Texte grec :
[394] (394a) (Σωκράτης)
Οὐκοῦν καὶ περὶ βασιλέως ὁ αὐτὸς λόγος; ἔσται γάρ ποτε ἐκ βασιλέως βασιλεύς, καὶ ἐξ ἀγαθοῦ ἀγαθός, καὶ ἐκ καλοῦ καλός, καὶ τἆλλα πάντα οὕτως, ἐξ ἑκάστου γένους ἕτερον τοιοῦτον ἔκγονον, ἐὰν μὴ τέρας γίγνηται· κλητέον δὴ ταὐτὰ ὀνόματα. Ποικίλλειν δὲ ἔξεστι ταῖς συλλαβαῖς, ὥστε δόξαι ἂν τῷ ἰδιωτικῶς ἔχοντι ἕτερα εἶναι ἀλλήλων τὰ αὐτὰ ὄντα· ὥσπερ ἡμῖν τὰ τῶν ἰατρῶν φάρμακα χρώμασιν καὶ ὀσμαῖς πεποικιλμένα ἄλλα φαίνεται τὰ αὐτὰ ὄντα, τῷ δέ γε (394b) ἰατρῷ, ἅτε τὴν δύναμιν τῶν φαρμάκων σκοπουμένῳ, τὰ αὐτὰ φαίνεται, καὶ οὐκ ἐκπλήττεται ὑπὸ τῶν προσόντων. Οὕτω δὲ ἴσως καὶ ὁ ἐπιστάμενος περὶ ὀνομάτων τὴν δύναμιν αὐτῶν σκοπεῖ, καὶ οὐκ ἐκπλήττεται εἴ τι πρόσκειται γράμμα ἢ μετάκειται ἢ ἀφῄρηται, ἢ καὶ ἐν ἄλλοις παντάπασιν γράμμασίν ἐστιν ἡ τοῦ ὀνόματος δύναμις. Ὥσπερ ὃ νυνδὴ ἐλέγομεν, «Ἀστυάναξ» τε καὶ «Ἕκτωρ» οὐδὲν τῶν αὐτῶν (394c) γραμμάτων ἔχει πλὴν τοῦ ταῦ, ἀλλ᾽ ὅμως ταὐτὸν σημαίνει. Καὶ «Ἀρχέπολίς» γε τῶν μὲν γραμμάτων τί ἐπικοινωνεῖ; δηλοῖ δὲ ὅμως τὸ αὐτό· καὶ ἄλλα πολλά ἐστιν ἃ οὐδὲν ἀλλ᾽ ἢ βασιλέα σημαίνει· καὶ ἄλλα γε αὖ στρατηγόν, οἷον «Ἆγις» καὶ «Πολέμαρχος» καὶ «Εὐπόλεμος» . Καὶ ἰατρικά γε ἕτερα, «Ἰατροκλῆς» καὶ «Ἀκεσίμβροτος» · καὶ ἕτερα ἂν ἴσως συχνὰ εὕροιμεν ταῖς μὲν συλλαβαῖς καὶ τοῖς γράμμασι διαφωνοῦντα, τῇ δὲ δυνάμει ταὐτὸν φθεγγόμενα. Φαίνεται οὕτως ἢ οὔ;
(394d) (Ἑρμογένης)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Τοῖς μὲν δὴ κατὰ φύσιν γιγνομένοις τὰ αὐτὰ ἀποδοτέον ὀνόματα.
(Ἑρμογένης)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Τί δὲ τοῖς παρὰ φύσιν, οἳ ἂν ἐν τέρατος εἴδει γένωνται; οἷον ὅταν ἐξ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ θεοσεβοῦς ἀσεβὴς γένηται, ἆρ᾽ οὐχ ὥσπερ ἐν τοῖς ἔμπροσθεν, κἂν ἵππος βοὸς ἔκγονον τέκῃ, οὐ τοῦ τεκόντος δήπου ἔδει τὴν ἐπωνυμίαν ἔχειν, ἀλλὰ τοῦ γένους οὗ εἴη;
(Ἑρμογένης)
Πάνυ γε.
(394e) (Σωκράτης)
Καὶ τῷ ἐκ τοῦ εὐσεβοῦς ἄρα γενομένῳ ἀσεβεῖ τὸ τοῦ γένους ὄνομα ἀποδοτέον.
(Ἑρμογένης)
Ἔστι ταῦτα.
(Σωκράτης)
Οὐ «Θεόφιλον,» ὡς ἔοικεν, οὐδὲ «Μνησίθεον» οὐδὲ τῶν τοιούτων οὐδέν· ἀλλ᾽ ὅτι τἀναντία τούτοις σημαίνει, ἐάνπερ τῆς ὀρθότητος τυγχάνῃ τὰ ὀνόματα.
(Ἑρμογένης)
Παντός γε μᾶλλον, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Ὥσπερ γε καὶ ὁ «Ὀρέστης,» ὦ Ἑρμόγενες, κινδυνεύει ὀρθῶς ἔχειν, εἴτε τις τύχη ἔθετο αὐτῷ τὸ ὄνομα εἴτε καὶ ποιητής τις, τὸ θηριῶδες τῆς φύσεως καὶ τὸ ἄγριον αὐτοῦ καὶ τὸ ὀρεινὸν ἐνδεικνύμενος τῷ ὀνόματι.
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Traduction française :
[394] (394a) SOCRATE.
N'en est-il pas de même pour le roi? D'un roi il proviendra un roi, d'un
homme bon un homme bon, d'un bel homme un bel homme et ainsi du
reste ; chaque race se reproduira semblable à elle-même, sauf le cas de
monstruosité. Il faut donc aussi employer constamment les mêmes noms
mais cela n'empêche pas de faire subir des variations aux syllabes, de
manière que l'ignorant prendra pour différents des noms qui au fond sont
identiques; comme des drogues diversifiées par quelque couleur ou
quelque odeur, nous sembleront différentes, tout en étant les mêmes, et
paraîtront les mêmes (394b) au médecin, qui ne considère dans les
drogues que leur vertu et ne se laisse pas troubler par les accessoires.
Pareillement l'homme qui a la science des noms, en considère la vertu,
sans se troubler de ce qu'une lettre a été ajoutée, transposée ou
retranchée, ou même de ce que la vertu des noms se trouve exprimée
par des lettres entièrement diférentes. Par exemple ces noms dont nous
parlions tout à l'heure, Astyanax et Hector, n'ont entre eux aucune lettre
commune, (394c) excepté le t; ils n'en signfient pas moins la même
chose. Et qu'a de commun avec ces deux noms, quant aux lettres, celui
d'Archépolis (chef de ville) ? Il a pourtant le même sens. Il y a beaucoup
d'autres noms encore qui signifient de même un roi, beaucoup qui
signifient un général, comme Agis (chef), Polémarque (chef de guerre),
Eupolème (bon guerrier); d'autres désignent un médecin : Iatroclès
(médecin célèbre), et Acésimbrote (guérisseur des hommes); nous en
trouverions de même une foule d'autres très différents, pour les lettres et
pour les syllabes, et qui pourtant ont la même valeur. Est-ce ton avis, ou non?
(394d) HERMOGÈNE.
C'est tout à fait mon avis.
SOCRATE.
Les êtres qui sont nés, selon les règles de la nature, semblables à
leurs auteurs; ne doivent-ils pas recevoir le même nom?
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Mais s'il arrive une naissance contre nature, et qu'il se produise un
monstre? Si d'un homme bon et pieux il naît un impie? Ne sera-ce pas
comme dans notre précédent exemple d'un veau produit par un cheval, et
qui ne doit pas porter le nom de celui qui l'engendre, mais de la race à
laquelle il appartient lui-même?
HERMOGÈNE.
Sans doute.
(394e) SOCRATE.
Et si un impie naît d'un homme pieux, ne faut-il pas lui donner aussi
le nom de son genre?
HERMOGÈNE.
Oui.
SOCRATE.
Si donc on veut que les noms soient propres et convenables, on ne
l'appellera ni Théophile (ami de Dieu), ni Mnésithée (pensant à Dieu),
mais d'un nom qui signifie tout le contraire.
HERMOGÈNE.
Assurément, Socrate .
SOCRATE:
Par exemple, Hermogène, le nom d'Oreste me semble bien juste,
soit par un effet du hasard, soit par le choix de quelque poète, parce qu'il
exprime le caractère farouche, sauvage, et montagnard, g-to g-oreinon, de ce
personnage.
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