[4,36] ἔστι δὲ ἐκ Μοθώνης ὁδὸς σταδίων μάλιστα ἑκατὸν
ἐπὶ τὴν ἄκραν τὸ Κορυφάσιον· ἐπ´ αὐτῇ δὲ ἡ Πύλος
κεῖται. ταύτην ᾤκισε Πύλος ὁ Κλήσωνος ἀγαγὼν ἐκ
τῆς Μεγαρίδος τοὺς ἔχοντας τότε αὐτὴν Λέλεγας· καὶ
τῆς μὲν οὐκ ὤνατο ὑπὸ Νηλέως καὶ τῶν ἐξ Ἰωλκοῦ
Πελασγῶν ἐκβληθείς, ἀποχωρήσας δὲ ἐς τὴν ὅμορον
ἔσχεν ἐνταῦθα Πύλον τὴν ἐν τῇ Ἠλείᾳ. Νηλεὺς δὲ
βασιλεύσας ἐς τοσοῦτο προήγαγεν ἀξιώματος τὴν Πύλον
ὡς καὶ Ὅμηρον ἐν τοῖς ἔπεσιν ἄστυ ἐπονομάσαι Νηλήιον.
ἐνταῦθα ἱερόν ἐστιν Ἀθηνᾶς ἐπίκλησιν Κορυφασίας
καὶ οἶκος καλούμενος Νέστορος· ἐν δὲ αὐτῷ
καὶ ὁ Νέστωρ γέγραπται· καὶ μνῆμα ἐντὸς τῆς πόλεώς
ἐστιν αὐτῷ, τὸ δὲ ὀλίγον ἀπωτέρω τῆς Πύλου Θρασυμήδους
φασὶν εἶναι. καὶ σπήλαιόν ἐστιν ἐντὸς τῆς
πόλεως· βοῦς δὲ ἐνταῦθα τὰς Νέστορος καὶ ἔτι πρότερον
Νηλέως φασὶν αὐλίζεσθαι. εἴη δ´ ἂν Θεσσαλικὸν
τὸ γένος τῶν βοῶν τούτων, Ἰφίκλου ποτὲ τοῦ Πρωτεσιλάου
πατρός· ταύτας γὰρ δὴ τὰς βοῦς Νηλεὺς ἕδνα
ἐπὶ τῇ θυγατρὶ ᾔτει τοὺς μνωμένους, καὶ τούτων ἕνεκα
ὁ Μελάμπους χαριζόμενος τῷ ἀδελφῷ Βίαντι ἀφίκετο
ἐς τὴν Θεσσαλίαν, καὶ ἐδέθη μὲν ὑπὸ τῶν βουκόλων
τοῦ Ἰφίκλου, λαμβάνει δὲ μισθὸν ἐφ´ οἷς αὐτῷ δεηθέντι
ἐμαντεύσατο. ἐσπουδάκεσαν δὲ ἄρα οἱ τότε πλοῦτόν
τινα συλλέγεσθαι τοιοῦτον, ἵππων καὶ βοῶν ἀγέλας,
εἰ δὴ Νηλεύς τε γενέσθαι οἱ βοῦς ἐπεθύμησε τὰς Ἰφίκλου
καὶ Ἡρακλεῖ κατὰ δόξαν τῶν ἐν Ἰβηρίᾳ βοῶν
προσέταξεν Εὐρυσθεὺς ἐλάσαι τῶν Γηρυόνου βοῶν τὴν
ἀγέλην. φαίνεται δὲ καὶ Ἔρυξ τότε ἐν Σικελίᾳ δυναστεύων
δριμὺν οὕτως ἔχων ἐς τὰς βοῦς τὰς ἐξ Ἐρυθείας
ἔρωτα, ὥστε καὶ ἐπάλαισε πρὸς τὸν Ἡρακλέα
ἆθλα ἐπὶ τῇ πάλῃ καταθέμενος τάς τε βοῦς ταύτας
καὶ ἀρχὴν τὴν ἑαυτοῦ. πεποίηκε δὲ καὶ Ὅμηρος ἐν
Ἰλιάδι, ὡς Ἰφιδάμας ὁ Ἀντήνορος τὰ πρῶτα τῶν ἕδνων
ἑκατὸν βοῦς τῷ πενθερῷ δοίη. ταῦτα μὲν τὸν
λόγον μοι βεβαιοῖ, βουσὶ τοὺς τότε χαίρειν μάλιστα
ἀνθρώπους· ἐνέμοντο δὲ ἐμοὶ δοκεῖν αἱ τοῦ Νηλέως
βοῦς ἐν τῇ ὑπερορίᾳ τὰ πολλά· ὑπόψαμμός τε γάρ
ἐστιν ὡς ἐπίπαν ἡ τῶν Πυλίων χώρα καὶ πόαν βουσὶν
οὐχ ἱκανὴ τοσαύτην παρασχέσθαι. μαρτυρεῖ δέ μοι
καὶ Ὅμηρος ἐν μνήμῃ Νέστορος ἐπιλέγων ἀεὶ βασιλέα
αὐτὸν ἠμαθόεντος εἶναι Πύλου.
τοῦ λιμένος δὲ ἡ Σφακτηρία νῆσος προβέβληται,
καθάπερ τοῦ ὅρμου τοῦ Δηλίων ἡ Ῥήνεια· ἐοίκασι δὲ
αἱ ἀνθρώπειαι τύχαι καὶ χωρία τέως ἄγνωστα ἐς δόξαν
προῆχθαι. Καφηρέως τε γάρ ἐστιν ὄνομα τοῦ ἐν Εὐβοίᾳ
τοῖς σὺν Ἀγαμέμνονι Ἕλλησιν ἐπιγενομένου χειμῶνος
ἐνταῦθα, ὡς ἐκομίζοντο ἐξ Ἰλίου· Ψυττάλειάν
τε τὴν ἐπὶ Σαλαμῖνι ἴσμεν ἀπολομένων ἐν αὐτῇ τῶν
Μήδων. ὡσαύτως δὲ καὶ τὴν Σφακτηρίαν τὸ ἀτύχημα
τὸ Λακεδαιμονίων γνώριμον τοῖς πᾶσιν ἐποίησεν· Ἀθηναῖοι
δὲ καὶ Νίκης ἀνέθηκαν ἄγαλμα ἐν ἀκροπόλει
χαλκοῦν ἐς μνήμην τῶν ἐν τῇ Σφακτηρίᾳ.
ἀφικομένων δὲ ἐς Κυπαρισσιὰς ἐκ Πύλου σφίσι
πηγὴ ὑπὸ τῇ πόλει πλησίον θαλάσσης ἐστί· ῥυῆναι δὲ
Διονύσῳ τὸ ὕδωρ λέγουσι θύρσῳ πλήξαντι ἐς τὴν
γῆν, καὶ ἐπὶ τούτῳ Διονυσιάδα ὀνομάζουσι τὴν πηγήν.
ἔστι δὲ καὶ Ἀπόλλωνος ἐν Κυπαρισσιαῖς ἱερὸν καὶ
Ἀθηνᾶς ἐπίκλησιν Κυπαρισσίας. ἐν δὲ Αὐλῶνι καλουμένῳ
ναὸς Ἀσκληπιοῦ καὶ ἄγαλμά ἐστιν Αὐλωνίου·
κατὰ τοῦτο ὁ ποταμὸς ἡ Νέδα μεταξὺ τῆς τε Μεσσηνίας
ἤδη καὶ τῆς Ἠλείας διέξεισιν.
| [4,36] CHAPITRE XXXVI.
De Mothone au promontoire Coryphasium on
compte environ cent stades. Sur ce promontoire
même est la ville cle Pylos, que Pylas, fils
de Cléson, bâtit autrefois, et qu'il peupla de Léléges
qu'il avait amenés de Mégare. Mais il ne
jouit pas longtemps de cette souveraineté ; car il
en fut chassé par Néléé et par des Pélasges venus
d'Iolchos. Contraint de céder sa ville à ces étrangers,
il ne s'éloigna que le moins qu'il put, et
alla occuper un autre Pylos en Elide. La première
devint si florissante sous le règne de Nelée,
qu'Homère l'appelle, par excellence, la ville de
Nelée. On voit à Pylos un temple de Minerve;
surnommée Coryphasia. Une autre curiosité, c'est
la maison de Nestor, où l'on voit encore son
portrait. Le tombeau de ce prince est dans la
ville ; car celui qui est hors des murs, on prétend
que c'est le tombeau de Trasymède. On vous
montrera aussi dans la ville un lieu souterrain,
que l'on dit avoir été l'étable à boeufs de Nestor,
et avant lui de Nelée. Ces boeufs, à ce que l'on
prétend, étaient de Thessalie, et du troupeau
d'Iphiclus, père de Protésilas. Nelée exigea ce
présent de ceux qui recherchaient sa fille en mariage :
or, Mélampus, qui voulait faire plaisir à
son frère Bias, étant venu en Thessalie à dessein
d'enlever ces boeufs, fut pris lui-même par les
pâtres d'Iphiclus, et jeté dans une prison; mais
comme c'était un devin, par les réponses qu'il
rendit à Iphiclus, sur les choses à venir, il mérita
d'avoir ces excellents boeufs pour récompense; ensuite
il les donna à Bias, et Bias à Nelée. La
grande richesse alors consistait à avoir une grande
quantité de boeufs et de chevaux. Aussi voyons-nous
non seulement que Nelée voulut avoir les
boeufs d'Iphiclus, mais qu'Eurysthée ayant su que
Géryon avait en Espagne un troupeau de boeufs
d'une beauté singulière, il commanda à Hercule
de les lui amener. Ce même troupeau venant
d'Erythée, fit tant d'envie à Eryx qui régnait
en Sicile, qu'il voulut disputer le prix de la lutte
avec Hercule, et que le prix fut d'un côté le
royaume d'Eryx, et de l'autre, ce troupeau de
boeufs. Homère nous apprend aussi dans l'Iliade,
qu'Iphidamas, fils d'Antenor, donna entr'autres
choses cent boeufs à son beau-père, en épousant
sa fille, tant il est vrai que dans ces premiers
temps, des troupeaux nombreux étaient ce que l'on
estimait le plus. Mais ceux de Nelée, selon toutes
les apparences, ne paissaient pas dans ses états,
car cette contrée, sablonneuse comme elle est,
ne pouvait pas produire beaucoup de pâturages;
c'est ce qu'Homère témoigne en parlant de Nestor,
il le qualifie toujours roi de Pylos, qui est,
dit-il, un pays fort sablonneux.
Vis-à-vis du port de Pylos, est l'isle Sphactérie,
comme vis-à-vis du port de Délos, est l'isle Rhenée.
Il est assez ordinaire que des lieux obscurs
et inconnus par eux-mêmes, deviennent tout-à-coup
célèbres, pour avoir servi de théâtre aux
jeux de la fortune, ou à quelqu'événement considérable.
C'est ainsi que le naufrage d'Agamemnon
et des Grecs, qui venaient avec lui après la
prise de Troye, a rendu fameux le promontoire
de Capharée en Euboée ; c'est encore ainsi que
Psyttalie, petite isle à l'opposite de Salamine, est
aujourd'hui connue par le massacre de ces quatre
cents Perses, qui y avaient fait une descente. Il
en est de même de Sphactérie ; la défaite des
Lacédémoniens a tiré cette isle de l'obscurité où
elle était, et l'on y voit encore dans la citadelle
une statue de la Victoire, que les Athéniens y
ont laissée pour monument de l'avantage qu'ils
remportèrent alors sur Lacédémone. En allant
de Pylos à Cyparissie, on trouve au sortir de la
ville, et près de la mer, une fontaine que Bacchus,
dit-on, fit sortir en frappant de son thyrse
contre terre ; c'est pourquoi cette fontaine est
appelée la fontaine de Bacchus. A Cyparissie,
il y a deux temples, l'un dédié à Apollon, l'autre
à Minerve Cyparissia. De-là on va à Aulon,
où l'on voit un temple et une statue d'Esculape,
surnommé Aulonius. Ensuite on trouve le fleuve
Nedés, qui borne la Messénie de ce côté-là,
et la sépare de l'Elide.
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