[4,1] Μεσσηνίοις δὲ πρὸς τὴν σφετέραν τὴν ἀπονεμηθεῖσαν
ὑπὸ τοῦ βασιλέως ἐς τὸ Λακωνικὸν ὅροι κατὰ
τὴν Γερηνίαν εἰσὶν ἐφ´ ἡμῶν ἡ ὀνομαζομένη Χοίριος
νάπη. ταύτην τὴν χώραν ἔρημον οὖσαν οὕτω σχεῖν
τοὺς πρώτους λέγουσιν οἰκήτορας· ἀποθανόντος Λέλεγος,
ὃς ἐβασίλευεν ἐν τῇ νῦν Λακωνικῇ, τότε δὲ ἀπ´
ἐκείνου Λελεγίᾳ καλουμένῃ, Μύλης μὲν πρεσβύτερος
ὢν τῶν παίδων ἔσχε τὴν ἀρχήν, Πολυκάων δὲ νεώτερός
τε ἦν ἡλικίᾳ καὶ δι´ αὐτὸ ἰδιώτης, ἐς ὃ Μεσσήνην
τὴν Τριόπα τοῦ Φόρβαντος ἔλαβε γυναῖκα ἐξ Ἄργους.
φρονοῦσα δὲ ἡ Μεσσήνη διὰ τὸν πατέρα, ἀξιώματι
καὶ δυνάμει τῶν τότε προέχοντα Ἑλλήνων, οὐκ
ἠξίου τὸν ἄνδρα ἰδιωτεύειν. ἀθροίσαντες δὲ ἔκ τε
Ἄργους δύναμιν καὶ ἐκ Λακεδαίμονος ἀφίκοντο ἐς ταύτην
τὴν χώραν, καὶ συμπάσῃ μὲν ἐτέθη τῇ γῇ Μεσσήνη
τὸ ὄνομα ἀπὸ τῆς Πολυκάονος γυναικός, πόλεις δὲ
ἄλλαι τε ἐκτίσθησαν καὶ—ἔνθα τὰ βασίλεια κατεσκευάσθη
σφίσιν—Ἀνδανία. πρὸ δὲ τῆς μάχης, ἣν Θηβαῖοι
πρὸς Λακεδαιμονίους ἐμαχέσαντο ἐν Λεύκτροις, καὶ
τοῦ οἰκισμοῦ Μεσσήνης τῆς ἐφ´ ἡμῶν ὑπὸ τῇ Ἰθώμῃ,
πόλιν οὐδεμίαν πω κληθῆναι πρότερον δοκῶ Μεσσήνην·
εἰκάζω δὲ οὐχ ἥκιστα Ὁμήρου τοῖς ἔπεσιν. ἐν μὲν
γὰρ καταλόγῳ τῶν ἐς Ἴλιον ἀφικομένων Πύλον καὶ
Ἀρήνην καὶ ἄλλας καταλέγων οὐδεμίαν πόλιν Μεσσήνην
ἐκάλεσεν· ἐν Ὀδυσσείᾳ δὲ δηλοῖ μὲν καὶ ἐν τῷδε
ἔθνος καὶ οὐ πόλιν τοὺς Μεσσηνίους ὄντας,
μῆλα γὰρ ἐξ Ἰθάκης Μεσσήνιοι ἄνδρες ἄειραν,
σαφέστερον δὲ ἔτι περὶ τοῦ τόξου λέγων τοῦ Ἰφίτου
τὼ δ´ ἐν Μεσσήνῃ ξυμβλήτην ἀλλήλοιιν
οἴκῳ ἐν Ὀρτιλόχοιο.
τοῦ γὰρ Ὀρτιλόχου τὸν οἶκον ἐν τῇ Μεσσήνῃ πόλισμα
εἴρηκε τὰς Φηράς, καὶ τόδε ἐξηγήσατο αὐτὸς ἐν Πεισιστράτου
παρὰ Μενέλαον ἀποδημίᾳ·
ἐς Φηρὰς δ´ ἵκοντο Διοκλῆος ποτὶ δῶμα,
υἱέος Ὀρτιλόχοιο.
πρῶτοι δ´ οὖν βασιλεύουσιν ἐν τῇ χώρᾳ ταύτῃ Πολυκάων
τε ὁ Λέλεγος καὶ Μεσσήνη γυνὴ τοῦ Πολυκάονος.
παρὰ ταύτην τὴν Μεσσήνην τὰ ὄργια κομίζων
τῶν Μεγάλων θεῶν Καύκων ἦλθεν ἐξ Ἐλευσῖνος ὁ
Κελαινοῦ τοῦ Φλύου. Φλῦον δὲ αὐτὸν Ἀθηναῖοι λέγουσι
παῖδα εἶναι Γῆς· ὁμολογεῖ δέ σφισι καὶ ὕμνος
Μουσαίου Λυκομίδαις ποιηθεὶς ἐς Δήμητρα. τὴν δὲ
τελετὴν τῶν Μεγάλων θεῶν Λύκος ὁ Πανδίονος πολλοῖς
ἔτεσιν ὕστερον Καύκωνος προήγαγεν ἐς πλέον τιμῆς·
καὶ Λύκου δρυμὸν ἔτι ὀνομάζουσιν ἔνθα ἐκάθηρε τοὺς
μύστας. καὶ ὅτι μὲν δρυμός ἐστιν ἐν τῇ γῇ ταύτῃ
Λύκου καλούμενος, Ῥιανῷ τῷ Κρητί ἐστι πεποιημένον
πάρ τε τρηχὺν Ἐλαιὸν ὑπὲρ δρυμόν τε Λύκοιο·
ὡς δὲ ὁ Πανδίονος οὗτος ἦν Λύκος, δηλοῖ τὰ ἐπὶ τῇ
εἰκόνι ἔπη τῇ Μεθάπου. μετεκόσμησε γὰρ καὶ Μέθαπος
τῆς τελετῆς ἔστιν ἅ· ὁ δὲ Μέθαπος γένος μὲν ἦν
Ἀθηναῖος, τελεστὴς δὲ καὶ ὀργίων {καὶ} παντοίων συνθέτης.
οὗτος καὶ Θηβαίοις τῶν Καβείρων τὴν τελετὴν
κατεστήσατο, ἀνέθηκε δὲ καὶ ἐς τὸ κλίσιον τὸ Λυκομιδῶν
εἰκόνα ἔχουσαν ἐπίγραμμα ἄλλα τε λέγον καὶ
ὅσα ἡμῖν ἐς πίστιν συντελεῖ τοῦ λόγου·
ἥγνισα δ´ Ἑρμείαο δόμους σεμνῆς τε κέλευθα
Δάματρος καὶ πρωτογόνου Κούρας, ὅθι φασὶ
Μεσσήνην θεῖναι Μεγάλαισι θεαῖσιν ἀγῶνα
Φλυάδεω κλεινοῖο γόνου Καυκωνιάδαο.
θαύμασα δ´ ὡς σύμπαντα Λύκος Πανδιόνιος φὼς
Ἀτθίδος ἱερὰ ἔργα παρ´ Ἀνδανίῃ θέτο κεδνῇ.
τοῦτο τὸ ἐπίγραμμα δηλοῖ μὲν ὡς παρὰ τὴν Μεσσήνην
ἀφίκοιτο ὁ Καύκων ἀπόγονος ὢν Φλύου, δηλοῖ
δὲ καὶ τὰ ἐς τὸν Λύκον τά τε ἄλλα καὶ ὡς ἡ τελετὴ
τὸ ἀρχαῖον ἦν ἐν Ἀνδανίᾳ. καί μοι καὶ τοῦτο εἰκὸς
ἐφαίνετο, τὴν Μεσσήνην μὴ ἑτέρωθι, ἀλλὰ ἔνθα αὐτή
τε καὶ Πολυκάων ᾤκουν, καταστήσασθαι τὴν τελετήν.
| [4,1] CHAPITRE PREMIER.
Les Messéniens suivant qu'il a plu à Auguste
de les borner du côté de la Laconie, confinent
aujourd'hui avec les Géréniens par un bois limitrophe,
qui se nomme le bois Choerius. On dit
que la Messénie, qui était autrefois inculte et
inhabitée, commença à se peupler de la manière
que je vais raconter. Après la mort de Lélex,
qui régnait dans cette partie de la Grèce, que
l'on appelle aujourd'hui la Laconie, et qui du
nom de son souverain s'appelait alors la Lélégie,
Mylès, son fils aîné, lui succéda. Polycaon, le
cadet, mena une vie privée jusqu'à ce qu'il eût
épousé Messène, native d'Argos, fille de Triopas,
et petite-fille de Phorbas. Cette princesse, fière
de la grandeur de son père, qui, en puissance
et en autorité l'emportait sur tous les Grecs, ne
put souffrir de se voir déchue de son rang, et
mariée à un simple particulier ; elle persuade à
son mari de se faire roi, à quelque prix que ce
soit : il lève des troupes à Argos et à Lacédémone,
entre à main armée dans la contrée dont
je parle, s'en empare, et, en considération de sa
fèmme, donne le nom de Messénie à tout le pays.
Aussitôt il bâtit plusieurs villes, et entr'autres
Andanie, dont il fait la capitale de son royaume;
car avant que les Thébains eussent défait
les Lacédémoniens à Leuctres, et qu'ensuite ils
eussent bâti sous Ithome la ville de Messène,
qui subsiste encore à présent, je ne crois pas
qu'il y eût aucune ville de ce nom. C'est une
conjecture que je tire particulièrement des poèmes
d'Homère ; car, dans l'Iliade, ce poète faisant le
dénombrement des troupes qui étaient venues au
siège de Troye, nomme les villes qui avaient
envoyé du secours, Pylos, Arène, plusieurs autres,
et ne fait nulle part mention de Messène;
dans l'Odyssée il donne à entendre que les Messéniens
composaient alors non une ville, mais
une nation, quand il dit qu'Ulysse alla en Messénie
redemander trois cents moutons que les
Messéniens avaient enlevés dans Ithaque. Mais il
s'explique encore plus nettement, lorsqu'en parlant
de l'arc dont Iphitus avait fait présent à Ulysse
chez Orsiloque, il dit que ces deux héros s'étaient
rencontrés dans la Messénie. En effet, Orsiloque
demeurait à Phères, ville de la Messénie, et le
poète nous l'apprend lui-même en racontant le
voyage de Pisistrate et de Télémaque, à la cour de Ménélas.
"A Phéres arrivés ils vont chez Dioclès,
Digne fils d'Orsiloque".
Les premiers donc qui aient régné dans cette
contrée, ce sont Polycaon, fils de Lélex, et
Messène, femme de Polycaon; ce fut même à
cette princesse que Caucon venant d'Eleusis, apporta
le culte et les cérémonies des grandes
déesses. Caucon était fils de Célénus, et
petit-fils de Phlyus. Quant à Phlyus, les Athéniens
le disent fils de la Terre; ce qui s'accorde
avec l'hymne que Musée a faite pour les Lycomèdes,
en l'honneur de Cérès. Plusieurs années
après Caucon, Lycus, fils de Pandion,
rendit le culte des grandes déesses beaucoup plus
auguste ; encore aujourd'hui, les Messéniens ont
un bois qu'ils nomment le bois de Lycus, et où
l'on prétend qu'il purifia tous ceux qui étaient
initiés à ces mystères. Que ce bois subsiste
encore dans la Messénie, Rhianus de Crète nous
le témoigne par ce vers :
"Auprès de l'âpre Elée est le bois de Lycus".
Et que ce Lycus fût fils de Pandion, nous le
voyons attesté par des vers qui sont au bas de
la statue de Méthapus ; car Méthapus arrangea
tout ce qui concernait les cérémonies du culte de
Cérès ; il était Athénien de naissance, et s'entendait
parfaitement bien aux choses qui regardent
la religion. Ce fut lui qui institua la religion
et les mystères des Cabires chez les Thébains,
et qui consacra sa propre statue dans un lieu
affecté à la demeure des Lycomèdes, avec
une inscription qui renferme bien des particularités,
et qui est fort propre à éclaircir le point
que je traite. Cette inscription porte en premier
lieu que Méthapus, qui probablement rapportait
son origine à Mercure, avait répandu chez les
Grecs le culte de la fille aînée de Cérès, c'est-à-dire,
de Proserpine ; secondement, que Messène
avait institué des fêtes en l'honneur des
grandes déesses, suivant le rite et les cérémonies
qu'elle tenait de Caucon, petit-fils de Phlyus ;
troisièmement, que Méthapus étant venu à Andanie,
avait été surpris de voir que Lycus, fils
du vieux Pandion, eût transporté ces mystères
d'Athènes en cette ville de la Messénie ; d'où il
résulte que Caucon, petit-fils de Phlyus, était
venu voir Messène, que Lycus vint ensuite à
Andanie, et que cette ville fut dans ce pays le
premier siège des mystères de Cérès et de Proserpine.
En effet, il me paraît bien raisonnable
que Polycaon et Messène, qui avaient choisi
cette ville pour la capitale de leur royaume, en
fissent aussi le centre de la religion du pays.
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