Texte grec : 
  
 
  
   [481] καὶ (481a) πράττοντα καὶ λέγοντα, ὅπως μὴ δῷ δίκην μηδὲ ἔλθῃ παρὰ τὸν δικαστήν·  
 
ἐὰν δὲ ἔλθῃ, μηχανητέον ὅπως ἂν διαφύγῃ καὶ μὴ δῷ δίκην ὁ ἐχθρός, ἀλλ' ἐάντε 
 
χρυσίον <ᾖ> ἡρπακὼς πολύ, μὴ ἀποδιδῷ τοῦτο ἀλλ' ἔχων ἀναλίσκῃ καὶ εἰς 
 
ἑαυτὸν καὶ εἰς τοὺς ἑαυτοῦ ἀδίκως καὶ ἀθέως, ἐάντε αὖ θανάτου ἄξια ἠδικηκὼς 
 
ᾖ, ὅπως μὴ ἀποθανεῖται, μάλιστα μὲν μηδέποτε, ἀλλ' ἀθάνατος ἔσται πονηρὸς 
 
ὤν, εἰ δὲ μή, ὅπως ὡς (481b) πλεῖστον χρόνον βιώσεται τοιοῦτος ὤν. ἐπὶ τὰ 
 
τοιαῦτα ἔμοιγε δοκεῖ, ὦ Πῶλε, ἡ ῥητορικὴ χρήσιμος εἶναι, ἐπεὶ τῷ γε μὴ μέλλοντι 
 
ἀδικεῖν οὐ μεγάλη τίς μοι δοκεῖ ἡ χρεία αὐτῆς εἶναι, εἰ δὴ καὶ ἔστιν τις χρεία, ὡς 
 
ἔν γε τοῖς πρόσθεν οὐδαμῇ ἐφάνη οὖσα.
 
(Καλλίκλης) 
 
εἰπέ μοι, ὦ (Χαιρεφῶν), σπουδάζει ταῦτα (Σωκράτης) ἢ παίζει;
 
(Χαιρεφῶν)
 
ἐμοὶ μὲν δοκεῖ, ὦ Καλλίκλεις, ὑπερφυῶς σπουδάζειν·  οὐδὲν μέντοι οἷον τὸ αὐτὸν 
 
ἐρωτᾶν.
 
(Καλλίκλης) 
 
νὴ τοὺς θεοὺς ἀλλ' ἐπιθυμῶ. εἰπέ μοι, ὦ Σώκρατες, (481c) πότερόν σε θῶμεν νυνὶ 
 
σπουδάζοντα ἢ παίζοντα; εἰ μὲν γὰρ σπουδάζεις τε καὶ τυγχάνει ταῦτα ἀληθῆ 
 
ὄντα ἃ λέγεις, ἄλλο τι ἢ ἡμῶν ὁ βίος ἀνατετραμμένος ἂν εἴη τῶν ἀνθρώπων καὶ 
 
πάντα τὰ ἐναντία πράττομεν, ὡς ἔοικεν, ἢ ἃ δεῖ;
 
(Σωκράτης)
 
ὦ Καλλίκλεις, εἰ μή τι ἦν τοῖς ἀνθρώποις πάθος, τοῖς μὲν ἄλλο τι, τοῖς δὲ ἄλλο τι 
 
(ἢ) τὸ αὐτό, ἀλλά τις ἡμῶν ἴδιόν τι ἔπασχεν πάθος ἢ οἱ ἄλλοι, οὐκ ἂν ἦν ῥᾴδιον 
 
(481d) ἐνδείξασθαι τῷ ἑτέρῳ τὸ ἑαυτοῦ πάθημα. λέγω δ' ἐννοήσας ὅτι ἐγώ τε καὶ 
 
σὺ νῦν τυγχάνομεν ταὐτόν τι πεπονθότες, ἐρῶντε δύο ὄντε δυοῖν ἑκάτερος, ἐγὼ 
 
μὲν Ἀλκιβιάδου τε τοῦ Κλεινίου καὶ φιλοσοφίας, σὺ δὲ δυοῖν, τοῦ τε Ἀθηναίων 
 
δήμου καὶ τοῦ Πυριλάμπους. αἰσθάνομαι οὖν σου ἑκάστοτε, καίπερ ὄντος δεινοῦ, 
 
ὅτι ἂν φῇ σου τὰ παιδικὰ καὶ ὅπως ἂν φῇ ἔχειν, οὐ δυναμένου ἀντιλέγειν, ἀλλ' 
 
ἄνω (481e) καὶ κάτω μεταβαλλομένου·  ἔν τε τῇ ἐκκλησίᾳ, ἐάν τι σοῦ λέγοντος ὁ 
 
δῆμος ὁ Ἀθηναίων μὴ φῇ οὕτως ἔχειν, μεταβαλλόμενος λέγεις ἃ ἐκεῖνος 
 
βούλεται, καὶ πρὸς τὸν Πυριλάμπους νεανίαν τὸν καλὸν τοῦτον τοιαῦτα ἕτερα 
 
πέπονθας. τοῖς γὰρ τῶν παιδικῶν βουλεύμασίν τε καὶ λόγοις οὐχ οἷός τ' εἶ 
 
ἐναντιοῦσθαι, ὥστε, εἴ τίς σου λέγοντος ἑκάστοτε ἃ διὰ τούτους λέγεις θαυμάζοι 
 
ὡς ἄτοπά ἐστιν, ἴσως εἴποις ἂν αὐτῷ, εἰ βούλοιο τἀληθῆ λέγειν, 
 
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      Traduction française : 
  
  
  
       
  | [481] et d'action et de paroles, de le soustraire au 
châtiment et empêcher qu'il ne paraisse devant le juge, 
et s'il y paraît, il faut tout mettre en oeuvre pour qu'il 
échappe et ne soit pas puni ; de sorte que, s'il a volé 
une grande quantité d'or, il ne le rende point, mais 
qu'il le garde et l'emploie en dépenses injustes et impies 
pour son usage et celui de ses amis; que, si 
son crime mérite la mort, il ne la subisse point, et s'il 
se peut, qu'il ne meure jamais, mais qu'il soit immortel 
dans sa méchanceté; sinon qu'il vive dans le crime 
le plus longtemps possible.
Voilà, Polus, à quoi la rhétorique me semble utile; 
car je ne vois pas qu'elle puisse être d'une grande utilité 
pour celui qui n'est pas capable de commettre l'in-
justice, si même elle peut réellement lui être utile ; 
comme en effet nous avons reconnu plus haut qu'elle 
n'est bonne à rien.
TROlSIÈME PARTIE
Discussion de Socrate avec Calliclés. - Développement et généralisation 
de la deuxième partie.- Calliclés défend la sophistique, 
comme l'arme la plus puissante.
XXXVII. - CALLICLÈS. Dis-moi, Chéréphon, Socrate 
parle-t-il sérieusement ou plaisante-t-il? - CHÉRÉPHON. 
Il me parait, Calliclés, qu'il parle très sérieusement ; 
mais rien n'est tel que de l'interroger lui-même. - CALLICLÈS.
Par tous les dieux, tu as raison; c'est ce que j'ai 
envie de faire. Socrate, dis-moi que tout ceci est sérieux 
de ta part, ou que ce n'est qu'un badinage. Car si tu 
parles sérieusement, et si ce que tu dis est vrai, la conduite 
que nous tenons tous tant que nous sommes, 
qu'est-ce autre chose qu'un renversement de l'ordre et	
une suite d'actions contraires, ce semble, à nos devoirs ? 
- SOCRATE. Si les hommes, Calliclés, n'étaient pas sujets 
aux mêmes passions, ceux-ci d'une façon, ceux-là d'une 
autre, mais que chacun de nous eût sa passion particulière, 
différente de celles des autres, il ne serait point 
aisé de faire connaître à autrui ce qu'on éprouve soi-même. 
Je parle de la sorte, en faisant réflexion que nous 
sommes actuellement affectés toi et moi de la même manière 
et que nous aimons tous deux deux choses: moi, Alcibiade, 
fils de Clinias, et la philosophie; toi, le peuple 
d'Athènes, et le fils de Pyrilampe.
Je remarque donc tous les jours que, tout éloquent 
que tu es, lorsque les objets de ton amour sont d'un 
autre avis que toi, et quelle que soit leur manière de 
penser, tu n'as pas la force de les contredire, et que tu 
passes comme il leur plait, d'un extrême à l'autre. En 
effet, quand tu parles aux Athéniens assemblés, s'ils 
soutiennent que les choses ne sont pas telles que tu 
dis, tu changes aussitôt de sentiment, pour te conformer 
à leurs intentions. La mème chose t'arrive vis-à -vis de 
ce beau garçon, le fils de Pyrilampe. Car tu n'as pas la 
force de résister aux volontés et aux discours de tes 
amours, en sorte que si quelqu'un, témoin du langage 
que tu tiens toujours pour leur complaire, en paraissait 
surpris et le trouvait absurde, tu lui répondrais probablement, 
pourvu que tu voulusses dire la vérité, 
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