| Texte grec :
 
 
  
  
   | [493] (493a) καὶ ἡμεῖς τῷ ὄντι ἴσως τέθναμεν·  ἤδη γάρ του ἔγωγε καὶ ἤκουσα τῶν σοφῶν ὡς νῦν ἡμεῖς τέθναμεν καὶ τὸ μὲν σῶμά ἐστιν ἡμῖν σῆμα, τῆς
 δὲ ψυχῆς τοῦτο ἐν ᾧ ἐπιθυμίαι εἰσὶ τυγχάνει ὂν οἷον ἀναπείθεσθαι καὶ
 μεταπίπτειν ἄνω κάτω, καὶ τοῦτο ἄρα τις μυθολογῶν κομψὸς ἀνήρ, ἴσως Σικελός
 τις ἢ Ἰταλικός, παράγων τῷ ὀνόματι διὰ τὸ πιθανόν τε καὶ πειστικὸν ὠνόμασε
 πίθον, τοὺς δὲ ἀνοήτους ἀμυήτους, (493b) τῶν δ' ἀνοήτων τοῦτο τῆς ψυχῆς οὗ αἱ
 ἐπιθυμίαι εἰσί, τὸ ἀκόλαστον αὐτοῦ καὶ οὐ στεγανόν, ὡς τετρημένος εἴη πίθος,
 διὰ τὴν ἀπληστίαν ἀπεικάσας. τοὐναντίον δὴ οὗτος σοί, ὦ Καλλίκλεις,
 ἐνδείκνυται ὡς τῶν ἐν Ἅιδου — τὸ ἀιδὲς δὴ λέγων — οὗτοι ἀθλιώτατοι ἂν εἶεν, οἱ
 ἀμύητοι, καὶ φοροῖεν εἰς τὸν τετρημένον πίθον ὕδωρ ἑτέρῳ τοιούτῳ τετρημένῳ
 κοσκίνῳ. τὸ δὲ κόσκινον ἄρα λέγει, ὡς ἔφη ὁ πρὸς ἐμὲ (493c) λέγων, τὴν ψυχὴν
 εἶναι·  τὴν δὲ ψυχὴν κοσκίνῳ ἀπῄκασεν τὴν τῶν ἀνοήτων ὡς τετρημένην, ἅτε οὐ
 δυναμένην στέγειν δι' ἀπιστίαν τε καὶ λήθην. ταῦτ' ἐπιεικῶς μέν ἐστιν ὑπό τι
 ἄτοπα, δηλοῖ μὴν ὃ ἐγὼ βούλομαί σοι ἐνδειξάμενος, ἐάν πως οἷός τε ὦ, πεῖσαι
 μεταθέσθαι, ἀντὶ τοῦ ἀπλήστως καὶ ἀκολάστως ἔχοντος βίου τὸν κοσμίως καὶ
 τοῖς ἀεὶ παροῦσιν ἱκανῶς καὶ ἐξαρκούντως ἔχοντα βίον ἑλέσθαι. ἀλλὰ πότερον
 (493d) πείθω τί σε καὶ μετατίθεσθαι εὐδαιμονεστέρους εἶναι τοὺς κοσμίους τῶν
 ἀκολάστων, ἢ οὐδ' ἂν ἄλλα πολλὰ τοιαῦτα μυθολογῶ, οὐδέν τι μᾶλλον μεταθήσῃ;
 (Καλλίκλης) τοῦτ' ἀληθέστερον εἴρηκας, ὦ Σώκρατες.
 (Σωκράτης)
 φέρε δή, ἄλλην σοι εἰκόνα λέγω ἐκ τοῦ αὐτοῦ γυμνασίου τῇ νῦν. σκόπει γὰρ εἰ
 τοιόνδε λέγεις περὶ τοῦ βίου ἑκατέρου, τοῦ τε σώφρονος καὶ τοῦ ἀκολάστου, οἷον
 εἰ δυοῖν ἀνδροῖν ἑκατέρῳ πίθοι πολλοὶ εἶεν καὶ τῷ μὲν (493e) ἑτέρῳ ὑγιεῖς καὶ
 πλήρεις, ὁ μὲν οἴνου, ὁ δὲ μέλιτος, ὁ δὲ γάλακτος, καὶ ἄλλοι πολλοὶ πολλῶν,
 νάματα δὲ σπάνια καὶ χαλεπὰ ἑκάστου τούτων εἴη καὶ μετὰ πολλῶν πόνων καὶ
 χαλεπῶν ἐκποριζόμενα·  ὁ μὲν οὖν ἕτερος πληρωσάμενος μήτ' ἐποχετεύοι μήτε τι
 φροντίζοι, ἀλλ' ἕνεκα τούτων ἡσυχίαν ἔχοι·  τῷ δ' ἑτέρῳ τὰ μὲν νάματα, ὥσπερ
 καὶ ἐκείνῳ, δυνατὰ μὲν πορίζεσθαι, χαλεπὰ δέ, τὰ δ' ἀγγεῖα τετρημένα καὶ σαθρά,
 
 |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [493] Peut-être sommes-nous morts réellement, nous autres, comme 
je l'ai entendu dire à un sage qui prétendait que notre vie actuelle
est une mort, notre corps un tombeau, et que cette 
partie de l'âme où résident les passions est de nature 
à céder à la persuasion et à passer d'un sentiment 
à l'autre ; et un homme d'esprit, Sicilien peut-être ou 
Italien, habile à expliquer les fables, appelait par une 
allusions de nom cette partie de l'âme un tonneau, 
à cause de sa facilité à croire et à se laisser persuader, 
et les insensés des profanes qui n'ont pas été 
initiés. Il comparait la partie de l'âme de ces insensés 
dans laquelle résident les passions, en tant qu'elle est
intempérante et ne saurait rien retenir, à un tonneau 
percé, à cause de son insatiable avidité. Cet homme, 
Calliclés, pensait, tout au contraire de toi, que parmi
tous ceux qui sont aux enfers (il entendait par ce mot g-aidehs, 
ce qu'il y a d'invisible), les plus malheureux sont ces 
profanes, et qu'ils portent dans un tonneau percé de 
l'eau qu'ils puisent avec un crible également percé. Ce 
crible, disait-il en m'expliquant sa pensée, c'est l'âme : 
et il désignait par un crible l'âme des insensés, pour 
montrer qu'elle est percée, et que la défiance et 
l'oubli ne lui permettent de rien retenir. Toute cette 
explication est assez bizarre, cependant elle fait 
entendre ce que je veux te prouver, si toutefois je 
puis réussir à te persuader de changer d'opinion et de 
préférer à une vie insatiable et dissolue une vie réglée, 
qui se contente de ce qu'elle a sous la main, et qui 
n'en désire pas davantage. Eh bien, ai-je gagné quelque 
chose sur ton esprit, et, changeant d'idée, crois-tu que 
les tempérants sont plus heureux? ou n'ai-je rien 
obtenu, et quand même j'emprunterais à la fable 
d'autres allégories, n'en seras-tu jamais plus disposé 
à changer d'opinion? - CALLICLÈS. Ton dernier mot, 
Socrate, est plus vrai.
XLVIII. - SOCRATE. Eh bien, voyons, que je te présente 
une autre comparaison, tirée de la même école 
que celle à laquelle je faisais allusion tout à l'heure ! 
Vois en effet si tel est ton sentiment au sujet de l'un
et de l'autre genre de vie, celui où on se livre sans 
frein à ses passions, et celui où on les subjugue : supposons, 
par exemple, que deux hommes aient chacun 
un grand nombre de tonneaux, que ceux de l'un soient 
en bon état et pleins, l'un de vin, l'autre de miel, 
celui-ci de lait, et bien d'autres encore de liqueurs 
diverses, rares, difficiles à trouver, et que chacun de 
ces hommes ne puisse se procurer que difficilement et 
avec des peines infinies ; que l'un d'eux, après avoir 
rempli ses tonneaux, n'y verse plus rien, et n'y pense 
plus, mais qu'il reste parfaitement tranquille à cet 
égard, tandis que l'autre, qui pourra, comme le premier, 
se procurer de ces liqueurs, mais avec la même 
difficulté, n'aura que des vases percés et fêlés, |  |