[8,73] Εἶθ´ ἑξῆς προτρέπεται ἡμᾶς ὁ Κέλσος ἀρήγειν τῷ
βασιλεῖ παντὶ σθένει καὶ συμπονεῖν αὐτῷ τὰ δίκαια καὶ
ὑπερμαχεῖν αὐτοῦ καὶ συστρατεύειν αὐτῷ, ἂν ἐπείγῃ, καὶ
συστρατηγεῖν. Λεκτέον δὲ καὶ πρὸς ταῦτα ὅτι ἀρήγομεν κατὰ
καιρὸν τοῖς βασιλεῦσι θείαν, ἵν´ οὕτως εἴπω, ἄρηξιν, καὶ
«πανοπλίαν» ἀναλαμβάνοντες «θεοῦ». Καὶ ταῦτα ποιοῦμεν
πειθόμενοι ἀποστολικῇ φωνῇ λεγούσῃ· «Παρακαλῶ
οὖν ὑμᾶς πρῶτον ποιεῖσθαι δεήσεις, προσευχάς, ἐντεύξεις,
εὐχαριστίας ὑπὲρ πάντων ἀνθρώπων, ὑπὲρ βασιλέων καὶ
πάντων τῶν ἐν ὑπεροχῇ ὄντων.» Καὶ ὅσῳ γε τὶς εὐσεβέστερός
ἐστι, τοσούτῳ ἀνυτικώτερος ἐν τῷ ἀρήγειν τοῖς
βασιλεύουσι παρὰ τοὺς εἰς τὰς παρατάξεις ἐξιόντας στρατιώτας
καὶ ἀναιροῦντας οὓς ἂν δύνωνται τῶν πολεμίων.
Εἶτα δὲ καὶ ταῦτ´ εἴποιμεν ἂν πρὸς τοὺς ἀλλοτρίους τῆς
πίστεως καὶ ἀξιοῦντας ἡμᾶς στρατεύεσθαι ὑπὲρ τοῦ κοινοῦ
καὶ ἀνθρώπους ἀναιρεῖν ὅτι καὶ οἱ καθ´ ὑμᾶς ἱερεῖς ἀγαλμάτων
τινῶν καὶ νεωκόροι ὧν νομίζετε θεῶν τηροῦσιν ἑαυτῶν
ἀμίαντον τὴν δεξιὰν διὰ τὰς θυσίας, ἵν´ ἀναιμάκτοις χερσὶ
καὶ καθαραῖς ἀπὸ φόνων προσάγωσι τὰς νενομισμένας
θυσίας οἷς φατε θεοῖς· καὶ οὐ δή που πολέμου καταλαβόντος
καὶ τοὺς ἱερεῖς στρατεύετε. Εἰ οὖν τοῦτ´ εὐλόγως γίνεται,
πόσῳ μᾶλλον ἄλλων στρατευομένων καὶ οὗτοι στρατεύονται
ὡς ἱερεῖς τοῦ θεοῦ καὶ θεραπευταί, καθαρὰς μὲν τηροῦντες
τὰς δεξιὰς ἀγωνιζόμενοι δὲ διὰ τῶν πρὸς θεὸν εὐχῶν ὑπὲρ
τῶν δικαίως στρατευομένων καὶ ὑπὲρ τοῦ δικαίως βασιλεύοντος,
ἵνα τὰ ἐναντία πάντα καὶ ἐχθρὰ τοῖς δικαίως
πράττουσι καθαιρεθῇ; Ἡμεῖς δὲ καὶ ταῖς εὐχαῖς πάντας
δαίμονας, τοὺς ἐγείροντας τὰ πολεμικὰ καὶ ὅρκους συγχέοντας
καὶ τὴν εἰρήνην ταράσσοντας, καθαιροῦντες μᾶλλον βοηθοῦμεν
τοῖς βασιλεύουσιν ἤπερ οἱ δοκοῦντες στρατεύεσθαι. Συμπονοῦμεν
δὲ τοῖς κοινοῖς πράγμασιν οἱ μετὰ δικαιοσύνης
ἀναφέροντες προσευχάς, σὺν ἀσκήσεσι καὶ μελέταις διδασκούσαις
καταφρονεῖν ἡδονῶν καὶ μὴ ἄγεσθαι ὑπ´ αὐτῶν.
Ἡμεῖς καὶ μᾶλλον ὑπερμαχοῦμεν τοῦ βασιλέως· καὶ οὐ
συστρατευόμεθα μὲν αὐτῷ, κἂν ἐπείγῃ, στρατευόμεθα δὲ
ὑπὲρ αὐτοῦ ἴδιον στρατόπεδον εὐσεβείας συγκροτοῦντες διὰ
τῶν πρὸς τὸ θεῖον ἐντεύξεων.
| [8,73] Après cela, il nous exhorte à secourir le roi (ou l'empereur) de toutes
nos forces, à partager avec lui ses justes travaux, à combattre pour lui,
à porter les armes sous lui, s'il nous veut obliger à les prendre pour lui
aider à conduire ses armées. Il faut répondre que nous secourons les rois
dans les occasions, et que nous leur donnons pour ainsi dire un secours
divin, étant armés de toutes les armes de Dieu (Ephés., VI, 13). En quoi
nous obéissons à ce commandement de l'apôtre : je vous conjure, avant
toutes choses, que l'on fasse des supplications, des prières, des demandes
et des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et pour tous
ceux qui se sont élevés en dignité (I Tïm., II,1,2). Plus donc on a de
piété, plus on est propre à donner du secours aux princes, et ce secours
est même bien plus efficace que celui des soldats qui vont à l'armée, et
qui tuent autant d'ennemis qu'ils peuvent. Nous pouvons dire encore ici à
ceux qui ne sont pas de notre créance et qui voudraient que nous
portassions les armes pour défendre le public, en tuant des hommes : vos
propres sacrificateurs qui prennent soin de vos simulacres, et qui font le
service dans les temples de vos dieux, conservent leurs mains pures, à
cause des victimes qu'ils doivent toucher, craignant d'offrir avec des
mains souillées de sang ou de meurtres, les sacrifices institués à
l'honneur des dieux qu'on adore parmi vous. Ainsi, quelque guerre qui
s'élève, vous n'enrôlez point les sacrificateurs. Si cela est raisonnable,
combien plus l'est-il que, quand les autres hommes prennent les armes,
ceux dont il s'agit ne les prennent que comme sacrificateurs et ministres
de Dieu; qui conservent leurs mains pures, mais qui combattant par leurs
prières pour ceux dont les armes sont justes, et pour celui dont le règne
l'est aussi, demandent à Dieu qu'il détruise toutes les puissances
ennemies et tout ce qui peut s'opposer à la bonne cause ? Lors encore que
nous mettons en déroute par nos prières, tous les démons qui tâchent
d'allumer la guerre, de faire qu'on viole la foi des traités, et de
troubler ainsi la paix, nous rendons plus de service aux princes que ce
qu'en appelle leurs troupes. Nous travaillons aussi pour le bien commun,
quand aux prières que nous faisons justement, nous ajoutons des exercices
et des méditations qui enseignent à mépriser les voluptés, et à ne s'y pas
abandonner. Il n'y a personne non plus, qui combatte mieux que nous pour
le roi (ou l'empereur). Il est vrai que nous ne portons pas les armes
sous lui, et que nous ne le ferions pas quand il voudrait nous y obliger;
mais nous les portons pour lui dans un camp à part, formé par la piété et
muni des prières que nous adressons à Dieu.
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