| Texte grec :
 
 
  
  
   | [487] ἐννοῶ γὰρ (487a) ὅτι τὸν μέλλοντα βασανιεῖν ἱκανῶς ψυχῆς πέρι ὀρθῶς τε ζώσης καὶ μὴ τρία ἄρα δεῖ ἔχειν ἃ σὺ πάντα ἔχεις, ἐπιστήμην τε καὶ
 εὔνοιαν καὶ παρρησίαν. ἐγὼ γὰρ πολλοῖς ἐντυγχάνω οἳ ἐμὲ οὐχ οἷοί τέ εἰσιν
 βασανίζειν διὰ τὸ μὴ σοφοὶ εἶναι ὥσπερ σύ·  ἕτεροι δὲ σοφοὶ μέν εἰσιν, οὐκ
 ἐθέλουσιν δέ μοι λέγειν τὴν ἀλήθειαν διὰ τὸ μὴ κήδεσθαί μου ὥσπερ σύ·  τὼ δὲ
 ξένω τώδε, Γοργίας τε καὶ Πῶλος, σοφὼ μὲν καὶ (487b) φίλω ἐστὸν ἐμώ,
 ἐνδεεστέρω δὲ παρρησίας καὶ αἰσχυντηροτέρω μᾶλλον τοῦ δέοντος·  πῶς γὰρ οὔ;
 ὥ γε εἰς τοσοῦτον αἰσχύνης ἐληλύθατον, ὥστε διὰ τὸ αἰσχύνεσθαι τολμᾷ
 ἑκάτερος αὐτῶν αὐτὸς αὑτῷ ἐναντία λέγειν ἐναντίον πολλῶν ἀνθρώπων, καὶ
 ταῦτα περὶ τῶν μεγίστων. σὺ δὲ ταῦτα πάντα ἔχεις ἃ οἱ ἄλλοι οὐκ ἔχουσιν·
 πεπαίδευσαί τε γὰρ ἱκανῶς, ὡς πολλοὶ ἂν φήσαιεν Ἀθηναίων, καὶ ἐμοὶ εἶ εὔνους.
 (487c) τίνι τεκμηρίῳ χρῶμαι; ἐγώ σοι ἐρῶ. οἶδα ὑμᾶς ἐγώ, ὦ Καλλίκλεις, τέτταρας
 ὄντας κοινωνοὺς γεγονότας σοφίας, σέ τε καὶ Τείσανδρον τὸν Ἀφιδναῖον καὶ
 Ἄνδρωνα τὸν Ἀνδροτίωνος καὶ Ναυσικύδην τὸν Χολαργέα·  καί ποτε ὑμῶν ἐγὼ
 ἐπήκουσα βουλευομένων μέχρι ὅποι τὴν σοφίαν ἀσκητέον εἴη, καὶ οἶδα ὅτι ἐνίκα
 ἐν ὑμῖν τοιάδε τις δόξα, μὴ προθυμεῖσθαι εἰς τὴν ἀκρίβειαν φιλοσοφεῖν, ἀλλὰ
 εὐλαβεῖσθαι (487d) παρεκελεύεσθε ἀλλήλοις ὅπως μὴ πέρα τοῦ δέοντος
 σοφώτεροι γενόμενοι λήσετε διαφθαρέντες. ἐπειδὴ οὖν σου ἀκούω ταὐτὰ ἐμοὶ
 συμβουλεύοντος ἅπερ τοῖς σεαυτοῦ ἑταιροτάτοις, ἱκανόν μοι τεκμήριόν ἐστιν ὅτι
 ὡς ἀληθῶς μοι εὔνους εἶ. καὶ μὴν ὅτι γε οἷος παρρησιάζεσθαι καὶ μὴ
 αἰσχύνεσθαι, αὐτός τε φῂς καὶ ὁ λόγος ὃν ὀλίγον πρότερον ἔλεγες ὁμολογεῖ σοι.
 ἔχει δὴ οὑτωσὶ δῆλον ὅτι τούτων πέρι νυνί·  (487e) ἐάν τι σὺ ἐν τοῖς λόγοις
 ὁμολογήσῃς μοι, βεβασανισμένον τοῦτ' ἤδη ἔσται ἱκανῶς ὑπ' ἐμοῦ τε καὶ σοῦ, καὶ
 οὐκέτι αὐτὸ δεήσει ἐπ' ἄλλην βάσανον ἀναφέρειν. οὐ γὰρ ἄν ποτε αὐτὸ
 συνεχώρησας σὺ οὔτε σοφίας ἐνδείᾳ οὔτ' αἰσχύνης περιουσίᾳ, οὐδ' αὖ ἀπατῶν
 ἐμὲ συγχωρήσαις ἄν·  φίλος γάρ μοι εἶ, ὡς καὶ αὐτὸς φῄς. τῷ ὄντι οὖν ἡ ἐμὴ καὶ ἡ
 σὴ ὁμολογία τέλος ἤδη ἕξει τῆς ἀληθείας. πάντων δὲ καλλίστη ἐστὶν ἡ σκέψις, ὦ
 Καλλίκλεις, περὶ τούτων ὧν σὺ δή μοι ἐπετίμησας,
 
 |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [487] Je remarque en effet que pour examiner avec 
succès si une âme est bien ou mal, il faut avoir trois 
qualités, que tu réunis toutes : la science, la bienveillance 
et la franchise. Je me trouve avec bien des gens 
qui ne sont pas capables de me sonder, parce qu'ils ne 
sont pas savants comme toi. Il en est d'autres qui sont 
savants; mais comme ils ne s'intéressent pas à moi 
comme toi, ils ne veulent pas me dire la vérité. Quant 
à ces deux étrangers, Gorgias et Polus, ils sont habiles 
l'un et l'autre, et de mes amis; mais ils manquent d'une 
certaine hardiesse à parler, et ils sont plus circonspects 
qu'il ne convient de l'être. Comment ne le 
seraient-ils pas, puisqu'ils ont, par mauvaise honte, 
porté la timidité à cet excès de se contredire l'un et 
l'autre en présence de tant de personnes, et cela sur 
les objets les plus importants? Pour toi, tu as d'abord 
tout ce qui manque aux autres. Car tu es grandement 
habile, comme la plupart des Athéniens en conviendront; 
et de plus, tu as de la bienveillance pour moi. 
Voici par où j'en juge. Je sais, Calliclès, que vous êtes 
quatre qui avez étudié ensemble la philosophie, toi, 
Tissandre d'Alphidna, Andron, fils d'Androtion , et 
Nausicide de Cholarges. Je vous ai entendus un jour 
délibérer jusqu'à quel point il fallait cultiver la sagesse, 
et je sais que l'avis qui l'emporta fut qu'on ne 
devait pas se proposer de devenir un philosophe dans 
toute la force du terme; au contraire, vous vous avertissiez 
mutuellement de prendre garde qu'ayant acquis 
plus de sagesse qu'il ne convient, vous ne vinssiez, 
sans le savoir, à vous gâter. Aujourd'hui donc que je 
t'entends me donner le même conseil qu'à tes plus 
intimes amis, c'est une preuve suffisante pour moi que 
tu m'es affectionné. Que tu aies d'ailleurs ce qu'il 
faut pour me parler avec toute liberté, et ne me rien 
déguiser par honte, tu le dis toi-mé me, et le discours 
que tu viens de m'adresser en fait foi. Or, voici évidemment 
où en est la question sur cet objet : du moment 
que tu te trouveras d'accord avec moi sur quelque 
point, ce sera dès lors une chose suffisamment 
examinée par chacun de nous, et il ne faudra plus la 
soumettre à aucune autre épreuve. Car assurément 
jamais tu ne consentirais à l'admettre par défaut de 
science, ni par excès de timidité, ni dans le dessein 
de m'induire en erreur, puisque tu es mon ami, ainsi 
que tu le déclares toi-même. Par conséquent la conformité 
d'opinions entre nous sera la pleine et entière 
vérité. Or, de tous les sujets de discussion, Calliclés, 
le plus beau est sans doute celui sur lequel tu m'as fait une leçon : |  |