῖ' ἄττα τὴν φύσιν ἐστίν, ὥστε τὴν αἰτίαν ἑκάστου μὴ ἔχειν εἰπεῖν. ἐγὼ δὲ
τέχνην οὐ καλῶ ὃ ἂν ᾖ ἄλογον πρᾶγμα· τούτων δὲ πέρι εἰ ἀμφισβητεῖς, ἐθέλω
ὑποσχεῖν λόγον.
(465b) τῇ μὲν οὖν ἰατρικῇ, ὥσπερ λέγω, ἡ ὀψοποιικὴ κολακεία ὑπόκειται· τῇ δὲ
γυμναστικῇ κατὰ τὸν αὐτὸν τρόπον τοῦτον ἡ κομμωτική, κακοῦργός τε καὶ
ἀπατηλὴ καὶ ἀγεννὴς καὶ ἀνελεύθερος, σχήμασιν καὶ χρώμασιν καὶ λειότητι καὶ
ἐσθῆσιν ἀπατῶσα, ὥστε ποιεῖν ἀλλότριον κάλλος ἐφελκομένους τοῦ οἰκείου τοῦ
διὰ τῆς γυμναστικῆς ἀμελεῖν. ἵν' οὖν μὴ μακρολογῶ, ἐθέλω σοι εἰπεῖν ὥσπερ οἱ
γεωμέτραι — ἤδη γὰρ (465c) ἂν ἴσως ἀκολουθήσαις — ὅτι ὃ κομμωτικὴ πρὸς
γυμναστικήν, τοῦτο σοφιστικὴ πρὸς νομοθετικήν, καὶ ὅτι ὃ ὀψοποιικὴ πρὸς
ἰατρικήν, τοῦτο ῥητορικὴ πρὸς δικαιοσύνην. ὅπερ μέντοι λέγω, διέστηκε μὲν
οὕτω φύσει, ἅτε δ' ἐγγὺς ὄντων φύρονται ἐν τῷ αὐτῷ καὶ περὶ ταὐτὰ σοφισταὶ καὶ
ῥήτορες, καὶ οὐκ ἔχουσιν ὅτι χρήσονται οὔτε αὐτοὶ ἑαυτοῖς οὔτε οἱ ἄλλοι
ἄνθρωποι τούτοις. καὶ γὰρ ἄν, εἰ μὴ ἡ ψυχὴ τῷ σώματι (465d) ἐπεστάτει, ἀλλ'
αὐτὸ αὑτῷ, καὶ μὴ ὑπὸ ταύτης κατεθεωρεῖτο καὶ διεκρίνετο ἥ τε ὀψοποιικὴ καὶ ἡ
ἰατρική, ἀλλ' αὐτὸ τὸ σῶμα ἔκρινε σταθμώμενον ταῖς χάρισι ταῖς πρὸς αὑτό, τὸ
τοῦ Ἀναξαγόρου ἂν πολὺ ἦν, ὦ φίλε Πῶλε — σὺ γὰρ τούτων ἔμπειρος — ὁμοῦ ἂν
πάντα χρήματα ἐφύρετο ἐν τῷ αὐτῷ, ἀκρίτων ὄντων τῶν τε ἰατρικῶν καὶ
ὑγιεινῶν καὶ ὀψοποιικῶν. ὃ μὲν οὖν ἐγώ φημι τὴν ῥητορικὴν εἶναι, ἀκήκοας·
ἀντίστροφον (465e) ὀψοποιίας ἐν ψυχῇ, ὡς ἐκεῖνο ἐν σώματι. ἴσως μὲν οὖν
ἄτοπον πεποίηκα, ὅτι σε οὐκ ἐῶν μακροὺς λόγους λέγειν αὐτὸς συχνὸν λόγον
ἀποτέτακα. ἄξιον μὲν οὖν ἐμοὶ συγγνώμην ἔχειν ἐστίν· λέγοντος γάρ μου
βραχέα οὐκ ἐμάνθανες, οὐδὲ χρῆσθαι τῇ ἀποκρίσει ἥν σοι ἀπεκρινάμην οὐδὲν
οἷός τ' ἦσθα, ἀλλ' ἐδέου διηγήσεως.
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Traduction française :
[465] et ce que je dis être une chose honteuse, Polus (car c'est
à toi que j'adresse la parole), parce qu'elle ne vise qu'à l'agréable
en négligeant le meilleur. J'ajoute que ce n'est point
un art, mais une routine, parce qu'elle n'a aucun principe
certain sur la nature des choses qu'elle emploie; en sorte
qu'elle ne peut rendre raison de rien. Or, je n'appelle
point art un procédé qui n'a rien de rationnel. Si tu prétends
me contester ceci je suis prêt à te répondre.
XX. -La flatterie en fait de ragoûts s'est donc cachée
sous la médecine, comme j'ai dit. Sous la gymnastique
s'est glissée de la même manière la toilette, pratique coupable,
trompeuse, indigne d'une âme libre et généreuse,
qui pour séduire, emploie les formes, les couleurs,
le poli de la peau, les vêtements, de manière à nous
attirer vers une beauté d'emprunt et à nous faire négliger
la beauté naturelle que donne la gymnastique.
Et pour ne pas m'étendre, je te dirai, comme les géomètres
(peut-être me comprendras-tu mieux), que ce
que la toilette est à la gymnastique, la cuisine l'est à la
médecine; ou plutôt de cette manière : ce que la toilette
est à la gymnastique, la sophistique l'est à la partie
législative; et ce que la cuisine est à la médecine, la
rhétorique l'est à la partie judiciaire. Telles sont les
différences naturelles de ces choses; cependant, attendu
les points de rapprochement qui existent entre les unes
et les autres, les sophistes et les rhéteurs se confondent
avec les législateurs et les juges, s'appliquent aux mêmes
objets, et ne savent pas fixer les limites qui séparent
leurs professions, pas plus que les autres hommes ne
le savent Si l'âme, en effet, ne commandait point au
dorps, et que le corps se gouvernât lui-même ; si l'âme
n'examinait point par ses yeux, et ne discernait pas ta
différence de la cuisine et de la médecine, mais que le
corps en fût juge, et qu'il les estimât, par le plaisir
qu'elles lui procurent, rien ne serait plus commun, mon
cher Polus, que ce que dit Anaxagore (car tu es sans
doute habile en ces matières) : toutes choses seraient
confondues; on ne pourrait distinguer les aliments salutaires,
ni ceux que prescrit le médecin de ceux qu'apprête le cuisinier.
Tu as donc entendu ce que je pense de la rhétorique :
elle est par rapport à l'âme ce que la cuisine est par
rapport au corps. Peut-être est-ce une inconséquence de
ma part d'avoir fait un long discours après te l'avoir interdit.
Mais j'espère bien que tu me pardonneras : car
lorsque je me suis expliqué en peu de mots, tu ne
m'as pas compris, et tu n'étais pas capable de tirer parti de mes
réponses : en un mot, tu avais besoin d'un développement.
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