[3,1] I. μετὰ δὲ τοὺς Ἑρμᾶς ἐστιν ἤδη Λακωνικὴ τὰ πρὸς ἑσπέρας. ὡς δὲ αὐτοὶ
Λακεδαιμόνιοι λέγουσι, Λέλεξ αὐτόχθων ὢν ἐβασίλευσε πρῶτος ἐν τῇ γῇ ταύτῃ
καὶ ἀπὸ τούτου Λέλεγες ὧν ἦρχεν ὠνομάσθησαν. Λέλεγος δὲ γίνεται Μύλης καὶ
νεώτερος Πολυκάων. Πολυκάων μὲν δὴ ὅποι καὶ δι' ἥντινα αἰτίαν ἀπεχώρησεν,
ἑτέρωθι δηλώσω· Μύλητος δὲ τελευτήσαντος παρέλαβεν ὁ παῖς Εὐρώτας τὴν
ἀρχήν. οὗτος τὸ ὕδωρ τὸ λιμνάζον ἐν τῷ πεδίῳ διώρυγι κατήγαγεν ἐπὶ
θάλασσαν, ἀπορρυέντος δὲ - ἦν γὰν δὴ τὸ ὑπόλοιπον ποταμοῦ ῥεῦμα - ὠνόμασεν
Εὐρώταν. (2) ἅτε δὲ οὐκ ὄντων· αὐτῷ παίδων ἀρρένων βασιλεύειν καταλείπει
Λακεδαίμονα, μητρὸς μὲν Ταυγέτης ὄντα, ἀφ' ἧς καὶ τὸ ὄρος ὠνομάσθη, ἐς Δία
δὲ πατέρα ἀνήκοντα κατὰ τὴν φήμην· συνῴκει δὲ ὁ Λακεδαίμων Σπάρτῃ θυγατρὶ
τοῦ Εὐρώτα. τότε δὲ ὡς ἔσχε τὴν ἀρχήν, πρῶτα μὲν τῇ χώρᾳ καὶ τοῖς ἀνθρώποις
μετέθετο ἀφ' αὑτοῦ τὰ ὀνόματα, μετὰ δὲ τοῦτο ᾤκισέ τε καὶ ὠνόμασεν ἀπὸ τῆς
γυναικὸς πόλιν, ἣ Σπάρτη καλεῖται καὶ ἐς ἡμᾶς. (3) Ἀμύκλας δὲ ὁ Λακεδαίμονος,
βουλόμενος ὑπολιπέσθαι τι καὶ αὐτὸς ἐς μνήμην, πόλισμα ἔκτισεν ἐν τῇ
Λακωνικῇ. γενομένων δέ οἱ παίδων Ὑάκινθον μὲν νεώτατον ὄντα καὶ τὸ εἶδος
κάλλιστον κατέλαβεν ἡ πεπρωμένη πρότερον τοῦ πατρός, καὶ Ὑακίνθου μνῆμά
ἐστιν ἐν Ἀμύκλαις ὑπὸ τὸ ἄγαλμα τοῦ Ἀπόλλωνος. ἀποθανόντος δὲ Ἀμύκλα ἐς
Ἄργαλον τὸν πρεσβύτατον τῶν Ἀμύκλα παίδων καὶ ὕστερον ἐς Κυνόρταν
Ἀργάλου τελευτήσαντος ἀφίκετο ἡ ἀρχή. (4) Κυνόρτα δὲ ἐγένετο Οἴβαλος. οὗτος
Γοργοφόνην τε τὴν Περσέως γυναῖκα ἔσχεν ἐξ Ἄργους καὶ παῖδα ἔσχε
Τυνδάρεων, ᾧ περὶ τῆς βασιλείας Ἱπποκόων ἠμφισβήτει καὶ κατὰ πρεσβείαν
ἔχειν ἠξίου τὴν ἀρχήν. προσλαβὼν δὲ Ἰκάριον καὶ τοὺς στασιώτας παρὰ πολύ τε
ὑπερεβάλετο δυνάμει Τυνδάρεων καὶ ἠνάγκασεν ἀποχωρῆσαι δείσαντα, ὡς μὲν
Λακεδαιμόνιοί φασιν, ἐς Πελλάναν, Μεσσηνίων δέ ἐστιν ἐς αὐτὸν λόγος Τυνδάρεων
φεύγοντα ἐλθεῖν ὡς Ἀφαρέα ἐς τὴν Μεσσηνίαν εἶναί τε Ἀφαρέα τὸν Περιήρους
ἀδελφὸν Τυνδάρεω πρὸς μητρός· καὶ οἰκῆσαί τε αὐτὸν τῆς Μεσσηνίας φασὶν ἐν
Θαλάμαις καὶ τοὺς παῖδας ἐνταῦθα οἰκοῦντι αὐτῷ γενέσθαι. (5) χρόνῳ δὲ
ὕστερον κατῆλθέ τε ὑπὸ Ἡρακλέους Τυνδάρεως καὶ ἀνενεώσατο τὴν ἀρχὴν·
ἐβασίλευσαν δὲ καὶ οἱ Τυνδάρεω παῖδες καὶ Μενέλαος ὁ Ἀτρέως Τυνδάρεω
γαμβρὸς ὢν Ὀρέστης τε Ἑρμιόνῃ τῇ Μενελάου συνοικῶν. κατελθόντων δὲ
Ἡρακλειδῶν ἐπὶ Τισαμενοῦ τοῦ Ὀρέστου βασιλεύοντος, Μεσσήνη μὲν καὶ Ἄργος
ἑκατέρα μοῖρα Τήμενον, ἡ δὲ Κρεσφόντην ἔσχεν ἄρχοντας· ἐν Λακεδαίμονι δὲ
ὄντων διδύμων τῶν Ἀριστοδήμου παίδων οἰκίαι δύο βασίλειαι γίνονται·
(6) συναρέσαι γὰρ τῇ Πυθίᾳ φασίν. Ἀριστοδήμῳ δὲ αὐτῷ πρότερον τὴν τελευτὴν
συμβῆναι λέγουσιν ἐν Δελφοῖς πρὶν ἢ Δωριέας κατελθεῖν ἐς Πελοπόννησον. οἱ
μὲν δὴ ἀποσεμνύνοντες τὰ ἐς αὐτὸν τοξευθῆναι λέγουσιν Ἀριστόδημον ὑπὸ
Ἀπόλλωνος, ὅτι οὐκ ἀφίκοιτο ἐπὶ τὸ μαντεῖον, παρὰ δὲ Ἡρακλέους ἐντυχόντος οἱ
πρότερον πύθοιτο ὡς ἐς Πελοπόννησον Δωριεῦσι γενήσεται ἥδε ἡ κάθοδος· ὁ δὲ
ἀληθέστερος ἔχει λόγος Πυλάδου τοὺς παῖδας καὶ Ἠλέκτρας, ἀνεψιοὺς ὄντας
Τισαμενῷ τῷ Ὀρέστου, φονεῦσαι τὸν Ἀριστόδημον. (7) ὀνόματα μὲν δὴ τοῖς
παισὶν αὐτοῦ Προκλῆς καὶ Εὐρυσθένης ἐτέθη, δίδυμοι δὲ ὄντες διάφοροι τὰ
μάλιστα ἦσαν. προεληλυθότες δὲ ἐπὶ μέγα ἀπεχθείας ὅμως ἐν κοινῷ Θήρᾳ τῷ
Αὐτεσίωνος, ἀδελφῷ τῆς μητρὸς σφῶν ὄντι Ἀργείας, ἐπιτροπεύσαντι δὲ καὶ
αὐτῶν, συνήραντο ἐς ἀποικίαν. τὴν δὲ ἀποικίαν ὁ Θήρας ἔστελλεν ἐς τὴν νῆσον
τὴν τότε ὀνομαζομένην Καλλίστην, τοὺς ἀπογόνους οἱ τοῦ Μεμβλιάρου
παραχωρήσεσθαι τῆς βασιλείας ἐλπίζων ἑκόντας, ὅπερ οὖν καὶ ἐποίησαν
(8) λαβόντες λογισμὸν ὅτι Θήρᾳ μὲν ἐς αὐτὸν ἀνῄει Κάδμον τὸ γένος, οἱ δὲ ἦσαν
ἀπόγονοι Μεμβλιάρου· Μεμβλίαρον δὲ ἄνδρα ὄντα τοῦ δήμου Κάδμος ἐν τῇ
νήσῳ κατέλιπεν ἡγεμόνα εἶναι τῶν ἐποίκων. καὶ Θήρας μὲν τῇ τε νήσῳ
μετέβαλεν ἀφ' ἑαυτοῦ τὸ ὄνομα καί οἱ καὶ νῦν ἔτι οἱ Θηραῖοι κατὰ ἔτος
ἐναγίζουσιν ὡς οἰκιστῇ· Προκλεῖ δὲ καὶ Εὐρυσθένει μέχρι μὲν τῆς προθυμίας τῆς
ἐς τὸν Θήραν ἐς τὸ αὐτὸ συνῆλθον αἱ γνῶμαι, τὰ δὲ λοιπὰ διειστήκει σφίσιν ἐπὶ
παντὶ τὰ βουλεύματα. (9) οὐ μὴν οὐδὲ ὁμονοησάντων τοὺς ἀπογόνους αὐτῶν ἐς
κοινὸν κατάλογον ὑπάξειν ἔμελλον· οὐ γάρ τι τὰ πάντα ἐς τὸ αὐτὸ
συνεληλύθασιν ἡλικίας, ὡς ἀνεψιόν τε ἀνεψιῷ καὶ ἀνεψιῶν παῖδας, ὡσαύτως δὲ
καὶ τοὺς κατωτέρω κατὰ ἀριθμὸν τυχεῖν ἀλλήλοις γεγονότας τὸν ἴσον. ἑκατέραν
οὖν τὴν οἰκίαν ἐπέξειμι αὐτῶν ἰδίως καὶ οὐκ ἀμφοτέρας ἅμα ἐς τὸ αὐτὸ
ἀναμίξας.
| [3,1] CHAPITRE PREMIER.
Après les Hermès vous avez la Laconie au couchant;
les Lacédémoniens assurent eux-mêmes que
Lélex, enfant de la Terre, est le premier qui ait
régné dans le pays, et que de son nom ses peuples
furent nommés Lélèges. Ce prince eut deux fils,
Mylès et Polycaon : je dirai, dans un autre endroit,
ce que devint Polycaon, et pourquoi il alla s'établir
ailleurs. Mylès étant mort, son fils, Eurotas, lui
succéda. Celui-ci voyant que son pays était inondé,
et que les eaux séjournaient sur la terre, fit ouvrir
un canal par où une partie des eaux s'écoula
dans la mer; l'autre partie forma un fleuve qu'il
appela, de son nom, Eurotas. Comme il n'avait
point d'enfants mâles, quand il fut près de sa
fin, il laissa le royaume à Lacédémon; ce Lacédémon
avait pour mère Taygète, qui donna
son nom à une montagne; et pour père, suivant
la commune opinion, Jupiter même; il avait
épousé Sparté, fille d'Eurotas et dès qu'il eut
pris possession du royaume, il voulut que tout
le pays et les habitants s'appelassent de son nom;
ensuite il bâtit une ville qu'il appela Sparte, du nom
de sa femme, nom que cette ville a toujours gardé.
Son fils, Amyclas, voulant aussi laisser quelque
monument après lui, bâtit, à l'exemple de son père,
une ville qu'il nomma Amycle. Il fut père de plusieurs
enfants, mais il eut le déplaisir de perdre le
plus jeune de tous, qui avait nom Hyacinthe. Cet
enfant, qui était d'une rare beauté, lui fut ravi
par un cruel accident, et son tombeau se voit
encore à Amycle, sous une statue d'Apollon. Après
la mort d'Amyclas, la couronne passa à Argalus,
l'aîné de ses enfànts, et d' rgalus à son frère
Cynortas, qui eut pour fils OEbalus; celui-ci épousa
Gorgophone, argienne et fille de Persée, de laquelle
il eut Tyndare, qui devait naturellement succéder
à son père; mais Hippocoon lui disputa l'empire,
et fut préféré à cause de son âge. Ensuite, soutenu
d'Icarius et de ses troupes, il se trouva fort
supérieur à Tyndare. Les Lacédémoniens prétendent
que celui-ci voyant la partie inégale, fut
obligé cle se retirer à Pellane pour mettre sa vie
en sûreté. Mais les Messéniens disent qu'il se réfugia
chez eux auprès d'Apharéüs, qui était son frère
utérin et fils de Périéres; ils ajoutent qu'il établit
son domicile à Thalames, ville de la Messénie; que
là il se maria, eut des enfants, et au bout de quelque
temps fut rétabli sur le trône par Hercule. A
Tyndare succédèrent ses enfants, qui eurent pour
successeur, premièrement, Ménélas, fils d'Atrée
et gendre de Tyndare; puis Oreste, qui avait épousé
Hermione, fille de Ménélas. Les Héraclides rentrèrent
dans le Péloponnèse, sous le règne de
Tisamène, fils d'Oreste; ce fut alors que les Argiens
et les Messéniens se partageant entre les deux
frères, eurent pour roi les uns Téménus, les autres Cresphonte.
D'un autre côté, Aristodème avait laissé deux
fils jumeaux. De-là ces deux familles qui régnèrent
à Sparte en même temps, et que la Pythie, dit-on,
ne désapprouva pas. Pour Aristodème, il était
mort à Delphes, avant que les Doriens fussent
revenus dans le Péloponnèse, et les Lacédémoniens
qui tournent tout à leur avantage, disent qu'Apollon
l'avait percé de ses flèches, parce qu'il était
venu à Delphes, non pour consulter l'oracle, mais
pour prendre avec Hercule, qui s'y était rencontré,
des mesures sur le retour des Doriens dans le Péloponnèse;
cependant il est plus vraisemblable qu'Aristodème
fut tué par les fils de Pylade et d'Electre,
qui étaient cousins germains de Tisamène, fils
d'Oreste. Quant aux deux jumeaux qu'il laissa, ils
se nommaient Proclès et Eurysthène; mais
pour être nés jumeaux, ils ne s'en accordaient pas
mieux ensemble. Cependant, leur antipathie ne les
empêcha pas d'assister de toutes leurs forces,
Théras, frère d'Argia leur mère, fils d'Autésion,
et d'ailleurs leur tuteur, qui voulait
mener une colonie dans cette isle, que l'on appelait
Calliste; l'espérance de Théras était que les descendants
de Membliarius, qui régnaient dans
cette isle, lui en céderaient l'empire, et ils le
firent par la raison que Théras rapportait son
origne à Cadmus, au lieu qu'eux ils descendaient
de Membliarius, homme de basse naissance,
à qui Cadmus avait donné quelque autorité
sur la peuplade qui s'était nouvellement
transplantée dans cette isle. Théras se voyant maître
de l'isle, changea le nom qu'elle avait eu jusqu'alors,
et lui donna le sien, qu'elle a conservé
depuis ; et encore à présent les Théréens lui rendent
tous les ans des honneurs sur son tombeau, comme
à l'auteur de la colonie par qui leur pays a été
peuplé. A l'égard de Proclès et d'Eurysthène, ils
agissaient toujours de concert quand ü fallait obéir
à leur oncle; en tout le reste, leur division et leur
incompatibilité étaient extrêmes. Mais quand ils
auraient été plus unis, je ne pourrais pas pour
cela comprendre dans un même récit leur histoire
et celle de leurs descendants; car les familles venant
à se multiplier avec les années, il n'est pas possible
que les oncles, les neveux, les cousins germains,
et les enfants des uns et des autres, n'entraînent
des différences de temps, d'âge, de durée,
qui demandent des narrations différentes. Je ferai
donc mieux de m'attacher d'abord à une branche
pour tenir ensuite à l'autre.
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