[6,55] Εὑρεθείη δ´ ἂν καταχρηστικώτερον καὶ τὰ σωματικὰ
καὶ τὰ ἐκτός, τὰ μὲν συμβαλλόμενα εἰς τὸν κατὰ φύσιν
βίον νομιζόμενα ἀγαθὰ τὰ δ´ ἐναντιούμενα τούτῳ κακά.
Οὕτω γὰρ ὁ Ἰὼβ λέγει πρὸς τὴν γυναῖκα τό· «Εἰ γὰρ τὰ
ἀγαθὰ ἐδεξάμεθα ἐκ χειρὸς κυρίου, τὰ κακὰ οὐχ ὑποίσομεν;»
Ἐπεὶ οὖν εὑρίσκεται ἐν ταῖς θείαις γραφαῖς ὅπου
μὲν ἐκ προσώπου θεοῦ τὸ «Ἐγὼ ὁ ποιῶν εἰρήνην καὶ
κτίζων κακά», ὅπου δὲ πάλιν περὶ αὐτοῦ «Ὅτι κατέβη
κακὰ παρὰ κυρίου ἐπὶ πύλας Ἱερουσαλήμ, ψόφος ἁρμάτων
καὶ ἱππευόντων», ἅπερ ἐτάραξε πολλοὺς τῶν ἐντυγχανόντων
τῇ γραφῇ, μὴ δυναμένους καθορᾶν τὰ κατ´ αὐτὴν περὶ
ἀγαθῶν καὶ κακῶν σημαινόμενα· εἰκὸς ἐντεῦθεν ἤτοι τὸν
Κέλσον ἐπαποροῦντα εἰρηκέναι· Πῶς μὲν κακὰ ὁ θεὸς
ἐποίει; Ἢ ἀκούσαντά τινος ἰδιωτικώτερον πρεσβεύοντος
περὶ τῶν κατὰ τὸν τόπον τὴν ἐκκειμένην λέξιν τεθεικέναι.
Ἡμεῖς δέ φαμεν ὅτι κακὰ μέν, τὴν κακίαν καὶ τὰς ἀπ´ αὐτῆς
πράξεις, ὁ θεὸς οὐκ ἐποίησε. Πῶς γὰρ οἷόν τ´ ἦν τὸ περὶ
κρίσεως κήρυγμα παρρησίαν ἔχειν, διδάσκον κολάζεσθαι μὲν
ἐπὶ ταῖς κατὰ κακίαν πράξεσι κατ´ ἀναλογίαν τῶν ἡμαρτημένων
τοὺς φαύλους, μακαρίους δ´ εἶναι καὶ τεύξεσθαι τῶν
ἀπὸ θεοῦ γερῶν τοὺς κατ´ ἀρετὴν βιώσαντας ἢ τὰς κατ´
ἀρετὴν πράξεις ποιήσαντας, εἰ τὰ ὄντως κακὰ πεποιήκει ὁ
θεός; Εὖ οἶδα ὅτι ῥητά τινα παραλήψονται τῆς γραφῆς οἱ
καὶ ταῦτα βουλόμενοι τολμᾶν φάσκειν ἀπὸ θεοῦ γεγονέναι,
μὴ δυνάμενοι ἓν ὕφος ἀποδεῖξαι τῆς γραφῆς, αἰτιωμένης
μὲν τοὺς ἁμαρτάνοντας ἀποδεχομένης δὲ τοὺς εὖ πράττοντας
καὶ οὐδὲν ἧττον κἀκεῖνα λεγούσης, ἅτινα περισπᾶν δοκεῖ
οὐκ ὀλίγα ὄντα τοὺς ἀμαθῶς τὰ θεῖα γράμματα ἀναγινώσκοντας. Ἐκτίθεσθαι δὲ νῦν τὰς περισπώσας λέξεις, πολλὰς
τυγχανούσας, καὶ τὰς ἑρμηνείας αὐτῶν πολλῆς κατασκευῆς
δεομένας οὐχ ἡγησάμην εἶναι ἁρμόζον τῇ προκειμένῃ
συντάξει.
Κακὰ τοίνυν, εἰ μὲν τὰ κυρίως οὕτως ὀνομαζόμενα
ἐξακούοι τις, ὁ θεὸς οὐ πεποίηκεν, ἀλλὰ τοῖς προηγουμένοις
αὐτοῦ ἔργοις ὀλίγα ὡς πρὸς τὴν τῶν ὅλων διάταξιν τυγχάνοντα ἐπηκολούθησεν, ὥσπερ ἐπακολουθεῖ τοῖς προηγουμένοις
τοῦ τέκτονος ἔργοις τὰ ἑλικοειδῆ ξέσματα καὶ
πρίσματα καὶ τοῖς οἰκοδόμοις τὸ ποιεῖν δοκεῖν τὰ παρακείμενα
ταῖς οἰκοδομαῖς ὡσπερεὶ κόπρια ἀποπίπτοντα τῶν
λίθων καὶ τῆς κονίας.
| [6,55] L'on trouve aussi quelquefois,
lorsque l'Écriture parle moins proprement, que des choses extérieures et
corporelles, celles qui contribuent à l'entretien de la vie que nous
tenons de la nature, sont nommées biens, comme celles qui y sont
contraires, passent pour des maux ; car c'est en ce sens que Job disait à
sa femme : Si nous avons reçu les biens de la main de Dieu, ne nous
soumettrons-nous pas aux maux qu'il nous envoie (Job, II, 10) ? Comme
donc l'Écriture sainte introduit en quelque endroit Dieu disant de
lui-même : C'est moi qui donne la paix, et c'est moi qui crée les maux
(Is., XLV, 7), et que ailleurs elle dit de lui : Il est descendu des maux,
de la part de Dieu, sur les portes de Jérusalem; un grand bruit de
chariots et de cavalerie : (Mich., I, 12, et XIII). plusieurs n'ont pu
lire cela sans en être embarrassés, ne comprenant pas ce que l'Écriture
entend quand elle parle des biens et des maux. Il y a de l'apparence que
c'est de là aussi que Celse a pris occasion de se former ce doute :
Comment Dieu a-t-il fait de mauvaises choses ? Peut-être même qu'il s'est
rencontré quelqu'un qui, s'exprimant et se défendant sur ces matières
d'une façon peu exacte, lui a donné lieu de parler de la sorte. Pour nous,
nous disons que Dieu n'est point l'auteur du mal, c'est-à-dire du vice et
des actions vicieuses; car si Dieu était l'auteur du mal proprement ainsi
nommé, comment pourrait subsister la doctrine du dernier jugement, où les
méchants doivent être punis de leurs crimes à proportion que leurs crimes
seront grands, et où les gens de bien, qui se seront adonnés à la vertu,
doivent être mis en possession du bonheur et des récompenses que Dieu leur
préparé? Je sais que ceux qui sont assez téméraires pour soutenir que Dieu
est même l'auteur de ces sortes de maux, allégueront ici quelques passages
de l'Écriture, ne pouvant l'accorder avec elle-même, lorsque d'un côté
elle condamne les pécheurs et loue les justes, et que de l'autre elle ne
laisse pas de dire des choses qui, bien qu'en petit nombre, semblent
capables de donner d'autres pensées à ceux qui ne la lisent pas avec le
discernement nécessaire. Le nombre de ces passages n'est pas néanmoins si
petit, et l'explication ne s'en peut pas faire en si peu de paroles que je
juge à propos de m'y arrêter en ce lieu. Je me contenterai donc de dire,
que s'il s'agit des maux proprement ainsi nommés, Dieu n'en est point
l'auteur; quoiqu'il y en ait quelques-uns, en petite quantité, si on les
compare au grand ouvrage de l'univers, qui sont une suite et une
dépendance de ses véritables œuvres : comme le charpentier par une suite
du travail qu il a entrepris, fait les copeaux et la sciure de bois ; et
comme l'architecte semble être l'auteur de ces éclats de pierre et de ces
superfluités de mortier qui font des monceaux d'ordures dans les places où
l'on bâtit.
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