Texte grec :
[420] Ἀλλὰ μὴν «ἵμερός» γε τῷ μάλιστα ἕλκοντι τὴν ψυχὴν ῥῷ (420a) ἐπωνομάσθη· ὅτι γὰρ ἱέμενος ῥεῖ καὶ ἐφιέμενος τῶν πραγμάτων, καὶ οὕτω δὴ ἐπισπᾷ σφόδρα τὴν ψυχὴν διὰ τὴν ἕσιν τῆς ῥοῆς, ἀπὸ ταύτης οὖν πάσης τῆς δυνάμεως «ἵμερος» ἐκλήθη. Καὶ μὴν «πόθος» αὖ καλεῖται σημαίνων οὐ τοῦ παρόντος εἶναι (ἱμέρου τε καὶ ῥεύματος) ἀλλὰ τοῦ ἄλλοθί που ὄντος καὶ ἀπόντος, ὅθεν «πόθος» ἐπωνόμασται ὃς τότε, ὅταν παρῇ οὗ τις ἐφίετο, «ἵμερος» ἐκαλεῖτο· ἀπογενομένου δὲ ὁ αὐτὸς οὗτος «πόθος» ἐκλήθη. «Ἔρως» δέ, ὅτι εἰσρεῖ ἔξωθεν καὶ οὐκ οἰκεία ἐστὶν ἡ ῥοὴ (420b) αὕτη τῷ ἔχοντι ἀλλ᾽ ἐπείσακτος διὰ τῶν ὀμμάτων, διὰ ταῦτα ἀπὸ τοῦ ἐσρεῖν «ἔσρος» τό γε παλαιὸν ἐκαλεῖτο — τῷ γὰρ οὖ ἀντὶ τοῦ ὦ ἐχρώμεθα — νῦν δ᾽ «ἔρως» κέκληται διὰ τὴν τοῦ ὦ ἀντὶ τοῦ οὖ μεταλλαγήν. ἀλλὰ τί ἔτι σὺ λέγεις ὅτι σκοπῶμεν;
(Ἑρμογένης)
«Δόξα» καὶ τὰ τοιαῦτα πῇ σοι φαίνεται;
(Σωκράτης)
«Δόξα» δὴ ἤτοι τῇ διώξει ἐπωνόμασται, ἣν ἡ ψυχὴ διώκουσα τὸ εἰδέναι ὅπῃ ἔχει τὰ πράγματα πορεύεται, ἢ τῇ ἀπὸ τοῦ τόξου βολῇ. Ἔοικε δὲ τούτῳ μᾶλλον. ἡ (420c) Γοῦν «οἴησις» τούτῳ συμφωνεῖ. «Οἶσιν» γὰρ τῆς ψυχῆς ἐπὶ πᾶν πρᾶγμα, οἷόν ἐστιν ἕκαστον τῶν ὄντων, δηλούσῃ προσέοικεν, ὥσπερ γε καὶ ἡ «βουλή» πως τὴν βολήν, καὶ τὸ «βούλεσθαι» τὸ ἐφίεσθαι σημαίνει καὶ <τὸ> «βουλεύεσθαι» · πάντα ταῦτα δόξῃ ἑπόμεν᾽ ἄττα φαίνεται τῆς βολῆς ἀπεικάσματα, ὥσπερ αὖ καὶ τοὐναντίον ἡ «ἀβουλία» ἀτυχία δοκεῖ εἶναι, ὡς οὐ βαλόντος οὐδὲ τυχόντος οὗ τ᾽ ἔβαλλε καὶ ὃ ἐβούλετο καὶ περὶ οὗ ἐβουλεύετο καὶ οὗ ἐφίετο.
(420d) (Ἑρμογένης)
Ταῦτα ἤδη μοι δοκεῖς, ὦ Σώκρατες, πυκνότερα ἐπάγειν.
(Σωκράτης)
Τέλος γὰρ ἤδη θέω. «Ἀνάγκην» δ᾽ οὖν ἔτι βούλομαι διαπερᾶναι, ὅτι τούτοις ἑξῆς ἐστι, καὶ τὸ «ἑκούσιον.» Τὸ μὲν οὖν «ἑκούσιον,» τὸ εἶκον καὶ μὴ ἀντιτυποῦν ἀλλ᾽, ὥσπερ λέγω, εἶκον τῷ ἰόντι δεδηλωμένον ἂν εἴη τούτῳ τῷ ὀνόματι, τῷ κατὰ τὴν βούλησιν γιγνομένῳ· τὸ δὲ «ἀναγκαῖον» καὶ ἀντίτυπον, παρὰ τὴν βούλησιν ὄν, τὸ περὶ τὴν ἁμαρτίαν ἂν εἴη καὶ ἀμαθίαν, ἀπείκασται δὲ τῇ κατὰ τὰ (420e) ἄγκη πορείᾳ, ὅτι δύσπορα καὶ τραχέα καὶ λάσια ὄντα ἴσχει τοῦ ἰέναι. Ἐντεῦθεν οὖν ἴσως ἐκλήθη «ἀναγκαῖον,» τῇ διὰ τοῦ ἄγκους ἀπεικασθὲν πορείᾳ. Ἕως δὲ πάρεστιν ἡ ῥώμη, μὴ ἀνιῶμεν αὐτήν· ἀλλὰ καὶ σὺ μὴ ἀνίει, ἀλλὰ ἐρώτα.
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Traduction française :
[420] Maintenant, le désir, g-himeros, a été nommé ainsi comme étant le courant g-rous,
(420a) qui entraîne le plus puissamment notre âme.; il coule avec impétuosité,
g-iemenos g-rei, à la poursuite des choses; il emporte l'âme dans la rapidité de son cours;
c'est de, cette puissance impulsive qu'il a pris le nom d'g-himeros. Le regret,
g-pothos, c'est le désir, le penchant vers un objet absent, et placé quelque
part hors de notre portée g-allothi g-pou g-ontos; en sorte qu'on appelle g-pothos
ce qui s'appelait h-himeros, quand l'objet du désir était présent. L'Amour,
s'appelle g-erohs, parce que son cours (420b) n'a pas son origine dans celui
qui l'éprouve, mais qu'il vient du dehors en s'introduisant par les yeux ;
par cette raison on l'appelait jadis g-esros de g-esrein, couler dans, car l'g-o se
prononçait! bref; en le faisant long, nous avons aujourd'hui g-erohs. Mais
que ne proposes-tu d'autres noms à examiner ?
HERMOGÈNE
Que dis-tu de g-doxa, opinion, et des autre mots de cette famille?
SOCRATE.
g-Doxa vient, ou de g-diohxis, poursuite, et ce serait alors la recherche de
l'esprit pour découvrir la vérité des choses; ou du jet de la flèche, g-toxon;
et je préfère cette dernière conjecture. Du (420c) moins g-oiehsis, croyance,
répond à la même idée; c'est l'élan, g-oisis, de l'âme vers la connaissance
des qualités des choses, g-hoia g-estin. De même encore la volonté, g-bouleh,
tire son nom de g-boleh jet; et g-boulesthai, vouloir, signifie s'élancer vers,
ainsi que g-bouleyesthai, délibérer. Tous ces mots, du même ordre que
g-doxa, semblent se rapporter à l'idée, du jet, g-boleh. Le mot g-aboulia, défaut
de prudence, semble indiquer le malheur de celui qui manque le but, g-ou
g-balontos, qui n'atteint pas ce qu'il voulait, g-ebouleto, ce qu?il se proposait,
g- peri g-hou g-eboyleyeto, et à quoi il aspirait.
(420d) HERMOGÈNE
Tu me parais maintenant, Socrate, hâter et presser tes explications.
SOCRATE.
C'est que les oracles du dieu vont bientôt finir. Je veux pourtant faire
encore un essai sur les mots nécessité, g-anagkeh et volontaire, g-hekousion,
qui viennent naturellement à la suite des précédente.
HERMOGÈNE.
Soit
SOCRATE.
D'abord, g-hekousion, volontaire, c'est ce qui cède, g-eikon, sans résister,
ce qui cède, conformément à la doctrine dont je parle maintenant, à une
chose en mouvement, g-ionti mue par la volonté. Le nécessaire, au
contraire, est ce qui résiste à la volonté, et ce que lui opposent l'erreur et
l'ignorance; de là le mot g-anagkeh, qui représente un voyage par (420e) des
valions, g-agkeh, où la marche est entravée par la difficulté et l'âpreté des
lieux. Tant que la force ne me manque pas, profitons-en; et toi, ne lâche
pas prise et interroge-moi.
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