[8,42] Οὐκ οἶδα δ´ ὅπως ὁ Κέλσος ἄκων ἐνέπεσεν εἰς τό,
οὓς πρὸ βραχέος ὕμνησε δαίμονας ἢ θεούς, νῦν τῷ ἔργῳ
ἀποδεικνύναι φαυλοτάτους εἶναι καὶ τιμωρουμένους μᾶλλον
ἀμυντικῶς ἤπερ κολάζοντας διορθωτικῶς, ἐπὰν αὐτοῖς
λοιδορῆταί τις. Φησὶ γάρ· Ὡς αὐτόν γε τὸν Διόνυσον ἢ τὸν
Ἡρακλέα παρόντα εἰ ἐλοιδόρησας, οὐκ ἂν ἴσως χαίρων
ἀπήλλαξας. Πῶς δὲ καὶ ἀκούει τι οὐ παρών, ὁ βουλόμενος
παραστησάτω, καὶ διὰ τί ποτὲ μὲν πάρεστι ποτὲ δὲ οὐ
πάρεστι, καὶ τίς ἡ πραγματεία τοῖς δαίμοσι τῆς μεταναστάσεως
ἀπὸ τόπου εἰς τόπον.
Ἑξῆς δὲ τούτοις λέγει, οἰόμενος τὸ κατατεινόμενον καὶ
κολαζόμενον σῶμα τοῦ Ἰησοῦ καὶ οὐ τὴν ἐν αὐτῷ θειότητα
θεὸν ἡμᾶς λέγειν καί, ὅτε κατετείνετο καὶ ἐκολάζετο, θεὸν
νενομίσθαι, ὅτι τὸν δὲ σὸν θεὸν παρόντα κατατείνοντες καὶ
κολάζοντες οὐδὲν οἱ ταῦτα δράσαντες πεπόνθασι. Πλείονα δὲ
περὶ ὧν πέπονθεν ἀνθρωπίνων ἐν τοῖς ἀνωτέρω εἰπόντες νῦν
ἑκόντες παραπέμπομεν τὸν λόγον, ἵνα μὴ δοκῶμεν παλιλλογεῖν.
Ἐπεὶ δέ φησι μηδὲ μετὰ ταῦτα ἐν τοσούτῳ βίῳ
πεπονθέναι τι τοὺς τὸν Ἰησοῦν κολάσαντας, δείξομεν αὐτῷ
καὶ πᾶσι τοῖς βουλομένοις μαθεῖν ὅτι ἡ πόλις, ἐν ᾗ ὁ τῶν
Ἰουδαίων λεὼς ἠξίωσε τὸν Ἰησοῦν σταυρωθῆναι λέγων·
«Σταύρου, σταύρου αὐτόν»—προὐτιμήσαντο γὰρ τὸν
λῃστὴν «διὰ στάσιν καὶ φόνον» βληθέντα «εἰς φυλακὴν»
ἀπολυθῆναι τοῦτον, «τὸν δὲ Ἰησοῦν» «διὰ φθόνον»
παραδοθέντα σταυρωθῆναι—, μετ´ οὐ πολὺ ἐξεπολεμήθη
καὶ ἐπὶ τοσοῦτον ἐπολιορκήθη χρόνῳ πλείονι, ὥστ´ ἐκ
βάθρων αὐτὴν ἀνάστατον γενέσθαι καὶ ἐρημωθῆναι, ἀναξίους
κρίνοντος τοὺς τὸν τόπον ἐκεῖνον οἰκοῦντας τοῦ θεοῦ τῆς
κοινοτέρας ζωῆς. Καὶ φειδόμενός γε αὐτῶν, ἵνα παραδόξως
εἴπω, καὶ ὁρῶν ἀνιάτως ἔχοντας πρὸς τὴν ἐπὶ τὸ κρεῖττον
μεταβολὴν καὶ ὁσημέραι αὔξοντας ἐν τῇ τῆς κακίας χύσει
παρέδωκεν αὐτοὺς τοῖς πολεμοῦσι. Καὶ ταῦτα γέγονε διὰ τὸ
ἐκχυθὲν αἷμα τοῦ Ἰησοῦ κατὰ τὴν ἐπιβουλὴν αὐτῶν ἐπὶ τὴν
γῆν αὐτῶν, μηκέτι δυναμένην χωρεῖν τοὺς τὸ τηλικοῦτον
ἄγος κατὰ τοῦ Ἰησοῦ τολμήσαντας.
| [8,42] Je
ne sais pas, au reste, comme quoi Celse, après avoir loué autant qu'il a
fait ses démons ou ses dieux, s'oublie si fort tout d'un coup, que de les
dépeindre présentement dans leur manière d'agir, comme remplis de
méchanceté, et bien plus portés à punir par un esprit de vengeance ceux
qui les outragent, qu'à les châtier pour leur correction. En effet, voici
comme il en parle : Si vous aviez outragé Bacchus ou Hercule en leur
présence vous n'en seriez pas sorti peut-être de si belle humeur. Je
laisse à qui voudra le soin d'expliquer comment ils peuvent entendre les
choses qu'on leur dit dans le temps qu'ils n'y sont pas; pourquoi ils sont
tantôt présents et tantôt absents, d'où vient enfin cet empêchement qui
oblige les démons à passer d'un lieu en un autre. Dans les paroles qui
suivent, Celse suppose que quand nous donnons à Jésus le nom de Dieu, nous
le donnons à son corps maltraité et conduit au supplice et non à sa nature
divine ; que nous le considérons comme Dieu à regard même de ces mauvais
traitements et de ce supplice. Ceux, dit-il, qui ont traité si mal votre
Dieu, et qui lui ont fait souffrir le dernier supplice, n'ont en aucune
sorte porté la peine des insultes qu'ils lui ont faites en sa propre
personne. Mais comme nous avons ci-devant assez parlé de ce que Jésus a
souffert en tant qu'homme, nous voulons bien n'en rien dire maintenant de
peur de tomber en de vaines redites. Quant à ce que Celse ajoute, Que ceux
oui ont fait ces insultes à Jésus n'en ont porte la peine en aucune sorte,
quelque temps qui se soit écoulé depuis, nous pouvons faire voir et à lui
et à quiconque voudra s'en instruire, que la ville dans laquelle le peuple
juif, préférant à Jésus un voleur qui avait été emprisonné pour crime de
sédition et de meurtre, voulut qu'on délivrât celui-ci, et demanda par ses
cris de "Crucifiez-le, crucifiez-le" (Luc, XXIII, 21 et 25), que Jésus, qui
avait été livré par envie, fût mis en croix ; nous pouvons, dis-je, faire
voir que cette ville fut attaquée peu de temps après, et qu'ayant soutenu
un long siége, elle fut enfin prise, saccagée et détruite de fond en
comble. Dieu jugea que les habitants de ce lieu étaient même indignes de
la vie civile; ou plutôt, si je ne dois point craindre d'avancer un
paradoxe, ce fut encore pour les épargner que, les voyant si incorrigibles
qu'au lieu de se tourner vers le bien, ils s enfonçaient tous les jours de
plus en plus dans leur corruption, il les livra entre les mains de leurs
ennemis. Ce furent les suites qu'eut leur empressement à faire répandre le
sang de Jésus sur leur terre, laquelle après cela ne put plus porter des
gens qui s'étaient rendus coupables d'un si grand crime.
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