[8,32] Μαρτυρεῖ δὲ ὁ ὑμνῳδὸς τῷ, ὅτι θείᾳ κρίσει αὐτουργεῖται
τὰ σκυθρωπότερα ὑπό τινων πονηρῶν ἀγγέλων, ἐν τῷ
«Ἀπέστειλεν εἰς αὐτοὺς ὀργὴν θυμοῦ αὐτοῦ, θυμὸν καὶ
ὀργὴν καὶ θλῖψιν ἀποστολὴν δι´ ἀγγέλων πονηρῶν». Εἰ δὲ
καὶ ἄλλο τι παρὰ ταῦτα γίνεται ὅθ´ οἱ δαίμονες ἐπιτρέπονται,
ἀεὶ μὲν βουλόμενοι ταῦτα ποιεῖν οὐκ ἀεὶ δὲ δυνάμενοι διὰ τὸ
κωλύεσθαι, ὁ δυνάμενος ἐξεταζέτω, τὴν θείαν κρίσιν κατὰ
τὸ δυνατὸν ἀνθρωπίνῃ φύσει φανταζόμενος περὶ ἀθρόας
πολλῶν ψυχῶν ἀπαλλαγῆς ἀπὸ σώματος, τοιαῖσδε ταῖς ἐπὶ
τὸν μέσον θάνατον φερούσαις ὁδοῖς χρωμένων. Καὶ γὰρ
«μεγάλαι μὲν αἱ κρίσεις τοῦ θεοῦ» εἰσι καὶ διὰ τὸ μέγεθος οὐ
χωρηταὶ νῷ, τῷ ἔτι ἐνδεδεμένῳ θνητῷ σώματι, διὸ καὶ
«δυσδιήγητοι» τυγχάνουσιν, ἀπαιδεύτοις δὲ ψυχαῖς οὐδ´ ἐπὶ
ποσὸν θεωρηταί· διὸ καὶ οἱ προπετέστεροι τῇ περὶ ταῦτα
ἀγνοίᾳ καὶ τῇ διὰ τὴν προπέτειαν εἰς τὸ θεῖον ἐπιστασίᾳ
αὔξουσι τὰ ἀσεβῆ κατὰ τῆς προνοίας δόγματα.
Οὐ παρὰ δαιμόνων οὖν ἕκαστα τῶν εἰς τὰς βιωτικὰς
χρείας λαμβάνομεν, μάλιστα οἱ δεόντως αὐτοῖς χρῆσθαι
μεμαθηκότες, οὐδὲ συνεστιῶνται δαίμοσιν οἱ σίτου καὶ
οἴνου καὶ ἀκροδρύων καὶ ὕδατος καὶ ἀέρος μεταλαμβάνοντες·
ἀλλὰ μᾶλλον θείοις ἀγγέλοις τοῖς ἐπὶ τῶν τοιούτων τεταγμένοις,
οἵτινες ὡσπερεὶ καλοῦνται ἐπὶ τὴν ἑστίαν τοῦ
εὐσεβοῦς καὶ ἀκούσαντος τοῦ διδάσκοντος λόγου τὰ τοιάδε·
«Εἴτε ἐσθίετε εἴτε πίνετε εἴτε τι ποιεῖτε, πάντα εἰς δόξαν
θεοῦ ποιεῖτε.» Καὶ πάλιν ἐν ἄλλῳ τόπῳ κεῖται· «Εἴτε
ἐσθίετε εἴτε πίνετε», πάντα «ἐν ὀνόματι» θεοῦ ποιεῖτε.
Ὅτε οὖν «εἰς δόξαν θεοῦ» ἐσθίομεν καὶ πίνομεν καὶ ἀναπνέομεν
καὶ κατὰ τὸν λόγον πάντα πράττομεν, οὐδενὶ τῶν
δαιμόνων συνεστιώμεθα ἀλλὰ τοῖς θείοις ἀγγέλοις. Καὶ γὰρ
«Πᾶν κτίσμα θεοῦ καλόν, καὶ οὐδὲν ἀπόβλητον μετ´ εὐχαριστίας
λαμβανόμενον· ἁγιάζεται γὰρ διὰ λόγου θεοῦ καὶ
ἐντεύξεως». Οὐκ ἂν δὲ ἦν «καλὸν» οὐδὲ δυνατὸν ἁγιάζεσθαι,
εἰ, ὡς Κέλσος οἴεται, δαίμοσι ταῦτα ἦν προστεταγμένα.
| [8,32] Le psalmiste témoigne qu'il y a de mauvais anges,
dont Dieu se sert pour faire sentir aux hommes les plus terribles
coups de son juste jugement. Il fit tomber sur eux dit-il, les flammes de
sa colère, sa fureur, sa vengeance, et ses châtiments, par le ministère
des mauvais anges (Ps. LXXVII, ou LXXVIII, 49). Si les choses se poussent
encore plus loin lorsqu'elles sont à la discrétion des démons, qui ont
bien toujours la volonté, mais qui n'ont pas toujours le pouvoir de faire
du mal, parce que Dieu les en empêche ; c'est ce que nous laisserons
examiner à ceux qui pourront pénétrer assez avant dans les jugements de
Dieu, malgré la faiblesse de la nature humaine, pour concevoir comment il
arrive que tant d'âmes soient portées à quitter leur corps et à courir en
foule à la mort, par les voies qui y mènent le plus droit. Car les
jugements de Dieu sont si sublimes, qu'à cause de leur élévation, une âme
encore attachée à un corps mortel ne peut atteindre. Il est très difficile
de les pénétrer ; et un esprit mal instruit n'y saurait du tout rien
comprendre (Ps. XXXV ou XXXVI 6, 7; Sag., XVII, 1). C'est ce qui fait
qu'il y a des téméraires, qui comme ils ignorent ces choses, en prennent
occasion de s'élever insolemment contre la Divinité, et de joindre ce
nouveau renfort aux sentiments impies qui combattent la Providence. Ce
n'est donc pas des démons que nous recevons tout ce dont nous avons
besoin, pour soutenir notre vie; surtout si nous avons appris à en user
comme nous devons. Dans l'usage que l'on fait du pain, du vin, des fruits,
de l'eau, et de l'air, les démons ne sont point de la partie. Ce sont
plutôt les saints anges, établis sur toutes ces choses. Ils sont pour
ainsi dire invités à tous les repas du fidèle qui s'applique à pratiquer
cette leçon : Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, ou que vous
fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu (I Cor.,
X, 31) : et cette autre : Faites toutes choses au nom de Dieu (Col., III, 17).
Ainsi, lorsque nous mangeons, que nous buvons, que nous respirons
pour la gloire de Dieu; en un mot, que nous faisons toutes choses comme il
nous l'ordonne, nous n'entrons point en société avec les démons, mais avec
ses saints anges. En effet, toutes les créatures de Dieu sont bonnes, et
il n'y en a aucune à rejeter, pourvu qu'on en use avec action de grâces :
car elles sont sanctifiées par la parole de Dieu, et par la prière
(I Tim., IV, 4 et 5). Mais elles ne seraient pas bonnes, ni capables d'être
sanctifiées, si comme Celse le prétend, c'étaient des choses que les
démons eussent sous leur charge.
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