Texte grec :
[209] (209a) ψυχήν—εἰσὶ γὰρ οὖν, ἔφη, οἳ ἐν ταῖς
ψυχαῖς κυοῦσιν ἔτι μᾶλλον ἢ ἐν τοῖς σώμασιν, ἃ ψυχῇ προσήκει καὶ κυῆσαι καὶ
τεκεῖν· τί οὖν προσήκει; φρόνησίν τε καὶ τὴν ἄλλην ἀρετήν· ὧν δή εἰσι καὶ οἱ
ποιηταὶ πάντες γεννήτορες καὶ τῶν δημιουργῶν ὅσοι λέγονται εὑρετικοὶ εἶναι·
πολὺ δὲ μεγίστη, ἔφη, καὶ καλλίστη τῆς φρονήσεως ἡ περὶ τὰ τῶν πόλεών τε καὶ
οἰκήσεων διακόσμησις, ᾗ δὴ ὄνομά ἐστι σωφροσύνη τε καὶ δικαιοσύνη· τούτων δ᾽
αὖ ὅταν τις ἐκ (209b) νέου ἐγκύμων ᾖ τὴν ψυχήν θεῖος ὢν, καὶ ἡκούσης τῆς
ἡλικίας, τίκτειν τε καὶ γεννᾶν ἤδη ἐπιθυμῇ, ζητεῖ δὴ οἶμαι καὶ οὗτος περιιὼν τὸ
καλὸν ἐν ᾧ ἂν γεννήσειεν· ἐν τῷ γὰρ αἰσχρῷ οὐδέποτε γεννήσει. τά τε οὖν
σώματα τὰ καλὰ μᾶλλον ἢ τὰ αἰσχρὰ ἀσπάζεται ἅτε κυῶν, καὶ ἂν ἐντύχῃ ψυχῇ
καλῇ καὶ γενναίᾳ καὶ εὐφυεῖ, πάνυ δὴ ἀσπάζεται τὸ ξυναμφότερον, καὶ πρὸς
τοῦτον τὸν ἄνθρωπον εὐθὺς εὐπορεῖ λόγων περὶ ἀρετῆς καὶ περὶ οἷον χρὴ εἶναι
(209c) τὸν ἄνδρα τὸν ἀγαθὸν καὶ ἃ ἐπιτηδεύειν, καὶ ἐπιχειρεῖ παιδεύειν.
ἁπτόμενος γὰρ οἶμαι τοῦ καλοῦ καὶ ὁμιλῶν αὐτῷ, ἃ πάλαι ἐκύει, τίκτει καὶ
γεννᾷ, καὶ παρὼν καὶ ἀπὼν μεμνημένος, καὶ τὸ γεννηθὲν συνεκτρέφει κοινῇ
μετ᾽ ἐκείνου, ὥστε πολὺ μείζω κοινωνίαν τῆς τῶν παίδων πρὸς ἀλλήλους οἱ
τοιοῦτοι ἴσχουσι καὶ φιλίαν βεβαιοτέραν, ἅτε καλλιόνων καὶ ἀθανατωτέρων
παίδων κεκοινωνηκότες. καὶ πᾶς ἂν δέξαιτο ἑαυτῷ τοιούτους παῖδας μᾶλλον
γεγονέναι ἢ τοὺς (209d) ἀνθρωπίνους, καὶ εἰς Ὅμηρον ἀποβλέψας καὶ Ἡσίοδον
καὶ τοὺς ἄλλους ποιητὰς τοὺς ἀγαθοὺς ζηλῶν, οἷα ἔκγονα ἑαυτῶν
καταλείπουσιν, ἃ ἐκείνοις ἀθάνατον κλέος καὶ μνήμην παρέχεται αὐτὰ τοιαῦτα
ὄντα· εἰ δὲ βούλει, ἔφη, οἵους Λυκοῦργος παῖδας κατελίπετο ἐν Λακεδαίμονι
σωτῆρας τῆς Λακεδαίμονος καὶ ὡς ἔπος εἰπεῖν τῆς Ἑλλάδος. τίμιος δὲ παρ᾽ ὑμῖν
καὶ Σόλων διὰ τὴν τῶν νόμων γέννησιν, καὶ ἄλλοι (209e) ἄλλοθι πολλαχοῦ
ἄνδρες, καὶ ἐν Ἕλλησι καὶ ἐν βαρβάροις, πολλὰ καὶ καλὰ ἀποφηνάμενοι ἔργα,
γεννήσαντες παντοίαν ἀρετήν· ὧν καὶ ἱερὰ πολλὰ ἤδη γέγονε διὰ τοὺς τοιούτους
παῖδας, διὰ δὲ τοὺς ἀνθρωπίνους οὐδενός πω.
XXVIII. Ταῦτα μὲν οὖν τὰ ἐρωτικὰ ἴσως, ὦ Σώκρατες, κἂν σὺ
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Traduction française :
[209] car il en est, dit-elle, qui sont encore plus féconds d'esprit
que de corps pour les choses qu'il convient à l'âme de concevoir
et d'enfanter; or que lui convient-il d'enfanter? La sagesse et les
autres vertus qui ont précisément pour pères tous les poètes et
ceux des artistes qui ont le génie de l'invention. Mais la
partie la plus importante et la plus belle de la sagesse,
dit-elle, est celle qui a trait au gouvernement des États
et des familles et qu'on nomme prudence et justice.
Quand l'âme d'un homme, dès l'enfance, porte germe de
ces vertus, cet homme divin sent le désir,
l'âge venu, de produire et d'enfanter; il va, lui aussi,
cherchant partout le beau pour y engendrer; car pour le
laid, il n'y engendrera jamais. Pressé de ce désir, il
s'attache donc aux beaux corps de préférence aux laids,
et s'il y rencontre une âme belle, généreuse et bien née,
cette double beauté le séduit entièrement. En présence
d'un tel homme, il sent aussitôt affluer les paroles sur la
vertu, sur les devoirs et les occupations de l'homme de
bien, et il entreprend de l'instruire; et en effet, par le
contact et la fréquentation de la beauté, il enfante et
engendre les choses dont son âme était grosse depuis
longtemps ; présent ou absent, il pense à lui et il nourrit
en commun avec lui le fruit de leur union. De tels
couples sont en communion plus intime et liés d'une
amitié plus forte que les père et mère parce qu'ils ont en
commun des enfants plus beaux et plus immortels. Il
n'est personne qui n'aime mieux se voir de tels enfants
que les enfants selon la chair, quand il considère
Homère, Hésiode et les autres grands poètes, qu'il
envie d'avoir laissé après eux des rejetons immortels qui
leur assurent une gloire et une mémoire immortelles
aussi; ou encore, ajouta-t-elle, lorsqu'il se remémore
quels enfants Lycurgue a laissés à Lacédémone pour le
salut de cette ville et, on peut le dire, de la Grèce tout
entière. Solon jouit chez vous de la même gloire, pour
avoir donné naissance à vos lois, et d'autres en jouissent
en beaucoup d'autres pays, grecs ou barbares, pour
avoir produit beaucoup d'oeuvres éclatantes et enfanté
des vertus de tout genre : maints temples leur ont été
consacrés à cause de ces enfants spirituels; personne
n'en a obtenu pour des enfants issus d'une femme.
- On peut se flatter peut-être de t'initier, toi aussi, Socrate,
à ces mystères de l'amour;
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