Texte grec :
[408] (Σωκράτης)
Ἀλλὰ μὴν τοῦτό γε ἔοικε περὶ λόγον τι εἶναι ὁ «Ἑρμῆς,» καὶ τὸ ἑρμηνέα εἶναι καὶ τὸ ἄγγελον καὶ τὸ (408a) κλοπικόν τε καὶ τὸ ἀπατηλὸν ἐν λόγοις καὶ τὸ ἀγοραστικόν, περὶ λόγου δύναμίν ἐστιν πᾶσα αὕτη ἡ πραγματεία· ὅπερ οὖν καὶ ἐν τοῖς πρόσθεν ἐλέγομεν, τὸ «εἴρειν» λόγου χρεία ἐστί, τὸ δέ, οἷον καὶ Ὅμηρος πολλαχοῦ λέγει, «ἐμήσατό» φησιν, τοῦτο δὲ μηχανήσασθαί ἐστιν. Ἐξ ἀμφοτέρων οὖν τούτων τὸν τὸ λέγειν τε καὶ τὸν λόγον μησάμενον — τὸ δὲ λέγειν δή ἐστιν εἴρειν — τοῦτον τὸν θεὸν ὡσπερεὶ ἐπιτάττει (408b) ἡμῖν ὁ νομοθέτης· «ὦ ἄνθρωποι, ὃς τὸ εἴρειν ἐμήσατο, δικαίως ἂν καλοῖτο ὑπὸ ὑμῶν εἰρέμης» · νῦν δὲ ἡμεῖς, ὡς οἰόμεθα, καλλωπίζοντες τὸ ὄνομα «Ἑρμῆν» καλοῦμεν. (Καὶ ἥ γε Ἶρις ἀπὸ τοῦ εἴρειν ἔοικεν κεκλημένη, ὅτι ἄγγελος ἦν.)
(Ἑρμογένης)
Νὴ τὸν Δία, εὖ ἄρα μοι δοκεῖ (Κρατύλος) λέγειν τὸ ἐμὲ μὴ εἶναι Ἑρμογένη· οὔκουν εὐμήχανός γέ εἰμι λόγου.
(Σωκράτης)
Καὶ τό γε τὸν Πᾶνα τοῦ Ἑρμοῦ εἶναι ὑὸν διφυῆ ἔχει τὸ εἰκός, ὦ ἑταῖρε.
(408c) (Ἑρμογένης)
Πῶς δή;
(Σωκράτης)
Οἶσθα ὅτι ὁ λόγος τὸ πᾶν σημαίνει καὶ κυκλεῖ καὶ πολεῖ ἀεί, καὶ ἔστι διπλοῦς, ἀληθής τε καὶ ψευδής.
(Ἑρμογένης)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τὸ μὲν ἀληθὲς αὐτοῦ λεῖον καὶ θεῖον καὶ ἄνω οἰκοῦν ἐν τοῖς θεοῖς, τὸ δὲ ψεῦδος κάτω ἐν τοῖς πολλοῖς τῶν ἀνθρώπων καὶ τραχὺ καὶ τραγικόν· ἐνταῦθα γὰρ πλεῖστοι οἱ μῦθοί τε καὶ τὰ ψεύδη ἐστίν, περὶ τὸν τραγικὸν βίον.
(Ἑρμογένης)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Ὀρθῶς ἄρ᾽ <ἂν> ὁ πᾶν μηνύων καὶ ἀεὶ πολῶν (408d) «Πὰν αἰπόλος» εἴη, διφυὴς Ἑρμοῦ ὑός, τὰ μὲν ἄνωθεν λεῖος, τὰ δὲ κάτωθεν τραχὺς καὶ τραγοειδής. Καὶ ἔστιν ἤτοι λόγος ἢ λόγου ἀδελφὸς ὁ Πάν, εἴπερ Ἑρμοῦ ὑός ἐστιν· ἀδελφῷ δὲ ἐοικέναι ἀδελφὸν οὐδὲν θαυμαστόν. Ἀλλ᾽ ὅπερ ἐγὼ ἔλεγον, ὦ μακάριε, ἀπαλλαγῶμεν ἐκ τῶν θεῶν.
(Ἑρμογένης)
Τῶν γε τοιούτων, ὦ Σώκρατες, εἰ βούλει. Περὶ τῶν τοιῶνδε δὲ τί σε κωλύει διελθεῖν, οἷον ἡλίου τε καὶ σελήνης καὶ ἄστρων καὶ γῆς καὶ αἰθέρος καὶ ἀέρος καὶ πυρὸς (408e) καὶ ὕδατος καὶ ὡρῶν καὶ ἐνιαυτοῦ;
(Σωκράτης)
Συχνὰ μέν μοι προστάττεις, ὅμως δέ, εἴπερ σοι κεχαρισμένον ἔσται, ἐθέλω.
(Ἑρμογένης)
Καὶ μὴν χαριῇ.
(Σωκράτης)
Τί δὴ οὖν πρῶτον βούλει; ἢ ὥσπερ εἶπες τὸν ἥλιον διέλθωμεν;
(Ἑρμογένης)
Πάνυ γε.
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Traduction française :
[408] SOCRATE.
Sûrement ce nom doit avoir trait à la parole et au discours ; car les
divers attributs d'Hermès, interprète, g-hermehneus, messager, (408a) rasé
voleur, séduisant discoureur, protecteur des marchés publics, tout cela se
rapporte à la puissance de la parole. Or, comme nous l'avons déjà
observé précédemment, le mot g-eirein désigne l'exercice de la parole. De
plus, le mot g-emehsato, qu'emploie souvent Homère, signifie inventer. Ainsi,
en considération de ces deux choses, la parole et l'invention de la parole,
et attendu que g-eirein, c'est parler, (408b) le législateur semble nous
dire au sujet de ce dieu : « Celui qui a inventé la parole, g-to g-eirein g-emehsato,
il serait juste, ô hommes, qu'il fût appelé par vous Eirémès. » Mais nous
croyant sans doute donner à ce mot un tour plus élégant, nous disons
Hermès. c'est aussi à ce mot g-eirein, qu'Iris semble devoir son nom, en sa
qualité de messagère.
HERMOGÈNE.
Par Jupiter, je crois maintenant que Cratyle avait raison de ne pas
vouloir que je sois Hermogène: car je ne suis pas un très habile artisan,
de paroles,
SOCRATE.
Mais il est tout simple, mon cher ami, que Pan soit le fils d'Hermès et
réunisse deux natures.
(408c) HERMOGÈNE
Comment cela ?
SOCRATE.
Tu sais que la parole exprime toutes choses, g-to g-pan, qu'elle roule en
quelque sorte et circule sans cesse, et qu'elle est de deux espèces,
véritable ou mensongère.
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Ainsi la partie de la vérité en doit être légère, divine placée là~haut
avec les immortels, et celle du mensonge doit résider avec le vulgaire des
hommes d'une nature brutale et analogue à celle du bouc; car c'est dans,
cette vie de bouc que prennent naissance la plupart des fables et des
mensonges.
HERMOGÈNE.
Certainement.
SOCRATE
Il est donc raisonnable que la puissance qui énonce toutes choses ;
et qui est toujours en circulation dans le monde, g-aei g-polohn, soit appelée
(408d) Pan Aipolos, g-pan g-aipolos, le fils d'Hermès à deux natures,
gracieux et beau dans les parties supérieures; velu et semblable à un
bouc dans les inférieures. Ainsi, comme fils d'Hermès, Pan est ou le
langage même, ou le frère du langage : et qu'y a-t-il d'étonnant à ce que
le frère ressemble au frère? Mais, mon ami, comme je t'en priais tout à
l'heure, laissons là tout propos sur les dieux:
HERMOGÈNE.
D'accord, mon cher Socrate, pour ces dieux-là, mais qui
t'empêcherait de t'occuper d'êtres divins d'une autre sorte, tel que le
soleil, la lune, les étoiles, la terre, l'éther, l'air, le feu, (408e) l'eau, les
saisons, l'année?
SOCRATE.
Tu m'apprêtes-là bien de la besogne; mais je m'en occuperai
volontiers, si cela peut t'être agréable.
HERMOGÈNE.
Tu me feras grand plaisir.
SOCRATE.
Par où commencer ? Par le soleil, dans l'ordre de ton énumération.
HERMOGÈNE.
Soit.
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