[8,34] Ἀλλὰ καὶ ἀπαρχὰς Κέλσος μὲν δαιμονίοις ἀνατιθέναι
βούλεται, ἡμεῖς δὲ τῷ εἰπόντι· «Βλαστησάτω ἡ γῆ βοτάνην
χόρτου, σπεῖρον σπέρμα κατὰ γένος καὶ καθ´ ὁμοιότητα, καὶ
ξύλον κάρπιμον ποιοῦν καρπόν, οὗ τὸ σπέρμα αὐτοῦ ἐν αὐτῷ
κατὰ γένος ἐπὶ τῆς γῆς.» ᾯ δὲ τὰς ἀπαρχὰς ἀποδίδομεν,
τούτῳ καὶ τὰς εὐχὰς ἀναπέμπομεν, «ἔχοντες ἀρχιερέα
μέγαν, διεληλυθότα τοὺς οὐρανούς, Ἰησοῦν τὸν υἱὸν τοῦ
θεοῦ», καὶ κρατοῦμεν «τῆς ὁμολογίας», ἕως ἂν ζῶμεν,
φιλανθρώπου τυγχάνοντες τοῦ θεοῦ καὶ τοῦ μονογενοῦς
αὐτοῦ, ἐν Ἰησοῦ ἡμῖν φανερουμένου.
Εἰ δὲ καὶ πλῆθος ποθοῦμεν ὧν φιλανθρώπων τυγχάνειν
θέλομεν, μανθάνομεν «Ὅτι χίλιαι χιλιάδες παρειστήκεισαν
αὐτῷ, καὶ μύριαι μυριάδες ἐλειτούργουν αὐτῷ», αἵτινες
ὡς συγγενεῖς καὶ φίλους τοὺς μιμουμένους τὴν εἰς θεὸν
αὐτῶν εὐσέβειαν ὁρῶντες συμπράττουσιν αὐτῶν τῇ σωτηρίᾳ
τῶν ἐπικαλουμένων τὸν θεὸν καὶ γνησίως εὐχομένων,
ἐπιφαινόμενοι καὶ οἰόμενοι αὐτοῖς δεῖν ἐπακούειν καὶ
ὥσπερ ἐξ ἑνὸς συνθήματος ἐπιδημεῖν ἐπ´ εὐεργεσίᾳ καὶ
σωτηρίᾳ τῶν εὐχομένων θεῷ, ᾧ καὶ αὐτοὶ εὔχονται. Καὶ γὰρ
«Πάντες εἰσὶ λειτουργικὰ πνεύματα, εἰς διακονίαν ἀποστελλόμενα
διὰ τοὺς μέλλοντας κληρονομεῖν σωτηρίαν».
Ἑλλήνων μὲν οὖν οἱ σοφοὶ λεγέτωσαν δαίμονας εἰληχέναι
τὴν ἀνθρωπίνην ψυχὴν ἀπὸ γενέσεως· ὁ δὲ Ἰησοῦς ἡμᾶς
ἐδίδαξε μηδὲ «τῶν» ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ «μικρῶν» καταφρονεῖν,
λέγων ὅτι «Οἱ ἄγγελοι αὐτῶν διὰ παντὸς βλέπουσι τὸ
πρόσωπον τοῦ πατρός μου τοῦ ἐν οὐρανοῖς», καὶ ὁ προφήτης
δέ φησιν ὅτι «Παρεμβαλεῖ ἄγγελος κυρίου κύκλῳ τῶν
φοβουμένων αὐτὸν καὶ ῥύσεται αὐτούς».
Οὐκ ἀναιροῦμεν οὖν καὶ ἡμεῖς τὸ πολλοὺς εἶναι δαίμονας
ἐπὶ γῆς ἀλλά φαμεν εἶναι μὲν αὐτοὺς καὶ δύνασθαι ἐν τοῖς
φαύλοις διὰ τὴν ἐκείνων κακίαν, μηδὲν δὲ δύνασθαι πρὸς τοὺς
ἐνδυσαμένους «τὴν πανοπλίαν τοῦ θεοῦ» καὶ ἀναλαβόντας
ἰσχὺν «πρὸς τὸ» ἀντιστῆναι «πρὸς τὰς μεθοδείας τοῦ
διαβόλου» καὶ μελετῶντας ἀεὶ τὰ ἐκείνων παλαίσματα τῷ
ἐγνωκέναι «Ὅτι οὐκ ἔστιν ἡμῖν ἡ πάλη πρὸς αἷμα καὶ
σάρκα ἀλλὰ πρὸς τὰς ἀρχάς, πρὸς τὰς ἐξουσίας, πρὸς τοὺς
κοσμοκράτορας τοῦ σκότους τούτου, πρὸς τὰ πνευματικὰ
τῆς πονηρίας ἐν τοῖς ἐπουρανίοις».
| [8,34] Celse nous parle encore d'offrir des
prémices aux démons ; mais pour nous, nous ne voulons en offrir qu'à celui
qui a dit : Que la terre pousse des herbes de toute sorte qui portent leur
graine conforme à leur espèce ; qu'elle pousse aussi toute sorte d'arbres
fruitiers qui portent du fruit chacun selon son espèce, et qui aient leur
semence en eux-mêmes, pour se reproduire sur la terre (Gen., l, 11).
C'est à celui-là que nous offrons des prémices, et c'est au même que nous
adressons nos vœux, ayant un grand sacrificateur qui est entré jusque dans
les cieux, savoir Jésus, le Fils de Dieu (Hébr., IV, 14). Nous voulons
faire tant que nous vivrons une constante profession de cette doctrine
pour ressentir toujours les effets de la bienveillance de Dieu et de Jésus
son Fils unique, qui s'est fait connaître à nous. Si nous souhaitons,
outre cela, que ceux dont nous recherchons la bienveillance soient en
grand nombre, nous apprenons qu'il y a des mille milliers et des dix mille
millions de ministres des volontés de Dieu qui se tiennent devant lui
attendant ses ordres (Dan., VII, 10). Et puisqu'ils ne peuvent regarder
que comme leurs compagnons et leurs amis, ceux qui sont les imitateurs de
leur piété pour ce grand Dieu, qui le prient et qui invoquent
légitimement, ils travaillent avec eux à l'avancement de leur salut; ils
se présentent même à eux, se croyant obligés de seconder leurs désirs et
de venir procurer, comme de concert, le bien et les avantages spirituels
de ceux qui rendent leurs hommages au même Dieu a qui ils rendent les
leurs; car ce sont autant d'esprits dont l'emploi est d'être envoyés pour
servir ceux qui doivent être les héritiers du salut (Hébr., I, 14).
Laissons donc dire aux sages d'entre les Grecs, que les âmes humaines dès
qu'elles entrent dans le monde, sont commises aux soins de certains
démons, et tenons-nous-en à la leçon que Jésus nous fait, de n'avoir point
de mépris pour les moindres de ceux qui sont dans l'Église ; parce,
dit-il, que leurs anges voient sans cesse la face de mon Père qui est dans
le ciel (Matth., XVIII, 10). Le prophète dit encore : Que les anges du
Seigneur campent autour de ceux qui le craignent, et qu'ils les
délivreront (Ps. XXXIII ou XXXIV, 8). Ainsi nous ne voulons point nier
qu'il n'y ait grand nombre de démons sur la terre ; nous le reconnaissons
et nous disons même qu'ils ont beaucoup de pouvoir sur les méchants qui se
livrent à eux par leur propre faute. Mais nous disons aussi qu'ils ne
peuvent rien sur ceux qui, s'étant munis de toutes les armes de Dieu, ont
acquis la force de se défendre des embûches du diable, et qui se tiennent
toujours sur leurs gardes contre de tels assauts, sachant que nous n'avons
pas à combattre contre la chair et contre le sang, mais contre les
seigneuries et contre les puissances, contre les princes de ce monde
ténébreux et contre les esprits malins qui sont dans les lieux célestes
(Ephés., VI, 11 et 12).
|