[6,65] Ὁ μὲν οὖν Κέλσος περὶ θεοῦ φησιν ὅτι ἐξ αὐτοῦ τὰ
πάντα, ἀπολύσας οὐκ οἶδ´ ὅπως τὰ πάντα αὐτοῦ· ὁ δ´ ἡμέτερος
Παῦλος «Ἐξ αὐτοῦ» λέγει «καὶ δι´ αὐτοῦ καὶ εἰς
αὐτὸν τὰ πάντα», παριστὰς τὴν ἀρχὴν τῆς τῶν πάντων
ὑποστάσεως ἐν τῷ «ἐξ αὐτοῦ» καὶ τὴν συνοχὴν ἐν τῷ
«δι´ αὐτοῦ» καὶ τὸ τέλος ἐν τῷ «εἰς αὐτόν». Ἀληθῶς δὲ
ἐξ οὐδενὸς ὁ θεός. Ἐπεὶ δέ φησιν ὅτι οὐδὲ λόγῳ ἐφικτός,
διαστέλλομαι τὸ σημαινόμενον καί φημι· εἰ μὲν λόγῳ τῷ
ἐν ἡμῖν, εἴτε ἐνδιαθέτῳ εἴτε καὶ προφορικῷ, καὶ ἡμεῖς
φήσομεν ὅτι οὐκ ἔστιν ἐφικτὸς τῷ λόγῳ ὁ θεός· εἰ δὲ
νοήσαντες τὸ «Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς
τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος» ἀποφαινόμεθα ὅτι τούτῳ
τῷ λόγῳ ἐφικτός ἐστιν ὁ θεός, οὐ μόνῳ αὐτῷ καταλαμβανόμενος
ἀλλὰ καὶ ᾧ ἂν αὐτὸς ἀποκαλύψῃ τὸν πατέρα,
ψευδοποιήσομεν τὴν Κέλσου λέξιν φάσκοντος· οὐδὲ λόγῳ
ἐφικτός ἐστιν ὁ θεός.
Καὶ τὸ οὐκ ὀνομαστὸς δὲ διαστολῆς δεῖται. Εἰ μὲν γάρ,
ὅτι οὐδὲν τῶν ἐν λέξεσι καὶ σημαινομένοις δύναται παραστῆσαι
τὰς ἰδιότητας τοῦ θεοῦ, ἀληθές ἐστι τὸ λεγόμενον, εἴ γε καὶ
πολλαὶ ποιότητες οὐκ εἰσὶν ὀνομασταί. Τίς γὰρ δύναται
ὀνόμασι διαφορὰν δοῦναι ποιότητος γλυκύτητος φοίνικος καὶ
γλυκύτητος ἰσχάδος; Τίς δὲ ὀνόματι δύναται διαστείλασθαι
καὶ παραστῆσαι τὴν ἑκάστου ἰδίαν ποιότητα; Οὐδὲν οὖν
θαυμαστόν, εἰ οὐκ ἔστιν οὕτως ὀνομαστὸς ὁ θεός. Εἰ δὲ τὸ
ὀνομαστὸν λαμβάνεις καθὸ οἷόν τε ἐστὶν ὀνόμασι παραστῆσαί
τι τῶν περὶ αὐτοῦ εἰς τὸ χειραγωγῆσαι τὸν ἀκροατὴν καὶ
ποιῆσαι νοῆσαι περὶ θεοῦ κατὰ τὸ ἐφικτὸν τῇ ἀνθρωπίνῃ φύσει
τινὰ τῶν περὶ αὐτοῦ, οὐδὲν ἄτοπον λέγειν αὐτὸν ὀνομαστόν.
Οὕτω δὲ διαστελούμεθα καὶ τὸ οὐδὲν γὰρ πέπονθεν ὀνόματι
καταληπτόν. Ἀληθὲς δὲ καὶ τὸ ἔξω παντὸς πάθους εἶναι
τὸν θεόν. Καὶ ταῦτα μὲν ταύτῃ.
| [6,65] Par ce que
Celse ajoute, en parlant de Dieu, que tout est de lui, il détruit je ne
sais comment, toutes ses propres maximes. Pour ce qui est de notre Saint
Paul, il dit, que tout est de Dieu, que tout est par Dieu, et que tout est
pour Dieu (Rom.., XI. 36): De Dieu, c'est-à-dire que toutes choses lui
doivent leur origine et les principes de leur être : Par Dieu,
c'est-à-dire qu'il est la cause de leur subsistance et de leur
conservation : Pour Dieu, c'est-à-dire qu'il est la fin à laquelle elles
se rapportent. Mais c'est une vérité constante que Dieu n'est d'aucune
chose. Sur ce qui suit, que le Verbe même n'y peut atteindre ; il faut
user de distinction ; car s'il entend le Verbe qui est en nous, soit
l'interne, qu'on nomme la raison, soit l'externe, qu'on nomme la parole,
nous dirons avec lui que le Verbe même ne peut atteindre jusqu'à Dieu :
mais si on l'entendait par rapport à ce passage : Au commencement était le
Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu (Jean, I,1),
nous soutiendrons à l'égard de ce Verbe-là, qu'il peut atteindre jusqu'à
Dieu, puisque non seulement il le conçoit, mais qu'il le fait même
concevoir à ceux a qui il fait connaître le Père (Matth., XI, 27); et
ainsi nous regarderions comme faux ce que dit Celse, que le Verbe même ne
peut atteindre jusqu'à Dieu. Ce qu'il dit encore, qu'on ne peut l'exprimer
par des noms, n'a pas moins besoin de distinction; car s'il veut dire que
ni dans nos paroles, ni dans les idées qu'elles renferment, il n'y a
rien qui puisse exprimer les propriétés de Dieu, ce qu'il dit est très
vrai, puisque dans les autres choses mêmes il y a diverses qualités que
nous ne saurions exprimer par des noms. Qui peut, par exemple, trouver des
termes capables d'exprimer la différence qui se rencontre entre la douceur
du fruit de palme, et celle de la figue? Et qui peut marquer distinctement
par des paroles, les différentes qualités qui sont propres à tous les
autres sujets en particulier? Il n'est donc pas surprenant qu'il n'y ait
point de noms pour exprimer ce qu'est Dieu. Mais si par le mot exprimer,
l'on entendait employer certains termes en parlant de Dieu, pour aider
ceux devant qui l'on s'en sert, à concevoir quelques-unes de ses vertus,
autant qu'il est permis à des hommes, il n'y aurait rien d'absurde à dire
que Dieu peut de la sorte être exprimé par des noms. La même distinction
peut s'appliquer à ce qu'il ajoute, que Dieu ne souffre aucun de ces
accidents que nos paroles signifient : car il est certain qu'à la rigueur
Dieu est incapable de rien souffrir.
Voilà qui suffit à cet égard.
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