Texte grec :
[196] (196a) εἶναι. νεώτατος μὲν δή ἐστι καὶ
ἁπαλώτατος, πρὸς δὲ τούτοις ὑγρὸς τὸ εἶδος, οὐ γὰρ ἂν οἷός τ᾽ ἦν πάντῃ
περιπτύσσεσθαι οὐδὲ διὰ πάσης ψυχῆς καὶ εἰσιὼν τὸ πρῶτον λανθάνειν καὶ
ἐξιών, εἰ σκληρὸς ἦν. συμμέτρου δὲ καὶ ὑγρᾶς ἰδέας μέγα τεκμήριον ἡ
εὐσχημοσύνη, ὃ δὴ διαφερόντως ἐκ πάντων ὁμολογουμένως Ἔρως ἔχει·
ἀσχημοσύνῃ γὰρ καὶ Ἔρωτι πρὸς ἀλλήλους ἀεὶ πόλεμος. χρόας δὲ κάλλος ἡ κατ᾽
ἄνθη δίαιτα τοῦ θεοῦ σημαίνει· ἀνανθεῖ γὰρ (196b) καὶ ἀπηνθηκότι καὶ σώματι
καὶ ψυχῇ καὶ ἄλλῳ ὁτῳοῦν οὐκ ἐνίζει Ἔρως· οὗ δ᾽ ἂν εὐανθής τε καὶ εὐώδης
τόπος ᾖ, ἐνταῦθα δὲ καὶ ἵζει καὶ μένει.
XIX. Περὶ μὲν οὖν κάλλους τοῦ θεοῦ καὶ ταῦθ᾽ ἱκανὰ καὶ ἔτι πολλὰ λείπεται, περὶ
δὲ ἀρετῆς Ἔρωτος μετὰ ταῦτα λεκτέον· τὸ μὲν μέγιστον ὅτι Ἔρως οὔτ᾽ ἀδικεῖ οὔτ᾽
ἀδικεῖται οὔθ᾽ ὑπὸ θεοῦ οὔτε θεόν, οὔθ᾽ ὑπ᾽ ἀνθρώπου οὔτε ἄνθρωπον. οὔτε γὰρ
αὐτὸς βίᾳ πάσχει, εἴ τι πάσχει—βία γὰρ Ἔρωτος οὐχ (196c) ἅπτεται—οὔτε ποιῶν
ποιεῖ—πᾶς γὰρ ἑκὼν Ἔρωτι πᾶν ὑπηρετεῖ—ἃ δ᾽ ἂν ἑκὼν ἑκόντι ὁμολογήσῃ,
φασὶν “οἱ πόλεως βασιλῆς νόμοι„ δίκαια εἶναι. πρὸς δὲ τῇ δικαιοσύνῃ
σωφροσύνης πλείστης μετέχει. εἶναι γὰρ ὁμολογεῖται σωφροσύνη τὸ κρατεῖν
ἡδονῶν καὶ ἐπιθυμιῶν, Ἔρωτος δὲ μηδεμίαν ἡδονὴν κρείττω εἶναι· εἰ δὲ ἥττους,
κρατοῖντ᾽ ἂν ὑπὸ Ἔρωτος, ὁ δὲ κρατοῖ, κρατῶν δὲ ἡδονῶν καὶ ἐπιθυμιῶν ὁ Ἔρως
διαφερόντως ἂν σωφρονοῖ. καὶ μὴν εἴς γε ἀνδρείαν Ἔρωτι (196d) “οὐδ᾽ Ἄρης
ἀνθίσταται„. οὐ γὰρ ἔχει Ἔρωτα Ἄρης, ἀλλ᾽ Ἔρως Ἄρη, Ἀφροδίτης, ὡς λόγος·
κρείττων δὲ ὁ ἔχων τοῦ ἐχομένου· τοῦ δ᾽ ἀνδρειοτάτου τῶν ἄλλων κρατῶν
πάντων ἂν ἀνδρειότατος εἴη· περὶ μὲν οὖν δικαιοσύνης καὶ σωφροσύνης καὶ
ἀνδρείας τοῦ θεοῦ εἴρηται, περὶ δὲ σοφίας λείπεται· ὅσον οὖν δυνατόν, πειρατέον
μὴ ἐλλείπειν. καὶ πρῶτον μέν, ἵν᾽ αὖ καὶ ἐγὼ τὴν ἡμετέραν τέχνην τιμήσω ὥσπερ
Ἐρυξίμαχος (196e) τὴν αὑτοῦ, ποιητὴς ὁ θεὸς σοφὸς οὕτως ὥστε καὶ ἄλλον
ποιῆσαι· πᾶς γοῦν ποιητὴς γίγνεται, “κἂν ἄμουσος ᾖ τὸ πρίν„, οὗ ἂν Ἔρως
ἅψηται. ᾧ δὴ πρέπει ἡμᾶς μαρτυρίῳ χρῆσθαι, ὅτι ποιητὴς ὁ Ἔρως ἀγαθὸς ἐν
κεφαλαίῳ πᾶσαν ποίησιν τὴν κατὰ μουσικήν· ἃ γάρ τις ἢ μὴ ἔχει ἢ μὴ οἶδεν, οὔτ᾽
ἂν ἑτέρῳ δοίη οὔτ᾽ ἂν ἄλλον διδάξειεν. καὶ
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Traduction française :
[196] Ainsi donc il est le plus jeune et le plus délicat.
Il est en outre souple de forme, car il ne pourrait, s'il
était rigide, envelopper de tous côtés son objet, ni
entrer d'abord dans toute âme et en sortir sans qu'on
s'en aperçoive. Une forte preuve qu'il est flexible et
souple est sa grâce, attribut que, de l'aveu de tous, Eros
possède à un degré supérieur ; car Eros et la difformité
sont en hostilité perpétuelle. Qu'il ait un beau teint, sa
vie passée au milieu des fleurs l'indique assez; car Eros
ne s'établit pas sur les objets sans fleur ou défleuris, que
ce soit un corps, une âme ou toute autre chose ; mais là
où il y a des fleurs et des parfums, là il se pose et demeure.
- Sur la beauté du dieu, j'en ai assez dit, bien
qu'il reste encore beaucoup à dire. Il me faut parler
maintenant de la vertu d'Eros. Un très grand avantage
est qu'Eros ne fait aucun tort à personne, soit dieu, soit
homme, comme il n'en reçoit d'aucun dieu ni d'aucun
homme; en effet, s'il endure quelque chose, ce n'est
point par force; car la violence n'attaque pas Eros, et
s'il fait quelque chose, il le fait sans contrainte; en tout
et partout, c'est volontairement qu'on se met au service
d'Eros; or, quand on se met d'accord volontairement
de part et d'autre, les lois, « reines de la cité»,
déclarent que c'est justice.
Outre la justice, il a eu en partage la plus grande
tempérance. On convient, en effet, qu'être tempérant
c'est dominer les plaisirs et les passions; or aucun
plaisir n'est au-dessus de l'amour; s'ils lui sont inférieurs,
ils sont vaincus par lui, et il est leur vainqueur;
or étant vainqueur des plaisirs et des passions, il est
supérieurement tempérant.
Quant au courage, Arès lui-même ne peut tenir tête à
Eros ; car ce n'est pas Arès qui maîtrise Eros, c'est Eros
qui maîtrise Arès, amoureux, dit-on, d'Aphrodite; or
celui qui maîtrise l'emporte sur celui qui est maîtrisé, et
celui qui l'emporte sur le plus brave doit être le plus
brave de tous.
J'ai parlé de la justice, de la tempérance et du courage
du dieu : il me reste à parler de son habileté, en tâchant,
dans la mesure de mes forces, de ne pas rester au-dessous
de mon sujet. Tout d'abord, afin d'honorer,
moi aussi, notre art, comme Eryximaque a fait pour le
sien, je dirai que le dieu est un poète si habile qu'il rend
poète qui il veut; tout homme en effet, fût-il étranger
aux Muses, devient poète quand Eros l'a touché,
excellente preuve qu'Eros est habile en général dans
toutes les oeuvres des Muses : car ce qu'on n'a pas ou ce
qu'on ne sait pas, on ne saurait ni le donner
ni l'enseigner à un autre.
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