[7,6] Νυνὶ δὲ ὁ θαυμαζόμενος παρ´ Ἕλλησι Πύθιος οὐδένα
μὲν σοφὸν ἀλλ´ οὐδ´ ὅλως ἄνδρα ἄξιον ἔκρινε τῆς, ὡς
Ἕλληνες ὑπολαμβάνουσι, θείας κατακωχῆς. Ἀλλ´ οὐδ´ ἐν
τῷ θήλει γένει παρθένον τινὰ ἢ σοφὴν καὶ ἀπὸ φιλοσοφίας
ὠφελημένην ἀλλά τινα γυναῖκα ἰδιῶτιν· τάχα γὰρ οἱ ἐν
ἀνθρώποις κρείττονες βελτίους ἦσαν τῆς εἰς τὴν κατακωχὴν
ἐνεργείας αὐτοῦ. Ἔδει δὲ καί, εἴπερ θεὸς ἦν, τῇ προγνώσει
αὐτὸν χρήσασθαι δελέατι, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω, πρὸς τὴν
ἐπιστροφὴν καὶ θεραπείαν καὶ ἠθικὴν κατόρθωσιν τῶν
ἀνθρώπων· νυνὶ δὲ οὐδὲν ἡ ἱστορία τοιοῦτον παραδίδωσι
περὶ αὐτοῦ. Εἰ γὰρ καὶ ἀνδρῶν ἁπάντων Σωκράτην εἶπε
σοφώτατον εἶναι, ἤμβλυνε τὸν ἔπαινον αὐτοῦ τὸ πρὸς τούτου
λεγόμενον περὶ Εὐριπίδου καὶ Σοφοκλέους ἐν τῷ·
Σοφὸς Σοφοκλῆς, σοφώτερος δ´ Εὐριπίδης.
Τραγῳδιοποιῶν οὖν σοφῶν ὑπ´ αὐτοῦ λελεγμένων κρείττων
εἶναι νομισθεὶς ὁ Σωκράτης, τῶν ἐπὶ τῆς σκηνῆς καὶ τῆς
ὀρχήστρας τοῦ τυχόντος ἄθλου ἕνεκεν ἀγωνιζομένων καὶ
ὅπου μὲν λύπας καὶ οἴκτους τοῖς θεαταῖς ἐμποιούντων ὅπου
δὲ ἀσέμνους γέλωτας—τοιοῦτον γάρ τι βούλεται τὰ σατυρικὰ
δράματα—, οὐ πάνυ τι τὸ διὰ φιλοσοφίαν καὶ ἀλήθειαν
ἐμφαίνει σεμνὸν καὶ διὰ σεμνότητα ἐπαινετόν. Καὶ τάχα οὐ
τοσοῦτον διὰ φιλοσοφίαν ἀνδρῶν εἶπεν αὐτὸν ἁπάντων
σοφώτατον ὅσον διὰ τὰς θυσίας καὶ ἃς προσήνεγκε κνίσσας
αὐτῷ τε καὶ τοῖς λοιποῖς δαίμοσι.
Καὶ διὰ ταῦτα ἐοίκασι μᾶλλον ποιεῖν οἱ δαίμονες τὰ
ἀξιούμενα ὑπὸ τῶν αὐτοῖς προσαγόντων ἢ διὰ τὰ ἔργα τῆς
ἀρετῆς. Διόπερ διαγράφων τὰ γινόμενα ὁ τῶν ποιητῶν
ἄριστος Ὅμηρος καὶ διδάσκων, τίνα μάλιστά ἐστι τὰ
πείθοντα τοὺς δαίμονας ποιεῖν ἃ βούλονται οἱ θύοντες,
εἰσήγαγε τὸν Χρύσην, ἕνεκεν ὀλίγων στεφάνων καὶ μηρίων
ταύρων καὶ αἰγῶν τυγχάνοντα ὧν ᾔτησε καθ´ Ἑλλήνων διὰ
τὴν θυγατέρα, ἵνα λοιμώξαντες ἀποδώσειαν αὐτῷ τὴν
Χρυσηΐδα. Μέμνημαι δὲ παρά τινι τῶν Πυθαγορείων,
ἀναγράψαντι περὶ τῶν ἐν ὑπονοίᾳ παρὰ τῷ ποιητῇ λελεγμένων,
ἀναγνοὺς ὅτι τὰ τοῦ Χρύσου πρὸς τὸν Ἀπόλλωνα ἔπη
καὶ ὁ ἐξ Ἀπόλλωνος ἐπιπεμφθεὶς τοῖς Ἕλλησι λοιμὸς
διδάσκει ὅτι ἠπίστατο Ὅμηρος πονηρούς τινας δαίμονας,
χαίροντας ταῖς κνίσσαις καὶ ταῖς θυσίαις, μισθοὺς ἀποδιδόναι
τοῖς θύσασι τὴν ἑτέρων φθοράν, εἰ τοιοῦτο οἱ θύοντες
εὔχοιντο.
Καὶ ὁ «Δωδώνης» δὲ «μεδέων δυσχειμέρου», παρ´ ᾧ
εἰσιν οἱ προφῆται «ἀνιπτόποδες χαμαιεῦναι», ἀποδοκιμάσας
τὸ τῶν ἀνδρῶν εἰς προφητείαν γένος ταῖς Δωδωνίσι χρῆται,
ὡς καὶ ὁ Κέλσος παρέστησεν. Ἔστω δέ τις τούτοις παραπλήσιος
Κλάριος καὶ ἕτερος ἐν Βραγχίδαις καὶ ἄλλος ἐν
Ἄμμωνος ἢ ὅποι ποτὲ γῆς μαντευόμενοι, πόθεν οὖν δειχθήσεται
εἰ καὶ θεοὶ μέν εἰσιν οὐ δαιμόνια δέ τινα;
| [7,6] Non ce grand Apollon si célèbre parmi les Grecs sous le nom de
Pythien, n'a point fait choix d'un homme sage ni même d'un homme
quel qu'il fût pour l'honorer comme ils parlent de ses inspirations
divines. Et entre les femmes il n'a point pris une vierge ou une
personne vertueuse que l'étude de la philosophie rendit
recommandable : il s'est adresse à une femme du commun. C'est
peut-être que les grands hommes avaient de trop bonnes qualités
pour recevoir de pareilles inspirations. Encore devait-il, s'il était
Dieu, faire servir l'art de prédire l'avenir comme d'une amorce pour
ainsi dire afin d'attirer les hommes et de les obliger a se convertir, à
se corriger de leurs vices et à embrasser l'élude de la vertu. Mais
c'est un fait dont l'histoire ne nous dit rien; car si l'oracle déclare
Socrate le plus sage de tous les hommes, il avilit la louange qu il lui
donne par ce qu'il dit en même temps d'Euripide et de Sophocle :
"Tout sage qu'est Sophocle. Euripide est plus sage ;
Mais Socrate en sagesse a sur tous l'avantage".
Puis donc qu'il donne le nom de sages à des poètes tragiques,
ce n'est pas proprement en vue de la philosophie qu'il loue Socrate,
ni à cause de son amour pour la vérité et pour la vertu. Il ne lui fait
pas beaucoup d'honneur de le préférer à des hommes qui, pour une
vile récompense, disputent sur le théâtre le prix des vers, et qui,
par les choses qu'ils représentent sur la scène, excitent les
spectateurs tantôt aux larmes et aux soupirs, tantôt à un ris
déshonnête : car c'est à ce dernier effet que leurs pièces satiriques
sont destinées. Et peut-être que la philosophie a bien moins
contribué à lui faire donner cette louange d'être le plus sage de tous
les hommes, que les victimes qu'il faisait fumer sur les autels de ce
démon et des autres; car je ne doute pas que ceux qui servent les
démons, n'éprouvent que ces sortes de choses sont plus propres
pour obtenir d'eux ce qu'on souhaite, que les actions vertueuses.
De là vient qu'Homère, le plus excellent des poètes, représentant ce
qui a coutume d'arriver, et nous voulant faire comprendre ce qui
porte le plus les démons à répondre aux vœux de leurs dévots,
introduit Chrysès, qui pour quelques guirlandes et pour quelques
cuisses de taureaux et de chèvres, obtient ce qu'il demandait contre
les Grecs à l'occasion de sa fille Chryséïde que la peste les
contraignit de lui rendre (Iliad.. I, v. 39, 40, il ). Et je me souviens
d'avoir lu dans les écrits d'un pythagoricien qui a expliqué les sens
caché d'Homère, que la prière de Chrysès à Apollon, et la peste
qu'Apollon envoie ensuite dans l'armée des Grecs, sont des preuves
que ce poète croyait qu'il y a de mauvais démons qui aiment la
fumée des sacrifices, et qui, pour récompenser ceux qui leur en
offrent, leur accordent la perte des autres hommes s'ils la leur
demandent. Celui encore (Jupiter)
"Dont la puissance éclate et dont la voix résonne
Au milieu des frimas de la sombre Dodone";
où
"Ses prophètes jamais
Ne se lavent les pieds ni ne couchent qu'à terre" :
(ILIAD., xvi. v. 551., etc.)
n'a-t-il pas renoncé aux hommes pour faire rendre ses oracles
par les Dodonides comme Celse même nous l'apprend? Je veux
qu'il y en ait encore d'autres semblables : un Apollon Clarien, des
Branchides, un Jupiter Hammon, qui rendent des oracles, soit ici,
soit là en quelque endroit de la terre que ce puisse être : comment
nous prouvera-t-on que ce sont des dieux et non pas des démons?
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