[8,43] Καινὸν οὖν γέγονεν, ἐξ οὗ πέπονθε χρόνου ὁ Ἰησοῦς,
κἀκεῖνο, λέγω δὲ τὸ κατὰ τὴν πόλιν καὶ πᾶν τὸ κατὰ τὸ
ἔθνος καὶ τὸ κατὰ τὴν ἀθρόαν γένεσιν ἔθνους Χριστιανῶν
ὡσπερεὶ τεχθέντος εἰσάπαξ καινὸν δὲ καὶ τὸ τοὺς ξένους
«τῶν διαθηκῶν» τοῦ θεοῦ καὶ ἀλλοτρίους τῶν ἐπαγγελιῶν
τοὺς μακρὰν τῆς ἀληθείας δυνάμει τινὶ θείᾳ παραδέχεσθαι
αὐτήν. Ταῦτα δὲ οὐκ ἀνθρώπου γόητος ἦν ἀλλ´ ἔργα θεοῦ,
πέμψαντος τῶν αὑτοῦ ἀγγελμάτων ἕνεκα τὸν αὑτοῦ ἐν τῷ
Ἰησοῦ λόγον, οὕτως ὠμῶς κολασθέντι, ὡς τὴν ὠμότητα
κατηγορεῖσθαι τῶν ἀδίκως αὐτὸν κολασάντων, καὶ ἀνδρειότατα
ὑπομείναντα καὶ μετὰ πάσης πρᾳότητος· οὐ διέφθειρε
δὲ ἡ κόλασις αὐτοῦ τὰ τοῦ θεοῦ ἀγγέλματα ἀλλ´ εἰ δεῖ
οὕτως ὀνομάσαι, εἰς γνῶσιν αὐτὰ ἤγαγεν· ὡς καὶ αὐτὸς
ἐδίδαξεν ὁ Ἰησοῦς λέγων· «Ἐὰν μὴ ὁ κόκκος τοῦ σίτου
πεσὼν εἰς τὴν γῆν ἀποθάνῃ, αὐτὸς μόνος μένει· ἐὰν δὲ
ἀποθάνῃ, πολὺν καρπὸν φέρει.» Ἀποθανὼν οὖν «ὁ κόκκος
τοῦ σίτου» Ἰησοῦς «πολὺν καρπὸν» ἤνεγκε, καὶ ἀεὶ ὁ
πατὴρ προνοεῖ τῶν ἐκ τοῦ θανάτου τοῦ κόκκου «τοῦ
σίτου» γεγενημένων καὶ γινομένων ἔτι καὶ ἐσομένων
καρπῶν. Ὅσιος οὖν πατὴρ ὁ τοῦ Ἰησοῦ πατήρ, «τοῦ ἰδίου»
μὴ φεισάμενος «υἱοῦ» «ἀλλ´ ὑπὲρ ἡμῶν πάντων» παραδοὺς
«αὐτὸν» ἀμνὸν ὄντα ἑαυτοῦ, ἵν´ ἄρῃ «τὴν ἁμαρτίαν τοῦ
κόσμου» ὁ ὑπὲρ παντὸς αὐτοῦ ἀποθνῄσκων «ἀμνὸς θεοῦ»·
δι´ ὃν οὐκ ἀναγκαζόμενος ἀλλ´ ἑκὼν ὑπέμεινε τὰ ἀπὸ τῶν
ὑβριστῶν αὐτῷ προσαγόμενα.
Εἶτα μετὰ ταῦτα ὁ Κέλσος, ἐπαναλαμβάνων τὸν πρὸς τοὺς
βλασφημοῦντας τὰ ἀγάλματα λόγον, φησίν· Οἵδε δέ, οὓς
σὺ βλασφημεῖς, ἐνῆν μὲν εἰπεῖν ὅτι καὶ αὐτοὶ βούλονται καὶ
διὰ τοῦτ´ ἀνέχονται βλασφημούμενοι· τὰ γὰρ ἴσα τοῖς
ἴσοις παραβαλεῖν κράτιστον· ἀλλ´ οὗτοί γε καὶ σφόδρα
ἀμύνονται τὸν βλασφημοῦντα, ἤτοι γε φεύγοντα διὰ τοῦτο
καὶ κρυπτόμενον ἢ ἁλισκόμενον καὶ ἀπολλύμενον. Οὐ
βλασφημοῦντας οὖν ἀλλ´ ἀπελαύνοντας ἀπὸ τῶν ξοάνων καὶ
τῶν ἀνθρωπίνων σωμάτων καὶ ψυχῶν Χριστιανοὺς ἀμύνεσθαι
νομίζουσιν οἱ δαίμονες. Μὴ νοῶν γὰρ τὸ γινόμενον ἀληθές τι
κατὰ τὸν τόπον ὁ Κέλσος εἴρηκεν· ἀληθὲς γὰρ τὸ φαύλων
δαιμόνων πληρουμένας τὰς τῶν καταδικαζόντων Χριστιανοὺς
ψυχὰς καὶ τῶν προδιδόντων καὶ τῶν εὐδοκούντων Χριστιανοῖς
προσπολεμεῖν.
| [8,43] On peut donc voir
ce qui est arrivé de nouveau depuis le temps de la passion de Jésus : je
dis tant à l'égard de la ville et de toute la nation des Juifs, qu'à
l'égard de ce grand peuple de chrétiens, qui est né si soudainement et
comme tout à la fois; car c'est aussi une chose fort nouvelle, que des
personnes, qui étaient des étrangers pour les alliances de Dieu (Ephés.,
Il, 12), qui étaient exclus de ses promesses et éloignés de la vérité,
aient embrassé cette vérité par l'effet d'une vertu divine. Ce sont là,
non les œuvres d'un imposteur, mais les œuvres de Dieu, qui, pour l'amour
des statues ou des images qui le représentent, a bien voulu envoyer son
Verbe au monde en la personne de Jésus. Les tourments qu'il y a soufferts
avec une fermeté et une patience admirable sont bien des preuves de la
cruauté et de l'injustice de ceux qui les lui ont fait souffrir, mais ces
tourments n'ont point causé la destruction des statues et des images de
Dieu ; au contraire, ils ont fait, s'il faut ainsi dire, qu'elles sont
devenues capables de connaissance. C'était ce que Jésus enseignait
lui-même lorsqu'il disait : Si le grain de blé tombant en terre ne meurt
point, il demeure seul; mais s'il meurt; il porte beaucoup de fruit (Jean,
Xll, 24). Jésus donc qui est ce grain de blé étant mort, il a porté
beaucoup de fruits et son Père prendra toujours soin des fruits qui sont
nés, qui naissent et qui naîtront encore de la mort de ce grain de blé.
Ainsi, il n'y a rien moins que de dénaturé dans le Père de Jésus, ce Père
qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré à la mort pour
nous tous (Rom.,VIII, 31 ou 32), comme un agneau qui était à lui ; afin
que cet Agneau de Dieu, mourant pour tout le monde, ôtât le péché du monde
(Jean, I, 29). Et pour lui ç'a été volontairement, et non par contrainte,
qu'il a souffert les outrages qu'on lui a faits. Celse après cela reprend
ainsi son discours, contre ceux qui parlent mal des statues. On peut dire
tout de même de ceux contre qui vous blasphémez, qu'ils le veulent bien,
et que c'est par cette raison qu'ils souffrent vos blasphèmes; car il est
bon de faire voir qu'en cela les choses sont égales, avec cette différence
pourtant que ceux-ci savent bien faire sentir leurs vengeances à leurs
blasphémateurs, qui sont contraints de s'enfuir et de se cacher ; ou qui,
s'ils se laissent surprendre, reçoivent le châtiment qu'ils méritent. Si
c'est là ce qu'on appelle la vengeance des démons, elle tombe sur les
chrétiens non comme sur des personnes qui blasphèment contre eux, mais qui
leur font abandonner leurs simulacres et qui les chassent du corps et de
l'âme des hommes. Car Celse, sans bien entendre la chose, n'a pas laissé
de dire en ceci la vérité. Il est certain que ceux qui s'attaquent aux
chrétiens, qui les défèrent, qui les condamnent ou qui y donnent leur
approbation, ne le font que parce que leur âme est possédée par de mauvais
démons.
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