Texte grec :
[173] (173a) πρὸ τοῦ δὲ περιτρέχων ὅπῃ
τύχοιμι καὶ οἰόμενος τὶ ποιεῖν ἀθλιώτερος ἦ ὁτουοῦν, οὐχ ἧττον ἢ σὺ νυνί,
οἰόμενος δεῖν πάντα μᾶλλον πράττειν ἢ φιλοσοφεῖν. καὶ ὅς· Μὴ σκῶπτ᾽, ἔφη,
ἀλλ᾽ εἰπέ μοι πότε ἐγένετο ἡ συνουσία αὕτη. κἀγὼ εἶπον ὅτι· Παίδων ὄντων
ἡμῶν ἔτι, ὅτε τῇ πρώτῃ τραγῳδίᾳ ἐνίκησεν Ἀγάθων, τῇ ὑστεραίᾳ ἢ ᾗ τὰ ἐπινίκια
ἔθυεν αὐτός τε καὶ οἱ χορευταί. Πάνυ, ἔφη, ἄρα πάλαι, ὡς ἔοικεν. ἀλλὰ τίς σοι
διηγεῖτο; ἢ αὐτὸς Σωκράτης; (173b) Οὐ μὰ τὸν Δία, ἦν δ᾽ ἐγώ, ἀλλ᾽ ὅσπερ Φοίνικι·
Ἀριστόδημος ἦν τις, Κυδαθηναιεύς, σμικρός, ἀνυπόδητος ἀεί· παρεγεγόνει δ᾽ ἐν
τῇ συνουσίᾳ, Σωκράτους ἐραστὴς ὢν ἐν τοῖς μάλιστα τῶν τότε, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ. οὐ
μέντοι ἀλλὰ καὶ Σωκράτη γε ἔνια ἤδη ἀνηρόμην ὧν ἐκείνου ἤκουσα, καί μοι
ὡμολόγει καθάπερ ἐκεῖνος διηγεῖτο. Τί οὖν, ἔφη, οὐ διηγήσω μοι; πάντως δὲ ἡ
ὁδὸς ἡ εἰς ἄστυ ἐπιτηδεία πορευομένοις καὶ λέγειν καὶ ἀκούειν. οὕτω δὴ ἰόντες
ἅμα τοὺς λόγους περὶ αὐτῶν ἐποιούμεθα, (173c) ὥστε, ὅπερ ἀρχόμενος εἶπον,
οὐκ ἀμελετήτως ἔχω. εἰ οὖν δεῖ καὶ ὑμῖν διηγήσασθαι, ταῦτα χρὴ ποιεῖν. καὶ γὰρ
ἔγωγε καὶ ἄλλως, ὅταν μέν τινας περὶ φιλοσοφίας λόγους ἢ αὐτὸς ποιῶμαι ἢ
ἄλλων ἀκούω, χωρὶς τοῦ οἴεσθαι ὠφελεῖσθαι ὑπερφυῶς ὡς χαίρω· ὅταν δὲ
ἄλλους τινάς, ἄλλως τε καὶ τοὺς ὑμετέρους τοὺς τῶν πλουσίων καὶ
χρηματιστικῶν, αὐτός τε ἄχθομαι ὑμᾶς τε τοὺς ἑταίρους ἐλεῶ, ὅτι οἴεσθε τὶ
ποιεῖν (173d) οὐδὲν ποιοῦντες. καὶ ἴσως αὖ ὑμεῖς ἐμὲ ἡγεῖσθε κακοδαίμονα εἶναι,
καὶ οἴομαι ὑμᾶς ἀληθῆ οἴεσθαι· ἐγὼ μέντοι ὑμᾶς οὐκ οἴομαι ἀλλ᾽ εὖ οἶδα.
Ἑταῖρος
Ἀεὶ ὅμοιος εἶ, ὦ Ἀπολλόδωρε· ἀεὶ γὰρ σαυτόν τε κακηγορεῖς καὶ τοὺς ἄλλους, καὶ
δοκεῖς μοι ἀτεχνῶς πάντας ἀθλίους ἡγεῖσθαι πλὴν Σωκράτους, ἀπὸ σαυτοῦ
ἀρξάμενος. καὶ ὁπόθεν ποτὲ ταύτην τὴν ἐπωνυμίαν ἔλαβες τὸ μαλακὸς
καλεῖσθαι, οὐκ οἶδα ἔγωγε· ἐν μὲν γὰρ τοῖς λόγοις ἀεὶ τοιοῦτος εἶ· σαυτῷ τε καὶ
τοῖς ἄλλοις ἀγριαίνεις πλὴν Σωκράτους.
Ἀπολλόδωρος
(173e) Ὦ φίλτατε, καὶ δῆλόν γε δὴ ὅτι οὕτω διανοούμενος καὶ περὶ ἐμαυτοῦ καὶ
περὶ ὑμῶν μαίνομαι καὶ παραπαίω.
Ἑταῖρος
Οὐκ ἄξιον περὶ τούτων, Ἀπολλόδωρε, νῦν ἐρίζειν· ἀλλ᾽ ὅπερ ἐδεόμεθά σου, μὴ
ἄλλως ποιήσῃς, ἀλλὰ διήγησαι τίνες ἦσαν οἱ λόγοι.
Ἀπολλόδωρος
Ἦσαν τοίνυν ἐκεῖνοι τοιοίδε τινές· μᾶλλον δ᾽
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Traduction française :
[173] Auparavant j'errais à l'aventure et je me croyais sage;
mais j'étais plus malheureux qu'homme du monde,
tout comme tu l'es maintenant, toi qui places toute
autre occupation avant la philosophie. - Epargne-moi
tes sarcasmes, dit-il ; dis-moi plutôt dans quel temps eut
lieu cette réunion. - En un temps où nous étions
encore enfants, répondis-je, lorsque Agathon remporta
le prix avec sa première tragédie, le lendemain du jour
où il offrit avec ses choreutes le sacrifice de victoire.
- Alors cela date de loin, ce me semble, dit-il; mais
qui t'a raconté ces choses? Est-ce Socrate lui-même?
- Non, par Zeus, dis-je, mais le même qui les a
racontées à Phénix, un certain Aristodème de Kydathénaeon,
un petit homme qui allait toujours pieds nus;
il avait en effet assisté à l'entretien, et, si je ne me
trompe, Socrate n'avait pas alors de disciple plus passionné.
Cependant j'ai depuis questionné Socrate lui-même
sur certains points que je tenais de la bouche
d'Aristodème, et Socrate s'est trouvé d'accord avec lui.
- Eh bien! reprit-il, raconte vite. La route qui mène à
la ville est faite à souhait pour parler et pour écouter tout en cheminant.»
Dès lors nous nous entretînmes de ces choses tout le
long de la route; c'est ce qui fait, comme je le disais en
commençant, que je ne suis pas mal préparé. Si donc
vous voulez que je vous les rapporte à vous aussi, il faut
que je m'exécute. D'ailleurs, de parler moi-même ou
d'entendre parler philosophie, c'est, indépendamment
de l'utilité que j'y trouve, un plaisir sans égal. Quand au
contraire j'entends parler certaines personnes, et surtout
vos gens riches et vos hommes d'affaires, cela
m'assomme et je vous ai en pitié, vous leurs amis, de
croire que vous faites merveilles alors que vous ne faites
rien. Peut-être vous aussi, de votre côté, vous me
croyez malheureux, et je pense que vous ne vous
trompez pas; mais que vous le soyez, vous, je ne le
pense pas seulement, j'en suis sûr.
(L'AMI D'APOLLODORE)
Tu es toujours le même, Apollodore : tu dis toujours
du mal de toi et des autres, et l'on croirait vraiment, à
t'entendre, que, sauf Socrate, tout le monde est misérable,
toi tout le premier. A quelle occasion on t'a
donné le sobriquet de furieux, je l'ignore; mais ce que
je sais, c'est que tu ne varies pas dans tes discours et que
tu es toujours en colère contre toi et contre les autres,
à l'exception de Socrate.
(APOLLODORE)
Oui, mon très cher, et il est bien clair, n'est-ce pas,
que c'est l'opinion que j'ai de moi-même et des autres
qui fait de moi un furieux et un extravagant.
(L'AMI D'APOLLODORE)
Ce n'est pas la peine de discuter là-dessus maintenant,
Apollodore; fais ce qu'on te demande, rapporte-nous
les discours en question.
(APOLLODORE) Eh bien donc ! les voici à peu près ;
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