[8,65] Ἡμῖν μέντοι γε καταφρονητέον ἐξευμενισμοῦ ἀνθρώπων
καὶ βασιλέων, οὐ μόνον ἐὰν διὰ μιαιφονιῶν καὶ ἀσελγειῶν
καὶ ὠμοτάτων πράξεων ἐξευμενιζώμεθα αὐτούς, ἀλλὰ καὶ
ἐὰν διὰ τῆς εἰς τὸν θεὸν τῶν ὅλων ἀσεβείας ἤ τινος μετὰ
δουλοπρεπείας καὶ ταπεινότητος φωνῆς, ἀλλοτρίας ἀνδρείων
καὶ μεγαλοψύχων ἀνδρῶν καὶ τὴν καρτερίαν ὡς μεγίστην
ἀρετὴν συναναλαβεῖν ταῖς ἄλλαις ἐθελόντων. Ἔνθα μέντοι
οὐδὲν ἐναντίον πράττομεν νόμῳ καὶ λόγῳ θεοῦ, οὐ μεμήναμεν
οὐδ´ ὁρμῶμεν καθ´ ἑαυτῶν ἐγείρειν βασιλέως ἢ δυνάστου
θυμόν, ἐπὶ αἰκίας καὶ βασανιστήρια ἢ καὶ θανάτους ἡμᾶς
φέροντα. Ἀνέγνωμεν γὰρ καὶ τὸ «Πᾶσα ψυχὴ ἐξουσίαις
ὑπερεχούσαις ὑποτασσέσθω. Οὐ γάρ ἐστιν ἐξουσία εἰ μὴ ὑπὸ
θεοῦ, αἱ δὲ οὖσαι ὑπὸ θεοῦ τεταγμέναι εἰσίν· ὥστε οἱ ἀνθεστηκότες
τῇ ἐξουσίᾳ τῇ τοῦ θεοῦ διαταγῇ ἀνθίστανται».
Ἐν μέντοι γε τοῖς εἰς τὴν πρὸς Ῥωμαίους ἐξηγητικοῖς, ὡς
δυνατὸν ἦν ἡμῖν, ἐπὶ πλεῖον καὶ ταῦτα τὰ ῥήματα ποικίλως
ἐξητάσαμεν· νῦν δ´ αὐτὰ εἰς τὸ προκείμενον ἁπλούστερον
κατὰ τὴν κοινοτέραν ἐκδοχὴν παρειλήφαμεν, ἐπείπερ φησὶν
ὁ Κέλσος· Οὐδὲ τούτους ἄνευ δαιμονίας ἰσχύος τῶν τῇδε
εἶναι ἠξιωμένους.
Καὶ ἐπεὶ πολὺς ἦν ὁ λόγος ὁ περὶ τῆς τῶν βασιλευόντων
καὶ δυναστῶν καταστάσεως, πολλῆς ζητήσεως οὔσης κατὰ
τὸν τόπον διὰ τοὺς ὠμότερον καὶ τυραννικώτερον ἄρξαντας
ἢ τοὺς ἐκ τοῦ ἄρχειν ἐπὶ θρύψιν καὶ τρυφὴν ἐξοκείλαντας,
διὰ τοῦτο ἐπὶ τοῦ παρόντος τὸ πρόβλημα ἐξετάσαι ὑπερεθέμεθα.
Τύχην μέντοι βασιλέως οὐκ ὄμνυμεν ὡς οὐδ´ ἄλλον
νομιζόμενον θεόν· εἴτε γάρ, ὡς ὠνόμασάν τινες, ἐκφορὰ
μόνον ἐστὶν ἡ τύχη ὁμοίως δοκήσει καὶ διαστάσει, οὐκ
ὄμνυμεν τὸ μηδαμῶς ὂν ὡς θεὸν ἢ ὅλως ὑφεστηκὸς καὶ
δυνάμενόν τι ποιῆσαι, ἵνα μὴ τὴν ὀμοτικὴν δύναμιν εἰς ἃ μὴ
δεῖ παραλαμβάνωμεν, εἴτε καί—ὥς τισιν ἔδοξεν εἰποῦσι·
τοῦ Ῥωμαίων βασιλέως τὸν δαίμονα ὀμνῦσιν οἱ τὴν τύχην
αὐτοῦ ὀμνύοντες—δαίμων ἐστὶν ἡ ὀνομαζομένη τύχη τοῦ
βασιλέως, καὶ οὕτως ἀποθανητέον ἐστὶ μᾶλλον ἡμῖν ὑπὲρ
τοῦ μὴ ὀμόσαι μοχθηρὸν δαίμονα καὶ ἄπιστον, πολλάκις
συνεξαμαρτάνοντα ᾧ ἔλαχεν ἀνθρώπῳ ἢ καὶ πλέον αὐτοῦ
ἁμαρτάνοντα.
| [8,65] Pour ce qui est des hommes et
des rois mêmes, nous devons aussi mépriser leur faveur non seulement si
elle s'acquiert par des meurtres, par des violences et par des impuretés,
mais encore si l'on ne peut en jouir sans renoncer à la piété qui est due
au Dieu de l'univers, ou qu'avec des bassesses et des flatteries indignes
d'un cœur noble et généreux qui met la grandeur d'âme au rang des
principales vertus, et qui ne veut pas la séparer des autres. Au reste,
quand on ne nous oblige à rien qui soit contraire à la loi ou à la parole
de Dieu, nous ne sommes pas des fous et des furieux qui prenions plaisir à
irriter contre nous les rois et les princes, afin de nous attirer des
châtiments, des supplices et la mort. C'est ici une des leçons que nous
avons apprises : Que toute personne soit soumise aux puissances
supérieures : car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et
c'est lui qui a ordonné celles qui sont sur la terre. C'est pourquoi celui
qui s'oppose aux puissances résiste à l'ordre de Dieu (Rom., XIII, 1, 2).
Nous avons expliqué au long ces paroles et leur avons donné divers
éclaircissements, autant que nous en avons été capables, dans nos
commentaires sur l'épître aux Romains ; mais ici nous les appliquons au
sujet dont il s'agit dans leur sens le plus simple et le plus commun, en
vue de ce que dit Celse, que ce n'est point sans l'autorité des démons que
les rois sont élevés au rang qu'ils tiennent. Il y aurait beaucoup de
choses à dire et une grande question à vider sur l'établissement des
puissances qui ont en main le gouvernement et l'empire, parce qu'il y en a
qui en usent d'une manière cruelle et tyrannique, ou qui en prennent
occasion de s'abandonner aux voluptés et à la débauche : ce qui fait que
nous nous dispenserons d'entrer présentement dans l'examen de cette
matière. Mais de jurer par la fortune du prince (gr., roi), c'est ce que
nous ne faisons point, non plus que par aucune de ces autres divinités que
l'on se figure; car soit que la fortune ne soit autre chose que le cours
incertain des événements, comme quelques-uns en parlent, quoiqu'ils
semblent n'être pas bien d'accord là-dessus, nous ne voulons pas jurer par
une chose qui n'a point d'existence réelle, comme si c'était un Dieu, ou
du moins un être qui subsistât et qui eût la force de produire
quelqu'effet : de peur qu'en le faisant nous n'attribuions à faux le
pouvoir que le serment suppose en celui par qui l'on jure. Soit que ce que
l'on nomme la fortune du prince (gr., roi) soit de l'ordre des démons,
selon qu'il plaît à quelques-uns de nous dire que qui jure par la fortune
de l'empereur romain (gr., roi) jure par son démon, nous aimons encore
mieux mourir que de jurer par un démon méchant et perfide qui pèche
souvent avec celui dont il est le directeur, ou qui pèche même plus que lui.
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