Texte grec :
[20] τούτους πείθουσι (20a) τὰς ἐκείνων συνουσίας ἀπολιπόντας σφίσιν συνεῖναι
χρήματα διδόντας καὶ χάριν προσειδέναι.
ἐπεὶ καὶ ἄλλος ἀνήρ ἐστι Πάριος ἐνθάδε σοφὸς ὃν ἐγὼ ᾐσθόμην
ἐπιδημοῦντα· ἔτυχον γὰρ προσελθὼν ἀνδρὶ ὃς τετέλεκε χρήματα
σοφισταῖς πλείω ἢ σύμπαντες οἱ ἄλλοι, Καλλίᾳ τῷ Ἱππονίκου· τοῦτον οὖν
ἀνηρόμην -- ἐστὸν γὰρ αὐτῷ δύο ὑεῖ -- “ὦ Καλλία”, ἦν δ᾽ ἐγώ, “εἰ μέν σου
τὼ ὑεῖ πώλω ἢ μόσχω ἐγενέσθην, εἴχομεν ἂν αὐτοῖν ἐπιστάτην λαβεῖν καὶ
μισθώσασθαι ὃς (20b) ἔμελλεν αὐτὼ καλώ τε κἀγαθὼ ποιήσειν τὴν
προσήκουσαν ἀρετήν, ἦν δ᾽ ἂν οὗτος ἢ τῶν ἱππικῶν τις ἢ τῶν γεωργικῶν·
νῦν δ᾽ ἐπειδὴ ἀνθρώπω ἐστόν, τίνα αὐτοῖν ἐν νῷ ἔχεις ἐπιστάτην λαβεῖν;
τίς τῆς τοιαύτης ἀρετῆς, τῆς ἀνθρωπίνης τε καὶ πολιτικῆς, ἐπιστήμων
ἐστίν; οἶμαι γάρ σε ἐσκέφθαι διὰ τὴν τῶν ὑέων κτῆσιν. ἔστιν τις”, ἔφην
ἐγώ, “ἢ οὔ;” “πάνυ γε”, ἦ δ᾽ ὅς. “τίς”, ἦν δ᾽ ἐγώ, “καὶ ποδαπός, καὶ πόσου
διδάσκει;” “Εὔηνος”, ἔφη, “ὦ Σώκρατες, Πάριος, πέντε μνῶν”. καὶ ἐγὼ τὸν
Εὔηνον ἐμακάρισα εἰ ὡς ἀληθῶς (20c) ἔχοι ταύτην τὴν τέχνην καὶ οὕτως
ἐμμελῶς διδάσκει. ἐγὼ γοῦν καὶ αὐτὸς ἐκαλλυνόμην τε καὶ ἡβρυνόμην ἂν
εἰ ἠπιστάμην ταῦτα· ἀλλ᾽ οὐ γὰρ ἐπίσταμαι, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι.
ὑπολάβοι ἂν οὖν τις ὑμῶν ἴσως· “ἀλλ᾽, ὦ Σώκρατες, τὸ σὸν τί ἐστι
πρᾶγμα; πόθεν αἱ διαβολαί σοι αὗται γεγόνασιν; οὐ γὰρ δήπου σοῦ γε
οὐδὲν τῶν ἄλλων περιττότερον πραγματευομένου ἔπειτα τοσαύτη φήμη
τε καὶ λόγος γέγονεν, εἰ μή τι ἔπραττες ἀλλοῖον ἢ οἱ πολλοί. λέγε οὖν
ἡμῖν τί (20d) ἐστιν, ἵνα μὴ ἡμεῖς περὶ σοῦ αὐτοσχεδιάζωμεν”. ταυτί μοι
δοκεῖ δίκαια λέγειν ὁ λέγων, κἀγὼ ὑμῖν πειράσομαι ἀποδεῖξαι τί ποτ᾽
ἐστὶν τοῦτο ὃ ἐμοὶ πεποίηκεν τό τε ὄνομα καὶ τὴν διαβολήν. ἀκούετε δή.
καὶ ἴσως μὲν δόξω τισὶν ὑμῶν παίζειν· εὖ μέντοι ἴστε, πᾶσαν ὑμῖν τὴν
ἀλήθειαν ἐρῶ. ἐγὼ γάρ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, δι᾽ οὐδὲν ἀλλ᾽ ἢ διὰ σοφίαν
τινὰ τοῦτο τὸ ὄνομα ἔσχηκα. ποίαν δὴ σοφίαν ταύτην; ἥπερ ἐστὶν ἴσως
ἀνθρωπίνη σοφία· τῷ ὄντι γὰρ κινδυνεύω ταύτην εἶναι σοφός. οὗτοι δὲ
τάχ᾽ ἄν, οὓς ἄρτι (20e) ἔλεγον, μείζω τινὰ ἢ κατ᾽ ἄνθρωπον σοφίαν σοφοὶ
εἶεν, ἢ οὐκ ἔχω τί λέγω· οὐ γὰρ δὴ ἔγωγε αὐτὴν ἐπίσταμαι, ἀλλ᾽ ὅστις
φησὶ ψεύδεταί τε καὶ ἐπὶ διαβολῇ τῇ ἐμῇ λέγει. καί μοι, ὦ ἄνδρες
Ἀθηναῖοι, μὴ θορυβήσητε, μηδ᾽ ἐὰν δόξω τι ὑμῖν μέγα λέγειν· οὐ γὰρ ἐμὸν
ἐρῶ τὸν λόγον ὃν ἂν λέγω, ἀλλ᾽ εἰς ἀξιόχρεων ὑμῖν τὸν λέγοντα ἀνοίσω.
τῆς γὰρ ἐμῆς, εἰ δή τίς ἐστιν σοφία καὶ οἵα, μάρτυρα ὑμῖν παρέξομαι τὸν
θεὸν τὸν ἐν Δελφοῖς. Χαιρεφῶντα γὰρ ἴστε που.
|
|
Traduction française :
[20] de quitter leurs concitoyens pour s'attacher à eux.
Ceux-ci les payent bien, et leur ont encore une obligation infinie.
J'ai ouï dire aussi qu'il est venu ici un homme de Paros, qui est fort
habile; car m'ayant rencontré l'autre jour chez un
homme qui dépense plus en sophistes que tous nos
autres citoyens ensemble, Callias, fils d'Hipponicus,
je m'avisai de lui dire, en parlant de ses deux fils :
Callias, si tu avais pour enfants deux jeunes chevaux
ou deux jeunes taureaux, ne chercherions-nous
pas à les mettre entre les mains d'un habile homme,
que nous payerions bien, afin qu'il les rendit aussi
beaux et aussi bons qu'ils peuvent être, et qu'il leur
donnât toutes les qualités qu'ils doivent avoir? Et cet
habile homme, ne serait-ce pas un bon écuyer ou
quelque bon laboureur? Mais puisque tu as pour
enfants des hommes, quel maître as-tu donc résolu
de leur donner? Quel maître habile avons-nous pour
les devoirs de l'homme et du citoyen? Car je ne doute
point que tu n'y aies pensé depuis que tu as des enfants;
en connais-tu quelqu'un? - Sans doute, me
répondit Callias. - Qui est-il? repris-je, d'où est-il?
combien prend-il? - C'est Événus, Socrate, me dit-il;
il est de Paros, et il prend cinq mines. Là-dessus,
je trouvai Evénus bien heureux, s'il est vrai qu'il ait
ce talent, et qu'il puisse l'enseigner aux autres.
Pour moi, Athéniens, je serais bien fier et bien
glorieux si j'avais cette habileté; mais malheureusement
je ne l'ai point. Quelqu'un de vous me dira
peut-être : Mais, Socrate, que fais-tu donc? et d'où
viennent ces calomnies que l'on a répandues contre
toi? car si tu n'avais jamais rien fait que ce que font
les autres citoyens, jamais on n'aurait fait courir ces
bruits-là sur toi. Dis-nous donc ce que c'est, afin
que nous ne portions pas un jugement téméraire.
Cette objection me paraît juste; je vais donc tâcher
de vous expliquer ce qui m'a tant décrié et a rendu
mon nom si fameux. Écoutez-moi donc; peut-être
quelques-uns d'entre vous croiront-ils que je ne parle
pas sérieusement, mais soyez bien persuadés que je
ne vous dirai que la vérilê.
La réputation qu'on m'a faite ne vient que d'une
certaine sagesse qui est en moi. Quelle est cette sagesse?
C'est peut-être une sagesse purement humaine;
et je cours grand risque de n'être sage que
de celle-là, au lieu que les hommes dont je viens de
vous parler sont sages d'une sagesse bien plus qu'humaine.
Je n'ai rien à vous dire de cette sagesse, car je ne
la connais point, et tous ceux qui me l'imputent
mentent, et ne cherchent qu'à me calomnier. Mais
je vous conjure, Athéniens, de ne pas vous émouvoir
si je parais vous parler trop avantageusement de
moi-même; je ne vous dirai rien qui vienne de moi,
mais j'attesterai une autorité digne de confiance:
car pour témoin de ma sagesse, je vous donnerai le
dieu même de Delphes, qui vous dira si elle est, et
quelle elle est. Vous connaissez tous Chéréphon;
|
|