[8,68] Εἶθ´ ἑξῆς φησιν ὁ Κέλσος ὅτι οὐ χρὴ ἀπιστεῖν ἀνδρὶ
ἀρχαίῳ, πάλαι προειπόντι τό·
Εἷς βασιλεύς, ᾧ ἔδωκε Κρόνου παῖς ἀγκυλομήτεω.
Καὶ ἐπιφέρει· Ὡς, ἂν τοῦτο λύσῃς τὸ δόγμα, εἰκότως
ἀμυνεῖταί σε ὁ βασιλεύς. Εἰ γὰρ τὸ αὐτό σοι ποιήσειαν
ἅπαντες, οὐδὲν κωλύσει τὸν μὲν καταλειφθῆναι μόνον καὶ
ἔρημον, τὰ δ´ ἐπὶ γῆς ἐπὶ τοῖς ἀνομωτάτοις τε καὶ ἀγριωτάτοις
βαρβάροις γενέσθαι, καὶ μήτε τῆς σῆς θρησκείας μήτε
τῆς ἀληθινῆς σοφίας ἐν ἀνθρώποις ἔτι καταλείπεσθαι κλέος.
Εἷς μὲν οὖν
κοίρανος ἔστω,
εἷς βασιλεύς,
οὐχ
ᾧ ἔδωκε Κρόνου παῖς ἀγκυλομήτεω,
ἀλλ´ ᾧ ἔδωκεν ὁ καθιστῶν «βασιλεῖς καὶ» μεθιστῶν «καὶ
τὸν χρήσιμον» κατὰ καιρὸν ἐγείρων ἐπὶ τῆς γῆς· καὶ οὐχ
ὁ τοῦ καταταρταρωθέντος, ὡς οἱ μῦθοι Ἑλλήνων λέγουσι,
Κρόνου υἱὸς ἀπελάσας τοῦτον τῆς ἀρχῆς καθίστησι βασιλεῖς,
οὐδ´ ἂν ἀλληγορῇ τις τὰ κατὰ τοὺς τόπους, ἀλλ´ ὁ διοικῶν
τὰ σύμπαντα θεὸς οἶδεν ὅ τι ποτὲ ποιεῖ κατὰ τὸν τόπον
τῆς τῶν βασιλέων καταστάσεως.
Λύομεν οὖν τὸ δόγμα·
ᾯ ἔδωκε Κρόνου παῖς ἀγκυλομήτεω,
οὐδὲν ἀγκύλον καὶ σκολιὸν βούλεσθαι πειθόμενοι θεὸν ἢ
πατέρα θεοῦ. Οὐ λύομεν δὲ τὸ δόγμα τὸ περὶ προνοίας καὶ
τῶν εἴτε προηγουμένως ὑπ´ αὐτῆς γινομένων εἴτε καὶ ἔκ
τινων ἐπακολουθούντων. Ἀλλ´ οὐδ´ εἰκότως ἡμᾶς ἀμύνεται
βασιλεύς, φάσκοντας μὲν ὅτι οὐ
Κρόνου παῖς ἀγκυλομήτεω
ἔδωκεν αὐτῷ τὸ βασιλεύειν, ὁ δὲ μεθιστῶν «βασιλεῖς καὶ»
καθιστῶν. Καὶ τὸ αὐτό γε ποιείτωσάν μοι ἅπαντες, τὸ μὲν
ὁμηρικὸν καταλύοντες δόγμα τὸ δὲ θεῖον περὶ βασιλέως
τηροῦντες καὶ τὸ «τὸν βασιλέα τιμᾶτε» φυλάττοντες·
καίτοι ὡς ἐν ὑποθέσει γε τοιαύτῃ οὔτε μόνος ὁ βασιλεὺς
καταλειφθήσεται οὔτ´ ἔρημος ἔσται οὔτε τὰ ἐπὶ γῆς ἐπὶ
τοῖς ἀνομωτάτοις καὶ ἀγριωτάτοις βαρβάροις ἔσται. Εἰ γάρ,
ὡς λέγει Κέλσος, τὸ αὐτό μοι ποιήσειαν ἅπαντες, δηλονότι
καὶ οἱ βάρβαροι τῷ λόγῳ τοῦ θεοῦ προσελθόντες νομιμώτατοι
ἔσονται καὶ ἡμερώτατοι· καὶ πᾶσα μὲν θρησκεία καταλυθήσεται
μόνη δὲ ἡ Χριστιανῶν κρατήσει, ἥτις καὶ μόνη ποτὲ
κρατήσει, τοῦ λόγου ἀεὶ πλείονας νεμομένου ψυχάς.
| [8,68] Celse dit après cela que nous ne devons pas refuser de croire le
témoignage de cet ancien qui a dit il y a si longtemps :
"Il ne fut qu'un seul roi,
Celui qu'il plaît au fils du frauduleux Saturne". (ILIADE, II, v. 205.)
Et il ajoute : Si vous vouliez renverser ce dogme, vous en seriez
justement puni par le prince (gr., roi). Car, si tous en faisaient autant,
rien n'empêcherait qu'étant abandonné de chacun, il ne demeurât seul, et
que les choses du monde ne fussent exposées aux Barbares les plus sauvages
et les plus cruels, sans que ni le culte de votre religion, ni la gloire
de la vraie sagesse pût se maintenir parmi les hommes. Si donc
"Il ne faut qu'un seul maître, il ne faut qu'un seul roi;
ce doit être non
Celui qu'il plaît au fils du frauduleux Saturne".
mais celui qu'il plaît au Dieu qui établit et qui détrône les rois, qui
donne dans le besoin un prince à la terre pour la gouverner utilement
(Dan., II, 21; Eccles.,X, 4). Ce n'est pas le fils de ce Saturne relégué
dans le Tartare, à ce que disent les fables des Grecs ; ce n'est pas ce
Fils qui établit les rois, lui qui a ôté l'empire à son propre père : on
aurait beau nous faire des allégories sur toutes ces histoires. C'est le
grand Dieu qui, comme il est l'arbitre de toutes choses, sait aussi de
quelle façon il dispense ce qui regarde l'établissement des rois. Nous en
renversons donc bien le dogme par rapport au fils du frauduleux Saturne;
étant persuadés que Dieu, ni le Père de Dieu ne veut jamais rien de
frauduleux ou d'oblique: mais au reste nous ne le renversons point par
rapport à la Providence et à ce qu'elle fait, soit dans sa première vue,
soit par des suites nécessaires. Un roi (ou l'empereur) ne nous saurait
punir justement de dire comme nous faisons, que c'est non le Fils du
frauduleux Saturne qui le fait régner, mais celui qui établit les rois et
qui les détrône. Et il serait à souhaiter que tous en fissent autant que
nous ; que rejetant le dogme d'Homère, ils reçussent celui dont Dieu est
l'auteur, sur le sujet des royaumes de la terre, et qu'ils obéissent au
commandement qu'il nous fait, d'honorer le roi (I Pierre, II, 17). Suivant
les principes que nous posons, le roi ne demeurera point seul, et il ne
sera point abandonné; et l'on ne verra point les choses du monde exposées
aux Barbares les plus sauvages et les plus cruels ; car si tous, comme dit
Celse, en faisaient autant que nous, il est évident que les Barbares
mêmes, se soumettant à la parole de Dieu, deviendraient parfaitement doux
et retenus ; et que toute sorte de culte serait aboli, excepté celui de la
religion chrétienne, qui seule demeurerait triomphante : comme cela
arrivera en effet avec le temps, l'Évangile faisant de jour en jour
impression sur on plus grand nombre d'âmes.
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