| Texte grec :
 
 
  
  
   | [482] ὅτι εἰ μή τις παύσει τὰ (482a) σὰ παιδικὰ τούτων τῶν λόγων, οὐδὲ σὺ παύσῃ ποτὲ ταῦτα λέγων. νόμιζε τοίνυν καὶ παρ' ἐμοῦ χρῆναι ἕτερα τοιαῦτα ἀκούειν, καὶ μὴ
 θαύμαζε ὅτι ἐγὼ ταῦτα λέγω, ἀλλὰ τὴν φιλοσοφίαν, τὰ ἐμὰ παιδικά, παῦσον
 ταῦτα λέγουσαν. λέγει γάρ, ὦ φίλε ἑταῖρε, ἃ νῦν ἐμοῦ ἀκούεις, καί μοί ἐστιν τῶν
 ἑτέρων παιδικῶν πολὺ ἧττον ἔμπληκτος·  ὁ μὲν γὰρ Κλεινίειος οὗτος ἄλλοτε
 ἄλλων ἐστὶ λόγων, ἡ δὲ φιλοσοφία ἀεὶ (482b) τῶν αὐτῶν, λέγει δὲ ἃ σὺ νῦν
 θαυμάζεις, παρῆσθα δὲ καὶ αὐτὸς λεγομένοις. ἢ οὖν ἐκείνην ἐξέλεγξον, ὅπερ
 ἄρτι ἔλεγον, ὡς οὐ τὸ ἀδικεῖν ἐστιν καὶ ἀδικοῦντα δίκην μὴ διδόναι ἁπάντων
 ἔσχατον κακῶν·  ἢ εἰ τοῦτο ἐάσεις ἀνέλεγκτον, μὰ τὸν κύνα τὸν Αἰγυπτίων θεόν,
 οὔ σοι ὁμολογήσει Καλλικλῆς, ὦ Καλλίκλεις, ἀλλὰ διαφωνήσει ἐν ἅπαντι τῷ βίῳ.
 καίτοι ἔγωγε οἶμαι, ὦ βέλτιστε, καὶ τὴν λύραν μοι κρεῖττον εἶναι ἀνάρμοστόν τε
 καὶ διαφωνεῖν, καὶ χορὸν ᾧ χορηγοίην, (482c) καὶ πλείστους ἀνθρώπους μὴ
 ὁμολογεῖν μοι ἀλλ' ἐναντία λέγειν μᾶλλον ἢ ἕνα ὄντα ἐμὲ ἐμαυτῷ ἀσύμφωνον
 εἶναι καὶ ἐναντία λέγειν.
 (Καλλίκλης)
 ὦ Σώκρατες, δοκεῖς νεανιεύεσθαι ἐν τοῖς λόγοις ὡς ἀληθῶς δημηγόρος ὤν·  καὶ
 νῦν ταῦτα δημηγορεῖς ταὐτὸν παθόντος Πώλου πάθος ὅπερ Γοργίου κατηγόρει
 πρὸς σὲ παθεῖν. ἔφη γάρ που Γοργίαν ἐρωτώμενον ὑπὸ σοῦ, ἐὰν ἀφίκηται παρ'
 αὐτὸν μὴ ἐπιστάμενος τὰ δίκαια ὁ τὴν ῥητορικὴν (482d) βουλόμενος μαθεῖν, εἰ
 διδάξοι αὐτὸν ὁ (Γοργίας), αἰσχυνθῆναι αὐτὸν καὶ φάναι διδάξειν διὰ τὸ ἔθος τῶν
 ἀνθρώπων, ὅτι ἀγανακτοῖεν ἂν εἴ τις μὴ φαίη — διὰ δὴ ταύτην τὴν ὁμολογίαν
 ἀναγκασθῆναι ἐναντία αὐτὸν αὑτῷ εἰπεῖν, σὲ δὲ αὐτὸ τοῦτο ἀγαπᾶν — καί σου
 καταγελᾶν, ὥς γέ μοι δοκεῖν ὀρθῶς, τότε·  νῦν δὲ πάλιν αὐτὸς ταὐτὸν τοῦτο
 ἔπαθεν. καὶ ἔγωγε κατ' αὐτὸ τοῦτο οὐκ ἄγαμαι Πῶλον, ὅτι σοι συνεχώρησεν τὸ
 ἀδικεῖν αἴσχιον εἶναι τοῦ ἀδικεῖσθαι·  ἐκ (482e) ταύτης γὰρ αὖ τῆς ὁμολογίας
 αὐτὸς ὑπὸ σοῦ συμποδισθεὶς ἐν τοῖς λόγοις ἐπεστομίσθη, αἰσχυνθεὶς ἃ ἐνόει
 εἰπεῖν. σὺ γὰρ τῷ ὄντι, ὦ Σώκρατες, εἰς τοιαῦτα ἄγεις φορτικὰ καὶ δημηγορικά,
 φάσκων τὴν ἀλήθειαν διώκειν, ἃ φύσει μὲν οὐκ ἔστιν καλά, νόμῳ δέ. ὡς τὰ
 πολλὰ δὲ ταῦτα ἐναντί' ἀλλήλοις ἐστίν, ἥ τε φύσις καὶ ὁ νόμος·
 
 |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [482] qu'à moins qu'on ne vienne à bout de faire cesser tes amours 
de parler comme ils font, tu ne cesseras point toi-même 
de parler comme tu fais. Figure-toi donc que tu as la 
même réponse à entendre de ma part, et ne t'étonnes 
point des discours que je tiens; mais engage la philosophie, 
mes amours, à ne plus parler de même. Car 
c'est elle, mon cher ami, qui dit ce que tu as entendu ; 
et elle est beaucoup moins étourdie que l'autre objet de 
mes amours. Le fils de Clinias parle tantôt d'une façon, 
tantôt d'une autre; mais la philosophie à toujours le 
même langage. Ce qui te paraît en ce moment si étrange, 
est d'elle : tu étais présent à ses discours. Ainsi, ou 
réfute ce qu'elle disait tout à l'heure par ma bouche, et 
prouve-lui que commettre l'injustice et vivre dans l'impunité 
après l'avoir commise, n'est pas le comble de 
tous les maux ; ou, si tu laisses cette vérité subsister
dans toute sa force, je te jure, Calliclés, par le chien, 
dieu des lgyptiens, que Calliclés ne s'accordera point 
avec lui-même, et sera toute sa vie dans une contradiction 
perpétuelle. Cependant, mon cher ami, je crois 
qu'il y aurait moins d'inconvénient pour moi à me servir 
d'une lyre qui serait mal montée et discordante, ou à 
ne pas me trouver en mesure avec le choeur que je dirigerais, 
ou même à voir la plupart des hommes adopter 
des opinions différentes des miennes et dire le contraire 
de ce que je dirais, que si je ne me trouvais pas d'accord 
avec moi-même, et que je vinsse à dire des choses 
opposées à celles que j'aurais avancées jusque-là.
XXXVIII. - CALLICLÈS. Te voilà bien fier, Socrate, 
à ce qu'il me semble, du succès que tu as obtenu 
dans cette discussion, comme un harangueur subtil 
et audacieux ; et dans ce moment même, tout cet étalage 
que tu fais de beaux discours n'est fondé que 
sur ce que Polus est tombé dans le même inconvénient 
qu il reprochait à Gorgias d'avoir encouru vis-à-vis de 
toi. Il a dit en effet que Gorgias, à qui tu demandais si 
dans le cas où un élève s'adresserait à lui pour apprendre 
la rhétorique, sans savoir ce que c'est que la 
justice, il lui enseignerait ce qu'elle est, avait eu honte 
de dire non et s'était déclaré prêt à lui en donner des 
leçons, uniquement à cause de l'habitude qu'ont les 
hommes de se fâcher quand on leur refuse quelque 
chose. Polus ajoutait que cette seule concession avait 
mis Gorgias malgré lui en contradiction avec lui-même 
et que tu en avais été fort aise. A cette occasion, il se 
moquait de toi avec raison, autant qu'il me semble.
Voilà qu'il se trouve aujourd'hui dans le même cas que 
Gorgias. Je t'avoue pour moi que je ne suis nullement 
satisfait de Polus, en ce qu'il t'a accordé qu'il est plus 
laid de commettre l'injustice que de la souffrir. Car 
c'est pour t'avoir fait cette concession qu'il s'est embarrassé 
dans la discussion avec toi et que tu lui as 
fermé la bouche, parce qu'il n'a pas osé dire ce qu'il 
pensait. Car au fond, Socrate, c'est toi qui, sous prétexte 
de chercher la vérité, jettes ceux avec qui tu converses 
sur des questions importunes et déclamatoires, 
qui ont pour objet ce qui est beau, non selon la nature, 
mais selon la loi. Or, dans la plupart des choses, la 
nature et la loi sont opposées entre elles : |  |