[6,47] Ἔλεγε δὴ μετὰ τὰ ἐκκείμενα τοιαῦτα· Ὁπόθεν δὲ
καὶ αὐτὸ τοῦτο ἐπῆλθεν αὐτοῖς θεοῦ υἱὸν καλεῖν, σημαίνω.
Ἄνδρες παλαιοὶ τόνδε τὸν κόσμον ὡς ἐκ θεοῦ γενόμενον
παῖδά τε αὐτοῦ καὶ ἡμίθεον προσεῖπον. Πάνυ γοῦν ὅμοιος
οὗτός τε κἀκεῖνος παῖς θεοῦ. ᾨήθη δὴ υἱὸν θεοῦ ἡμᾶς
λέγειν, παραποιήσαντας τὰ περὶ τοῦ κόσμου ὡς ἐκ θεοῦ
γενομένου καὶ υἱοῦ ὄντος αὐτοῦ καὶ θεοῦ· οὐ γὰρ ἐδυνήθη
ἐπιστήσας τοῖς χρόνοις Μωϋσέως καὶ τῶν προφητῶν ἰδεῖν
ὅτι καθόλου τὸ εἶναί τινα υἱὸν θεοῦ πρὸ Ἑλλήνων καὶ ὧν
φησιν ὁ Κέλσος παλαιῶν ἀνδρῶν οἱ παρ´ Ἰουδαίοις προφῆται
ἐπροφήτευσαν. Ἀλλ´ οὐδ´ ἐβουλήθη τὸ παρὰ Πλάτωνι ἐν
ταῖς ἐπιστολαῖς λελεγμένον, οὗ ἐν τοῖς ἀνωτέρω ἐμνήσθημεν,
περὶ τοῦ διακοσμήσαντος τόδε τὸ πᾶν ὡς ὄντος υἱοῦ θεοῦ
παραθέσθαι· ἵνα μὴ καὶ αὐτὸς ὑπὸ τοῦ Πλάτωνος, ὃν
πολλάκις ἐσέμνυνεν, ἀναγκασθῇ παραδέξασθαι ὅτι ὁ μὲν
δημιουργὸς τοῦδε τοῦ παντὸς υἱός ἐστι τοῦ θεοῦ, ὁ δὲ πρῶτος
καὶ ἐπὶ πᾶσι θεὸς πατήρ ἐστιν αὐτοῦ.
Εἰ δὲ τῷ τηλικούτῳ υἱῷ τοῦ θεοῦ ἡνῶσθαι φάσκοντες τῇ
ἄκρᾳ μετοχῇ ἐκείνου τὴν τοῦ Ἰησοῦ ψυχὴν οὐκέτι χωρίζομεν
ἀπ´ ἐκείνου αὐτήν, οὐδὲν θαυμαστόν. Οἴδασι γὰρ οἱ ἱεροὶ
τῶν θείων γραμμάτων λόγοι καὶ ἄλλα, δύο τῇ ἑαυτῶν φύσει
τυγχάνοντα, εἰς ἓν ἀλλήλοις εἶναι λελογισμένα καὶ ὄντα.
Οἷον περὶ μὲν ἀνδρὸς καὶ γυναικὸς λέλεκται· «Οὐκέτι εἰσὶ
δύο ἀλλὰ σὰρξ μία», περὶ δὲ τοῦ τελείου καὶ κολλωμένου
τῷ ἀληθινῷ κυρίῳ, λόγῳ καὶ σοφίᾳ καὶ ἀληθείᾳ, ὅτι «Ὁ
κολλώμενος τῷ κυρίῳ ἓν πνεῦμά ἐστιν». Εἰ δ´ «ὁ κολλώμενος
τῷ κυρίῳ ἓν πνεῦμά ἐστι», τίς μᾶλλον τῆς Ἰησοῦ
ψυχῆς ἢ κἂν παραπλησίως κεκόλληται τῷ κυρίῳ, τῷ
αὐτολόγῳ καὶ αὐτοσοφίᾳ καὶ αὐτοαληθείᾳ καὶ αὐτοδικαιοσύνῃ;
Ὅπερ εἰ οὕτως ἔχει, οὐκ εἰσὶ δύο ἡ ψυχὴ τοῦ Ἰησοῦ
πρὸς τὸν «πάσης κτίσεως» πρωτότοκον θεὸν λόγον.
| [6,47] Pour le nom de Fils de Dieu, ajoute-t-il, je vous dirai d'où il leur est
venu dans l'esprit de le donner à leur Jésus ; c'est que les anciens ont
donné le même nom au monde comme à l'ouvrage et à la production toute
divine de Dieu. Il faut avouer qu'il y a grand rapport de l'un de ces fils
de Dieu à l'autre ! Il s'imagine que nous avons emprunté le nom de Fils de
Dieu de ce qui a été dit du monde qui est l'ouvrage et le fils de Dieu ;
que même il est dieu. Mais c'est n'avoir pas fait de réflexion sur le
temps de Moïse et des prophètes, pour reconnaître que beaucoup avant ces
auteurs grecs qu'il nomme anciens, les prophètes des Juifs avaient
positivement parlé d'un Fils de Dieu: c'est même ne se vouloir pas
souvenir du passage que nous avons rapporté ci-dessus des Épîtres de
Platon, où il parle de l'Ouvrier de cet univers comme du Fils de Dieu. Il
a eu peur de se voir contraint par l'autorité de ce même Platon qu'il a
souvent cité avec tant d'éloges, de reconnaître que celui qui a bâti cet
univers est le Fils de Dieu ; que le grand Dieu, le Dieu souverain est son
Père. Si nous disons au reste que l'âme de Jésus a été unie d'une union
très intime à ce grand et admirable Fils de Dieu, pour n'en être jamais
séparée, il n'y a rien de surprenant en cela, car les livres sacrés nous
apprennent qu'il y a d'autres choses qui, bien qu'elles soient deux de
leur nature, ne laissent pas d'être censées et d'être en effet une seule
et même chose. Témoin ce qu'ils disent de l'homme et de la femme : Ils ne
sont plus deux, mais ils sont une seule chair (Gen., II, 24 ); et de
l'homme parfait qui s'attache au véritable Seigneur, la parole (le Verbe),
la sagesse et la vérité : Celui qui demeure attaché au Seigneur est un
même esprit avec lui ( I Cor., VI, 17 ). Si celui qui s'attache au
Seigneur est un même esprit avec lui, qui est-ce qui peut surpasser, qui
peut même égaler en aucune sorte l'union qui attache l'âme de Jésus au
Seigneur qui est la parole (le Verbe); la sagesse, la vérité et la justice
même ? Ainsi l'on peut dire de l'âme de Jésus et de Dieu le Verbe, Le
premier né de toutes les créatures (Col., I,15), qu'ils ne sont plus deux.
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