Texte grec :
[301] (301a) Ἆρα ἕτερα ὄντα τοῦ καλοῦ, ἔφη, ἢ ταὐτὰ τῷ καλῷ;
Κἀγὼ ἐν παντὶ ἐγενόμην ὑπὸ ἀπορίας, καὶ ἡγούμην δίκαια πεπονθέναι ὅτι
ἔγρυξα, ὅμως δὲ ἕτερα ἔφην αὐτοῦ γε τοῦ καλοῦ· πάρεστιν μέντοι ἑκάστῳ
αὐτῶν κάλλος τι.
Ἐὰν οὖν, ἔφη, παραγένηταί σοι βοῦς, βοῦς εἶ, καὶ ὅτι νῦν ἐγώ σοι πάρειμι,
Διονυσόδωρος εἶ;
Εὐφήμει τοῦτό γε, ἦν δ' ἐγώ.
Ἀλλὰ τίνα τρόπον, ἔφη, ἑτέρου ἑτέρῳ παραγενομένου τὸ ἕτερον ἕτερον ἂν εἴη;
(301b) Ἆρα τοῦτο, ἔφην ἐγώ, ἀπορεῖς; Ἤδη δὲ τοῖν ἀνδροῖν τὴν σοφίαν
ἐπεχείρουν μιμεῖσθαι, ἅτε ἐπιθυμῶν αὐτῆς.
Πῶς γὰρ οὐκ ἀπορῶ, ἔφη, καὶ ἐγὼ καὶ οἱ ἄλλοι ἅπαντες ἄνθρωποι ὃ μὴ ἔστι;
Τί λέγεις, ἦν δ' ἐγώ, ὦ Διονυσόδωρε; οὐ τὸ καλὸν καλόν ἐστιν καὶ τὸ
αἰσχρὸν αἰσχρόν;
Ἐὰν ἔμοιγε, ἔφη, δοκῇ.
Οὐκοῦν δοκεῖ;
Πάνυ γ', ἔφη.
Οὐκοῦν καὶ τὸ ταὐτὸν ταὐτὸν καὶ τὸ ἕτερον ἕτερον; οὐ γὰρ δήπου τό γε
ἕτερον ταὐτόν, ἀλλ' (301c) ἔγωγε οὐδ' ἂν παῖδα ᾤμην τοῦτο ἀπορῆσαι, ὡς οὐ
τὸ ἕτερον ἕτερόν ἐστιν. Ἀλλ', ὦ Διονυσόδωρε, τοῦτο μὲν ἑκὼν παρῆκας, ἐπεὶ
τὰ ἄλλα μοι δοκεῖτε ὥσπερ οἱ δημιουργοὶ οἷς ἕκαστα προσήκει ἀπεργάζεσθαι,
καὶ ὑμεῖς τὸ διαλέγεσθαι παγκάλως ἀπεργάζεσθαι.
Οἶσθα οὖν, ἔφη, ὅτι προσήκει ἑκάστοις τῶν δημιουργῶν; πρῶτον τίνα
χαλκεύειν προσήκει, οἶσθα;
Ἔγωγε· ὅτι χαλκέα.
Τί δέ, κεραμεύειν;
Κεραμέα.
Τί δέ, σφάττειν τε καὶ ἐκδέρειν καὶ τὰ μικρὰ κρέα κατακόψαντα ἕψειν καὶ
ὀπτᾶν;
(301d) Μάγειρον, ἦν δ' ἐγώ.
Οὐκοῦν ἐάν τις, ἔφη, τὰ προσήκοντα πράττῃ, ὀρθῶς πράξει;
Μάλιστα.
Προσήκει δέ γε, ὡς φῄς, τὸν μάγειρον κατακόπτειν καὶ ἐκδέρειν; ὡμολόγησας
ταῦτα ἢ οὔ;
Ὡμολόγησα, ἔφην, ἀλλὰ συγγνώμην μοι ἔχε.
Δῆλον τοίνυν, ἦ δ' ὅς, ὅτι ἄν τις σφάξας τὸν μάγειρον καὶ κατακόψας ἑψήσῃ
καὶ ὀπτήσῃ, τὰ προσήκοντα ποιήσει· καὶ ἐὰν τὸν χαλκέα τις αὐτὸν χαλκεύῃ
καὶ τὸν κεραμέα κεραμεύῃ, καὶ οὗτος τὰ προσήκοντα πράξει.
(301e) Ὦ Πόσειδον, ἦν δ' ἐγώ, ἤδη κολοφῶνα ἐπιτιθεῖς τῇ σοφίᾳ. Ἆρά μοί
ποτε αὕτη παραγενήσεται ὥστε μοι οἰκεία γενέσθαι;
Ἐπιγνοίης ἂν αὐτήν, ὦ Σώκρατες, ἔφη, οἰκείαν γενομένην;
Ἐὰν σύ γε βούλῃ, ἔφην ἐγώ, δῆλον ὅτι.
Τί δέ, ἦ δ' ὅς, τὰ σαυτοῦ οἴει γιγνώσκειν;
Εἰ μή τι σὺ ἄλλο λέγεις· ἀπὸ σοῦ γὰρ δεῖ ἄρχεσθαι, τελευτᾶν δ' εἰς
Εὐθύδημον τόνδε.
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Traduction française :
[301] (301a) Étaient-elles autres que le beau, ajouta-t-il,
ou si ce n'était que la même chose? J'étais tout
embarrassé à cette question, et je me crus justement puni pour m'être
avisé de dire un mot. Je répondis cependant : Elles sont autres que le
beau même, mais avec chacune d'elles se trouve une certaine beauté.
Tu serais donc buf, si un buf se trouvait avec toi, et es-tu
Dionysodore parce que je me
trouve avec toi? De grâce, pas de pareille impiété, lui dis-je.
Mais comment, dit-il, ce qui autre se trouvant avec un autre, ce qui est
autre serait-il autre ? (301b) En doutes-tu ? lui dis-je, me hasardant à
imiter la sagesse de ces étrangers que je désirais tant acquérir.
Pourquoi moi, et le reste des hommes, me répondit Dionysodore, ne
douterions-nous pas d'une chose qui n'est point? Que dis-tu,
Dionysodore? le beau n'est-il pas beau, et le laid n'est-il pas laid ?
Oui, si je le veux. Mais ne le veux-tu pas ? Oui, je le veux. Ainsi
le même n'est-il pas le même, et ce qui est autre n'est-il pas autre ? car
(301c) assurément ce qui est autre n'est pas le même. Pour moi je
n'eusse pas soupçonné un enfant de douter que ce qui est autre ne soit
autre. Mais, Dionysodore, je vois bien que tu as passé là-dessus à
dessein, puisque dans le reste vous n'avez manqué à rien de ce qu'il faut
à un bon discours, comme de bons ouvriers font tout ce qui convient à
leur métier. Sais-tu, me dit-il, ce qu'il convient de faire à chaque
artisan ? d'abord à qui convient-il de forger? Je le sais, au forgeron.
A qui de pétrir la terre? Au potier. A qui convient-il d'égorger,
d'écorcher, de faire bouillir et rôtir la chair après l'avoir coupée en
morceaux ? (301d) Au cuisinier.
Et celui qui fait ce qui convient fait bien ? Fort bien. Tuer,
écorcher, as-tu dit, convient au cuisinier ? Ne l'as-tu pas accordé ?
Hélas, oui! mais pardonne-moi. Il est donc évident que celui qui
égorgera, qui écorchera le cuisinier pour le faire bouillir et rôtir ensuite,
fait ce qui convient; de même celui qui frappera sur le forgeron et qui
pétrira le potier. (301e) O Neptune! m'écriai-je, maintenant tu es arrivé
au comble de la sagesse. Ne pourrai-je jamais y arriver et l'acquérir pour
moi-même ? Mais quand tu l'aurais acquise, Socrate, la connaîtrais-
tu? Si tu le trouves bon, je pense que oui. Tu crois donc, continua-
t-il, connaître ce qui est à toi ? Assurément, pourvu que tu ne dises
pas autre chose; car tout dépend de vous deux, à commencer par toi et à
finir par Euthydème.
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