Texte grec :
[295] (295a) Καὶ ἡμῖν μὲν ἄπιστον ἐδόκει τὸ πρᾶγμα εἶναι· ὁ δ' Εὐθύδημος,
ἀπιστεῖς, ἔφη, ὦ Σώκρατες;
Πλήν γ' ὅτι, ἐγώ, εἰκὸς ὑμᾶς ἐστι σοφοὺς εἶναι.
Ἁλλ' ἤν, ἔφη, ἐθελήσῃς μοι ἀποκρίνεσθαι, ἐγὼ ἐπιδείξω καὶ σὲ ταῦτα τὰ
θαυμαστὰ ὁμολογοῦντα.
Ἀλλὰ μήν, ἦν δ' ἐγώ, ἥδιστα ταῦτα ἐξελέγχομαι. Εἰ γάρ τοι λέληθα ἐμαυτὸν
σοφὸς ὤν, σὺ δὲ τοῦτο ἐπιδείξεις ὡς πάντα ἐπίσταμαι καὶ ἀεί, τί μεῖζον
ἕρμαιον αὐτοῦ ἂν εὕροιμι ἐν παντὶ τῷ βίῳ;
Ἀποκρίνου δή, ἔφη.
(295b) Ὡς ἀποκρινουμένου ἐρώτα.
Ἆρ' οὖν, ἔφη, ὦ Σώκρατες, ἐπιστήμων του εἶ ἢ οὔ;
Ἔγωγε.
Πότερον οὖν ᾧ ἐπιστήμων εἶ, τούτῳ καὶ ἐπίστασαι, ἢ ἄλλῳ τῳ;
Ὧι ἐπιστήμων. οἶμαι γάρ σε τὴν ψυχὴν λέγειν· ἢ οὐ τοῦτο λέγεις;
Οὐκ αἰσχύνῃ, ἔφη, ὦ Σώκρατες; ἐρωτώμενος ἀντερωτᾷς;
Εἶεν, ἦν δ' ἐγώ· ἀλλὰ πῶς ποιῶ; Οὕτω γὰρ ποιήσω ὅπως ἂν σὺ κελεύῃς. Όταν
μὴ εἰδῶ ὅτι ἐρωτᾷς, κελεύεις με ὅμως ἀποκρίνεσθαι, ἀλλὰ μὴ ἐπανερέσθαι;
(295c) Ὑπολαμβάνεις γὰρ δήπου τι, ἔφη, ὃ λέγω;
Ἔγωγε, ἦν δ' ἐγώ.
Πρὸς τοῦτο τοίνυν ἀποκρίνου ὃ ὑπολαμβάνεις.
Τί οὖν, ἔφην, ἂν σὺ μὲν ἄλλῃ ἐρωτᾷς διανοούμενος, ἐγὼ δὲ ἄλλῃ ὑπολάβω,
ἔπειτα πρὸς τοῦτο ἀποκρίνωμαι, ἐξαρκεῖ σοι ἐὰν μηδὲν πρὸς ἔπος
ἀποκρίνωμαι;
Ἔμοιγε, ἦ δ' ὅς· οὐ μέντοι σοί γε, ὡς ἐγᾦμαι.
Οὐ τοίνυν μὰ Δία ἀποκρινοῦμαι, ἦν δ' ἐγώ, πρότερον πρὶν ἂν πύθωμαι.
Οὐκ ἀποκρινῇ, ἔφη, πρὸς ἃ ἂν ἀεὶ ὑπολαμβάνῃς, ὅτι ἔχων φλυαρεῖς καὶ
ἀρχαιότερος εἶ τοῦ δέοντος.
(295d) Κἀγὼ ἔγνων αὐτὸν ὅτι μοι χαλεπαίνοι διαστέλλοντι τὰ λεγόμενα,
βουλόμενός με θηρεῦσαι τὰ ὀνόματα περιστήσας. Ἀνεμνήσθην οὖν τοῦ Κόννου,
ὅτι μοι κἀκεῖνος χαλεπαίνει ἑκάστοτε ὅταν αὐτῷ μὴ ὑπείκω, ἔπειτά μου ἧττον
ἐπιμελεῖται ὡς ἀμαθοῦς ὄντος· ἐπεὶ δὲ οὖν διενενοήμην καὶ παρὰ τοῦτον
φοιτᾶν, ᾠήθην δεῖν ὑπείκειν, μή με σκαιὸν ἡγησάμενος φοιτητὴν μὴ
προσδέχοιτο. Εἶπον οὖν· ἀλλ' εἰ δοκεῖ σοι, (295e) Εὐθύδημε, οὕτω ποιεῖν,
ποιητέον· σὺ γὰρ πάντως που κάλλιον ἐπίστασαι διαλέγεσθαι ἢ ἐγώ, τέχνην
ἔχων ἰδιώτου ἀνθρώπου. Ἐρώτα οὖν πάλιν ἐξ ἀρχῆς.
Ἀποκρίνου δή, ἔφη, πάλιν, πότερον ἐπίστασαί τῳ ἃ ἐπίστασαι, ἢ οὔ;
Ἔγωγε, ἔφην, τῇ γε ψυχῇ.
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Traduction française :
[295] (295a) Cela nous parut tout-à-fait incroyable. Alors
Euthydème, s'adressant à moi : Tu ne nous crois pas, dit-il, Socrate ?
Je ne crois qu'une chose, c'est que vous êtes fort habiles. Si tu veux
me répondre, dit-il, je te ferai avouer à toi-même ces admirables choses.
Oh ! répondis-je, je serai bien aise d'en être convaincu ; car jusqu'ici
j'ignorais ma science, et si tu me fais voir que je sais tout et que je l'ai
toujours su, quel bonheur plus grand pourrait m'arriver dans cette vie ?
Réponds-moi donc. Interroge; je répondrai. (295b) Eh bien,
Socrate, es-tu savant en quelque chose, ou en rien du tout ? En
quelque chose. Et est-ce par ce qui fait que tu es savant, que tu sais,
ou par quelque autre chose ? Par ce qui fait que je suis savant, car tu
veux parler de mon âme, n'est-ce pas? N'as-tu pas honte, Socrate,
d'interroger quand on t'interroge? Soit, répliquai-je; mais que veux-tu
que je fasse ? Je ferai tout ce que tu voudras; quoique je ne sache pas
ce que tu me demandes, tu exiges que je réponde et que je
n'interroge jamais. (295c) Mais tu entends quelque chose à ce que
je demande ? Oui. Réponds donc à ce que tu entends. Mais, lui
dis-je, si en m'interrogeant tu as une chose dans l'esprit, et que j'en
entende une autre, et que je réponde à ce que j'entends, seras-tu
satisfait de réponses étrangères à la question? Cela me suffira, dit-il;
mais non pas à toi, à ce qu'il paraît. Je ne répondrai donc point, par
Jupiter, m'écriai-je, que je ne sache ce que l'on me demande. Tu ne
réponds pas à ce que tu entends, car tu ne dis que des sottises, et tu fais
le niais mal à propos. (295d) Je vis alors qu'il était irrité contre moi
pour avoir démêlé les mots dans lesquels il voulait m'envelopper. Il me
souvint aussitôt de Connos, qui se fâche toujours quand je ne lui obéis
pas, et finit par me laisser là comme un homme indocile. Étant donc
résolu de fréquenter ces étrangers, je crus que je devais leur obéir, de
peur qu'ils ne me repoussassent comme un entêté, et je dis à
Euthydème: (295e) Eh bien, si tu le trouves bon de la sorte, faisons ce
qu'il te plaira ; tu connais mieux que moi les lois de la dispute, car tu y es
maître, et moi j'y suis entièrement neuf. Reprends donc tes interrogations
dès le commencement. Réponds-moi, dit-il : ce que tu sais, le sais-tu
par le moyen de quelque chose ou de rien ? Oui, répondis-je, par le moyen
de mon âme.
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