[7,60] Εἰ νενόηται δὴ τὸ παράδειγμα, μεταβιβαστέον αὐτὸ
ἐπὶ τὴν ποιότητα τῆς τῶν λογικῶν ζῴων λογικῆς τροφῆς.
Καὶ ὅρα εἰ μὴ Πλάτων μὲν καὶ οἱ Ἑλλήνων σοφοὶ ἐν οἷς
λέγουσι καλῶς παραπλήσιοί εἰσι τοῖς προνοησαμένοις
ἰατροῖς τῶν καθαριωτέρων εἶναι νομιζομένων μόνων, τοῦ
πλήθους δὲ τῶν ἀνθρώπων καταφρονήσασιν· οἱ δ´ ἐν
Ἰουδαίοις προφῆται καὶ οἱ τοῦ Ἰησοῦ μαθηταί, οἱ μακρὰν
χαίρειν εἰπόντες τῇ ποικίλῃ τῶν λέξεων συνθέσει καὶ τῇ,
ὡς ὠνόμασεν ἡ γραφή, «σοφίᾳ ἀνθρώπων» καὶ «σοφίᾳ»
«κατὰ σάρκα», τὴν γλῶσσαν αἰνισσομένη, ὁμοιωθεῖεν ἂν
τοῖς τὴν αὐτὴν τῶν βρωμάτων ποιότητα ὑγιεινοτάτην
προνοησαμένοις συνθέσει λέξεων σκευάσαι καὶ εὐτρεπίσαι
φθανούσῃ ἐπὶ τὰ πλήθη τῶν ἀνθρώπων καὶ μὴ ξενιζούσῃ
τὴν διάλεκτον αὐτῶν μηδὲ διὰ τοῦ ξενισμοῦ ἀποστρεφούσῃ
ἀκούειν ὡς ἀσυνήθων τῶν τοιῶνδε διαλέξεων. Καὶ γὰρ εἴπερ
πρόκειται τῷ, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω, λογικῷ βρώματι ἀνεξίκακον
καὶ πρᾷον ποιῆσαι τὸν ἐμφαγόντα, πῶς οὐ βέλτιον
συνεσκευασμένος εἴη ἂν λόγος ὁ πλήθη ἀνεξικάκων καὶ
πρᾴων κατασκευάζων ἢ προκοπτόντων γε ἐπὶ ταύτας τὰς
ἀρετὰς παρὰ τὸν πάνυ ὀλίγους καὶ εὐαριθμήτους, ἵνα καὶ
τοῦτο δοθῇ, ἀνεξικάκους καὶ πρᾴους ποιοῦντα;
Ὥσπερ δὲ εἰ ὁ Πλάτων τοὺς αἰγυπτιάζοντας ἢ τοὺς
συριάζοντας ὠφελεῖν ὑγιέσι δόγμασιν ἐβούλετο, Ἕλλην
τυγχάνων, προενοήσατο ἂν μαθεῖν τὰς τῶν ἀκουσομένων
διαλέκτους καί, ὡς Ἕλληνες ὀνομάζουσι, βαρβαρίζειν μᾶλλον
ὑπὲρ τῆς Αἰγυπτίων καὶ Σύρων βελτιώσεως ἢ Ἕλλην μένων
μηδὲν δύνασθαι χρήσιμον λέγειν Αἰγυπτίοις καὶ Σύροις·
οὕτως ἡ προνοουμένη θεία φύσις οὐ τῶν πεπαιδεῦσθαι
νομιζομένων μόνον τὰ Ἑλλήνων ἀλλὰ καὶ τῶν λοιπῶν
συγκατέβη τῇ ἰδιωτείᾳ τοῦ πλήθους τῶν ἀκροωμένων, ἵνα
ταῖς συνήθεσιν αὐτοῖς χρησαμένη λέξεσι προκαλέσηται ἐπὶ
ἀκρόασιν τὸ τῶν ἰδιωτῶν πλῆθος, δυνάμενον ἐξ εὐχεροῦς
μετὰ τὴν ἅπαξ γενομένην εἰσαγωγὴν φιλοτιμήσασθαι πρὸς
τὸ καὶ τὰ βαθύτερα τῶν κεκρυμμένων νοημάτων ἐν ταῖς
γραφαῖς καταλαβεῖν. Καὶ τῷ τυχόντι γὰρ δῆλον, ταύτας
ἀναγινώσκοντι, ὅτι πολλὰ βαθύτερον τοῦ αὐτόθεν ἐμφαινομένου
ἔχειν δύναται νοῦν, τοῖς ἀνατιθεῖσιν αὑτοὺς τῇ ἐξετάσει
τοῦ λόγου φανερούμενον, καὶ φανερούμενον κατὰ τὴν
ἀναλογίαν τῆς εἰς τὸν λόγον σχολῆς καὶ εἰς τὴν ἄσκησιν
αὐτοῦ προθυμίας.
| [7,60] Après avoir bien compris cette comparaison, il faut
l'appliquer aux aliments spirituels dont la partie raisonnable de
notre être se nourrit. Voyez donc si Platon et les premiers sages
d'entre les Grecs, dans les belles choses qu'ils débitent, ne sont pas
comme ces médecins qui, donnant uniquement leurs soins à la
santé de ceux qui tiennent un rang considérable dans le monde,
négligent celle de tout le reste des hommes. Au lieu que les
prophètes des Juifs et les disciples de Jésus, qui font un grand
mépris de tout cet artificieux arrangement de paroles, de cette
sagesse des hommes (I Cor., II, 4), comme elle est nommée dans
l'Écriture, de cette sagesse selon la chair (II Cor., I, 12), qui ne
veut pas parler naturellement, ressemblent à ceux qui s'étudient à
rendre d'une utilité plus générale les bonnes qualités des aliments
qu'ils apprêtent. C'est pour cela que ceux dont je parle
accommodent leurs expressions à la portée de l'esprit du peuple, et
qu'ils n'affectent point un langage différent du sien, de peur de le
rebuter par cette affectation, et d'empêcher qu'il n'écoute des
discours qui seraient tout à fait étranges pour lui. En effet, si le
véritable usage de l'aliment spirituel, pour continuer à m'exprimer
de la sorte, est de rendre doux et patient celui qui le mange, peut-on
nier qu'il ne soit mieux apprêté lorsqu'il est en état de donner de
la douceur et de la patience à une infinité de personnes, ou de les
faire au moins avancer dans l'acquisition de ces vertus, que lorsqu'il
n'est propre qu'à faire un petit nombre d'hommes doux et patients,
quand il serait vrai qu'il en pourrait faire quelques-uns ? Si un Grec
avait entrepris de donner de salutaires leçons à des gens qui
n'entendraient que l'égyptien ou le syriaque, la première chose qu il
ferait, ce serait d'apprendre leur langue : et il aimerait mieux
passer pour barbare dans la Grèce, en parlant comme les
Égyptiens ou les Syriens, pour pouvoir leur être utile, que de
demeurer toujours Grec et de n'avoir pas le moyen de les instruire.
Ainsi la bonté divine, qui étend ses soins non seulement sur ceux
qui sont en réputation de bien entendre les sciences grecques, mais
en général sur tous les hommes, proportionne ses enseignements à
la capacité de cette foule de personnes simples à qui elle les
adresse. Elle veut attirer l'attention des moins polis, qui font le
grand nombre par des façons de parler qui leur soient familières,
afin que de la sorte, étant une fois introduits, ils puissent facilement
et comme à l'envi pénétrer jusqu'à ce qu'il y a de plus profond dans
les mystères de l'Écriture. Car il n'y a point d'homme qui en la
lisant, ne soit obligé de reconnaître qu'elle contient plusieurs
choses, dont on peut dire qu'elles renferment un sens plus caché
que celui qui se présente d'abord ; mais ce sens n'est que pour
ceux qui s'appliquent à méditer cette divine parole, el il se laisse
voir à eux à proportion des soins qu'ils y donnent et de l'ardeur
qu'ils y apportent.
|