[7,37] Εἴπερ δὲ τοιαύτη μὲν ἡ ἐν τῷ προσωποποιεῖν ἀρετὴ
τοιαδὶ δὲ ἡ κακία, πῶς οὐκ εὐλόγως τις καταγελάσεται
Κέλσου, Χριστιανοῖς περιτιθέντος τὰ μὴ ὑπὸ Χριστιανῶν
λεγόμενα; Εἰ μὲν γὰρ ἰδιωτῶν ἀνέπλασσε λόγους, πόθεν
τοῖς τοιούτοις δύνασθαι διακρίνειν αἴσθησιν ἀπὸ τοῦ νοῦ
καὶ αἰσθητὰ νοητῶν καὶ δογματίζειν παραπλησίως τοῖς
ἀναιροῦσι νοητὰς οὐσίας Στωϊκοῖς περὶ τοῦ αἰσθήσεσιν
καταλαμβάνεσθαι τὰ καταλαμβανόμενα καὶ πᾶσαν κατάληψιν
ἠρτῆσθαι τῶν αἰσθήσεων; Εἰ δ´ ἀναπλάσσει λόγους τῶν
φιλοσοφούντων καὶ ἐπιμελῶς ὅση δύναμις ἐξεταζόντων τὰ
Χριστοῦ, οὐδὲ τούτοις ἀκόλουθα πεποίηκεν. Οὐδεὶς γὰρ
μαθὼν ἀόρατον εἶναι τὸν θεὸν καὶ εἶναί τινα δημιουργήματα
ἀόρατα, τουτέστι νοητά, λέγοι ἂν ὡς ἀπολογούμενος περὶ
τῶν κατὰ τὴν ἀνάστασιν τό· Πῶς αἰσθήσεσι μὴ καταλαμβανόμενοι
γνώσονται τὸν θεόν; ἤ· Τί χωρὶς αἰσθήσεως
μαθεῖν δυνατόν ἐστι; Καὶ οὐκ ἐν ἀνακεχωρηκόσι καὶ
ἀναγινωσκομένοις ὑπὸ ὀλίγων μόνον καὶ φιλομαθῶν ἀλλ´ ἐν
τοῖς δημωδεστέροις γέγραπται ὅτι «Τὰ ἀόρατα τοῦ θεοῦ
ἀπὸ κτίσεως κόσμου τοῖς ποιήμασι νοούμενα καθορᾶται»·
δι´ ὧν ἔστιν εἰδέναι ὅτι εἰ καὶ τοὺς ἐν βίῳ ἀνθρώπους χρὴ
ἀπὸ αἰσθήσεων ἄρξασθαι καὶ τῶν αἰσθητῶν, μέλλοντας
ἀναβαίνειν ἐπὶ τὴν τῶν νοητῶν φύσιν, ἀλλ´ οὔτι γε ἐν αἰσθητοῖς
καταμένειν χρή· οὔτε χωρὶς αἰσθήσεως ἐροῦσιν
ἀδύνατον εἶναι μαθεῖν τὰ νοητά, χρώμενοι δὲ τῷ τίς χωρὶς
αἰσθήσεως μαθεῖν δυνατός ἐστιν; Ἐλέγξουσιν οὐκ εὐλόγως
τούτῳ ὑπὸ τοῦ Κέλσου ἐπιφέρεσθαι τὸ οὐκ ἀνθρώπου μὲν
οὐδὲ ψυχῆς ἀλλὰ γὰρ σαρκὸς φωνή.
| [7,37] Si c'est donc en cela que
consiste la bonté ou le défaut des prosopopées, n 'aura-t-on pas
lieu de se moquer de Celse, qui fait dire aux chrétiens des choses
auxquelles ils n'ont jamais pensé? Car si ceux qu'il fait parler sont
des gens sans lettres, où est-ce qu'ils auraient pu apprendre à
distinguer entre les sens et l'entendement, entre les choses
sensibles et les choses intellectuelles? Il faudrait, comme il les
représente, qu'ils eussent étudié sous les stoïciens, qui nient les
substances intellectuelles, soutenant que nous ne concevons rien
que par le ministère de nos sens, et que c'est de nos sens que
dépendent toutes nos connaissances. Si ce sont des personnes
éclairées qu'il fait parler, des chrétiens qui aient approfondi autant
qu'ils ont pu les dogmes de leur religion, ce qu'il leur fait dire, ne
leur convient nullement non plus; car il n'y a personne qui, sachant
que Dieu est un être invisible, et que quelques-uns de ses ouvrages
sont invisibles aussi, c'est-à-dire purement intellectuels, puisse dire,
comme pour justifier la créance de la résurrection : Comment
pourra-t-on connaître Dieu, si l'on ne le connaît par les sens ?
Quelle autre voie y a-t-il que celle des sens pour acquérir la
connaissance des choses? Ce n'est pas même en quel qu'endroit
écarté, qui ne soit connu que par un petit nombre de curieux, c'est
dans des écrits qui sont sans cesse entre les mains de nos peuples,
qu'il est dit que ce qui est invisible en Dieu est visible dans ses
ouvrages, et s'y fait connaître depuis la création du monde (Rom.,
I, 20). D'où il paraît que bien que les hommes qui vivent sur la
terre soient obligés de commencer par les sens et par les choses
sensibles, pour porter ensuite leur connaissance jusqu'à la nature
des choses intellectuelles, il ne faut pas pourtant qu'ils s'arrêtent à
ces choses sensibles. Ainsi nous n'aurons garde de dire qu'il soit
impossible de connaître les choses intellectuelles, si l'on ne les
connaît par les sens : mais avouant que les sens sont la première
voie pour acquérir la connaissance des choses, nous soutiendrons
que Celse n'a pas raison d'en inférer que cette parole n'est pas la
parole d'un homme, qu'elle est suggérée non par l'âme, mais par la
chair.
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