HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Gorgias



Texte grec :

[512] εἰδὼς ὅτι οὐδὲν (512a) αὐτοὺς βελτίους ἐξεβίβασεν ἢ οἷοι ἐνέβησαν, οὔτε τὰ σώματα
οὔτε τὰς ψυχάς. λογίζεται οὖν ὅτι οὐκ, εἰ μέν τις μεγάλοις καὶ ἀνιάτοις νοσήμασιν
κατὰ τὸ σῶμα συνεχόμενος μὴ ἀπεπνίγη, οὗτος μὲν ἄθλιός ἐστιν ὅτι οὐκ
ἀπέθανεν, καὶ οὐδὲν ὑπ' αὐτοῦ ὠφέληται· εἰ δέ τις ἄρα ἐν τῷ τοῦ σώματος
τιμιωτέρῳ, τῇ ψυχῇ, πολλὰ νοσήματα ἔχει καὶ ἀνίατα, τούτῳ δὲ βιωτέον ἐστὶν
καὶ τοῦτον ὀνήσει, ἄντε ἐκ θαλάττης ἄντε ἐκ δικαστηρίου ἐάντε ἄλλοθεν
ποθενοῦν (512b) σώσῃ, ἀλλ' οἶδεν ὅτι οὐκ ἄμεινόν ἐστιν ζῆν τῷ μοχθηρῷ
ἀνθρώπῳ· κακῶς γὰρ ἀνάγκη ἐστὶν ζῆν.
διὰ ταῦτα οὐ νόμος ἐστὶ σεμνύνεσθαι τὸν κυβερνήτην, καίπερ σῴζοντα ἡμᾶς,
οὐδέ γε, ὦ θαυμάσιε, τὸν μηχανοποιόν, ὃς οὔτε στρατηγοῦ, μὴ ὅτι κυβερνήτου,
οὔτε ἄλλου οὐδενὸς ἐλάττω ἐνίοτε δύναται σῴζειν· πόλεις γὰρ ἔστιν ὅτε ὅλας
σῴζει. μή σοι δοκεῖ κατὰ τὸν δικανικὸν εἶναι; καίτοι εἰ βούλοιτο λέγειν, ὦ
Καλλίκλεις, ἅπερ ὑμεῖς, σεμνύνων (512c) τὸ πρᾶγμα, καταχώσειεν ἂν ὑμᾶς τοῖς
λόγοις, λέγων καὶ παρακαλῶν ἐπὶ τὸ δεῖν γίγνεσθαι μηχανοποιούς, ὡς οὐδὲν
τἆλλά ἐστιν· ἱκανὸς γὰρ αὐτῷ λόγος. ἀλλὰ σὺ οὐδὲν ἧττον αὐτοῦ καταφρονεῖς
καὶ τῆς τέχνης τῆς ἐκείνου, καὶ ὡς ἐν ὀνείδει ἀποκαλέσαις ἂν μηχανοποιόν, καὶ
τῷ ὑεῖ αὐτοῦ οὔτ' ἂν δοῦναι θυγατέρα ἐθέλοις, οὔτ' ἂν αὐτὸς λαβεῖν τὴν ἐκείνου.
καίτοι ἐξ ὧν τὰ σαυτοῦ ἐπαινεῖς, τίνι δικαίῳ λόγῳ τοῦ μηχανοποιοῦ καταφρονεῖς
καὶ (512d) τῶν ἄλλων ὧν νυνδὴ ἔλεγον; οἶδ' ὅτι φαίης ἂν βελτίων εἶναι καὶ ἐκ
βελτιόνων. τὸ δὲ βέλτιον εἰ μὴ ἔστιν ὃ ἐγὼ λέγω, ἀλλ' αὐτὸ τοῦτ' ἐστὶν ἀρετή, τὸ
σῴζειν αὑτὸν καὶ τὰ ἑαυτοῦ ὄντα ποῖός τις ἔτυχεν, καταγέλαστός σοι ψόγος
γίγνεται καὶ μηχανοποιοῦ καὶ ἰατροῦ καὶ τῶν ἄλλων τεχνῶν ὅσαι τοῦ σῴζειν
ἕνεκα πεποίηνται. ἀλλ', ὦ μακάριε, ὅρα μὴ ἄλλο τι τὸ γενναῖον καὶ τὸ ἀγαθὸν ᾖ
ἢ τὸ σῴζειν τε καὶ σῴζεσθαι. μὴ γὰρ τοῦτο μέν, τὸ ζῆν ποσονδὴ (512e) χρόνον,
τόν γε ὡς ἀληθῶς ἄνδρα ἐατέον ἐστὶν καὶ οὐ φιλοψυχητέον, ἀλλὰ ἐπιτρέψαντα
περὶ τούτων τῷ θεῷ καὶ πιστεύσαντα ταῖς γυναιξὶν ὅτι τὴν εἱμαρμένην οὐδ' ἂν
εἷς ἐκφύγοι, τὸ ἐπὶ τούτῳ σκεπτέον τίν' ἂν τρόπον τοῦτον ὃν μέλλοι χρόνον
βιῶναι ὡς ἄριστα βιοίη,

Traduction française :

[512] sachant bien qu'ils ne sont pas sortis de son vaisseau meilleurs ni pour le corps ni pour l'âme, que quand ils y sont entrés. Voici comment il raisonne : « Si quelqu'un dont le corps est travaillé de maladies considérables et sans remède ne s'est pas noyé, c'est un malheur pour lui de n'être pas mort, et il ne m'a aucune obligation; et si quelqu'un a dans son âme, qui est beaucoup plus précieuse que son corps, une foule de maux incurables, est-ce un bien pour lui de vivre, et rend-on service à un tel homme, en le sauvant de la mer, on des mains de la justice, ou de tout autre danger? » Au contraire le pilote sait que ce n'est pas pour le méchant un avantage de vivre, parce que c'est une nécessité qu'il vive malheureux. LXVIII. - C'est pour cela qu'il n'est point d'usage que le pilote tire vanité de son art, quoique nous lui devions notre salut, non plus, mon cher ami, que le machiniste qui, dans certains cas, peut sauver autant de choses, je ne dis pas que le pilote, mais que le général d'armée, et tout autre, quel qu'il soit, puisqu'il est telle circonstance où il préserve des villes entières. Ainsi ne vas pas le mettre en comparaison avec l'homme du barreau. Cependant, Calliclés, s'il voulait tenir le même langage que vous autres, et vanter son art, il vous accablerait par ses raisons, en vous prouvant que vous devez vous faire machinistes, et en vous y exhortant, parce que les autres arts ne sont rien auprès de celui-là. Tu ne l'en méprises pas moins toutefois lui et son art, et tu lui dirais comme une injure qu'il n'est qu'un machiniste; tu ne voudrais ni donner ta fille en mariage à son fils, ni prendre sa fille pour bru. Néanmoins à examiner les raisons qui élèvent, si fort ton art à tes yeux, de quel droit méprises-tu le machiniste et les autres dont j'ai parlé? Je sais bien que tu vas me dire que tu es meilleur qu'eux, et de meilleure famille. Mais si par meilleur il ne faut pas entendre ce que j'entends, et si toute la vertu consiste à sauver sa fortune et ses biens, quelle que soit d'ailleurs la profession, ton mépris pour le machiniste, le médecin et les autres arts dont le but est de veiller à notre conservation, est bien ridicule. Mais, mon cher, prends garde que la vertu et le bien ne soient tout autre chose que d'assurer son salut et celui des autres ; vois si celui qui est vraiment homme ne doit point négliger de s'occuper du plus ou moins de temps qu'il pourra vivre, et montrer peu d'attachement pour la vie, et s'il ne faut pas, laissant à Dieu le soin de tout cela, et ajoutant foi à ce que disent les femmes, que personne n'a jamais échappé à son heure fatale, voir de quelle manière on s'y prendra pour passer le mieux qu'il est possible le temps qu'on a à vivre.





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Dernière mise à jour : 25/11/2005