[7,69] Φαύλους δὲ δαίμονας οὐ μόνοι λέγομεν ἡμεῖς ἀλλὰ καὶ
σχεδὸν πάντες, ὅσοι δαίμονας τιθέασιν εἶναι. Οὐ πάντα οὖν
ἔχει νόμον ἐκ τοῦ μεγίστου θεοῦ. Ὅσα γὰρ παρ´ ἰδίαν
ἀπροσεξίαν, κακίαν ἢ πονηρίαν ἢ ἄγνοιαν τῶν καλῶν,
ἀποπέπτωκε τοῦ θείου νόμου, οὐκ ἔχει τὸν νόμον τοῦ θεοῦ
ἀλλ´ ἵνα ὀνομάσω καινῷ ὀνόματι καὶ τῷ κατὰ τὴν γραφήν,
τὸν νόμον ἔχει «τῆς ἁμαρτίας». Κατὰ μὲν οὖν τοὺς
πολλοὺς τῶν τιθέντων εἶναι δαίμονας καὶ οἱ φαῦλοι δαίμονες
οὐκ ἔχουσι τὸν ἀπὸ τοῦ θεοῦ νόμον ἀλλὰ παρανομοῦσι· κατὰ
δὲ ἡμᾶς πάντες δαίμονες ἀποπεσόντες τῆς ἐπὶ τὸ ἀγαθὸν
ὁδοῦ, πρότερον οὐκ ὄντες δαίμονες· καὶ ἔστιν εἶδος τῶν
ἐκπεσόντων θεοῦ τὸ τῶν δαιμόνων. Διόπερ οὐ χρὴ θεραπεύειν
δαίμονας ὅστις σέβει θεόν.
Δηλοῦται δὲ τὰ περὶ τοὺς δαίμονας καὶ ἐκ τῶν καλούντων
δαίμονας ἐπὶ τοῖς ὀνομαζομένοις φίλτροις ἢ μισήθροις ἢ ἐπὶ
κωλύσεσι πράξεων ἢ ἄλλων τοιούτων μυρίων· ἅπερ ποιοῦσιν
οἱ δι´ ἐπῳδῶν καὶ μαγγανειῶν μεμαθηκότες καλεῖν καὶ
ἐπάγεσθαι δαίμονας ἐφ´ ἃ βούλονται. Διόπερ ἡ πάντων
δαιμόνων θεραπεία ἀλλοτρία ἡμῶν ἐστι, τῶν σεβόντων τὸν
ἐπὶ πᾶσι θεόν. Καὶ θεραπεία δαιμόνων ἐστὶν ἡ θεραπεία τῶν
νομιζομένων θεῶν· «Πάντες» γὰρ «οἱ θεοὶ τῶν ἐθνῶν
δαιμόνια.» Δῆλον δὲ τοῦτο καὶ ἐκ τοῦ εἰς τὰ δοκοῦντα
ἐνεργέστερα τῶν νομιζομένων ἱερῶν κατακλήσεις περιέργους
γεγονέναι καὶ κατὰ τὰς ἀρχὰς τῆς ἱδρύσεως τῶν τοιῶνδε
ξοάνων καὶ νεῶν, ἅστινας κατακλήσεις οἱ τῇ τῶν δαιμόνων
διὰ μαγγανειῶν θεραπείᾳ σχολάζοντες πεποίηνται. Διὸ
δέδοκται ἡμῖν φεύγειν ὡς ὄλεθρον τὴν τῶν δαιμόνων θεραπείαν·
δαιμόνων δὲ θεραπείαν εἶναί φαμεν πᾶσαν τὴν
νομιζομένην παρ´ Ἕλλησι παρὰ βωμοῖς καὶ ἀγάλμασι καὶ
ναοῖς θεῶν θρησκείαν.
| [7,69] Au reste nous ne sommes
pas les seuls qui parlions des mauvais démons : presque tous ceux
qui reconnaissent des démons, en reconnaissent avec nous de
mauvais. Ainsi donc il n'est pas vrai que tout soit réglé par les lois
du Dieu souverain ; car tous ceux qui s'éloignent de la loi de Dieu,
soit par mégarde, soit par malice, soit par faiblesse, soit par
ignorance, tous ceux-là ne se règlent pas par la loi de Dieu, mais
par la loi du péché (Rom., VIII, 2j, pour me servir de ce nouveau
mot avec l'Écriture. Je dis que, selon la pensée de la plupart de
ceux qui reconnaissent des démons, il y en a de mauvais qui, bien
loin de se régler par les lois de Dieu, s'en éloignent et les violent ;
mais selon notre créance, c'est là le propre de tous les démons en
général qui, n'étant pas d'abord des démons, le sont devenus,
s'écartant de la bonne voie, de sorte que le nom de démons marque
une espèce d'êtres qui ont abandonné Dieu. Il ne faut donc pas que
ceux qui adorent Dieu servent les démons. On peut s'instruire
encore de ce qui regarde les démons, si l'on considère la pratique
de ceux qui les font agir par des charmes, pour donner de l'amour
ou de la haine, pour empêcher certaines actions, et pour une
inimité d'autres choses semblables. Car c'est ce que font ceux qui
s'entendent à conjurer les démons, et à les ménager, comme il leur
plaît, par la force des enchantements, et par les secrets de l'art
magique. Ainsi nous n'avons garde de servir aucun démon, nous qui
adorons le grand Dieu : et c'est servir les démons que de servir ce
que l'on veut faire passer pour des dieux; car tous les dieux des
Gentils sont des démons (Ps. XCV ou XCVI. 5). Cela paraît même,
en ce que la première dédicace de ce que les peuples estiment le
plus sacré et à quoi ils attribuent le plus de vertu, je veux dire de
leurs temples et de leurs simulacres les plus fameux, ne s'est point
faite par d'autre moyen que par des conjurations fort mystérieuses
; des conjurations où ont été employés ceux qui s'appliquent à
servir les démons suivant les préceptes de la magie. C'est ce qui
nous a fait prendre une si ferme résolution de fuir le culte des
démons comme la mort ; et nous estimons que tout le culte que
l'on prétend rendre aux dieux parmi les Grecs, dans les temples,
auprès des autels et devant les simulacres, se rend en effet aux
démons.
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