Texte grec :
[4,26] Εἰ δὲ διὰ τὰ μὴ ἀρέσκοντα Κέλσῳ Χριστιανῶν καὶ
Ἰουδαίων δόγματα, ἃ μηδὲ τὴν ἀρχὴν ἐπίστασθαι φαίνεται,
οὗτοι μὲν σκώληκες καὶ μύρμηκες οἱ δὲ λοιποὶ οὐ τοιοῦτοι,
φέρε ἐξετάσωμεν καὶ τὰ αὐτόθεν πᾶσι προφαινόμενα δόγματα
Χριστιανῶν καὶ Ἰουδαίων σὺν τοῖς τῶν λοιπῶν ἀνθρώπων,
εἰ μὴ ἀναφανεῖται τοῖς ἅπαξ παραδεχομένοις εἶναί τινας
ἀνθρώπους σκώληκας καὶ μύρμηκας ὅτι σκώληκες μὲν καὶ
μύρμηκες καὶ βάτραχοι οἱ καταπεπτωκότες ἀπὸ τῆς περὶ
θεοῦ ὑγιοῦς ὑπολήψεως φαντασίᾳ δ´ εὐσεβείας ἤτοι ἄλογα
ζῷα ἢ ἀγάλματα σέβοντες ἢ καὶ τὰ δημιουργήματα, δέον
ἐκ τοῦ κάλλους αὐτῶν θαυμάζειν τὸν πεποιηκότα κἀκεῖνον
σέβειν, ἄνθρωποι δὲ καὶ εἴ τι ἀνθρώπων τιμιώτερον οἱ
δυνηθέντες ἀναβῆναι ἀκολουθοῦντες τῷ λόγῳ ἀπὸ λίθων
καὶ ξύλων ἀλλὰ καὶ τῆς νομιζομένης ὕλης εἶναι τιμιωτάτης
ἀργύρου καὶ χρυσοῦ, ἀναβάντες δὲ καὶ ἀπὸ τῶν ἐν κόσμῳ
καλῶν ἐπὶ τὸν τὰ ὅλα ποιήσαντα καὶ ἐκείνῳ ἑαυτοὺς πιστεύσαντες
καὶ ὡς μόνῳ διαρκεῖν δυναμένῳ ἐπὶ πάντα τὰ ὄντα
καὶ ἐφορᾶν τοὺς πάντων λογισμοὺς καὶ ἀκούειν τῆς πάντων
εὐχῆς τὰς εὐχὰς ἐκείνῳ ἀναπέμποντες καὶ ὡς ἐπὶ θεατοῦ
αὐτοῦ τῶν γινομένων πάντα πράττοντες καὶ ὡς ἐπὶ ἀκροατοῦ
τῶν λεγομένων φυλαττόμενοι λέγειν τὸ μὴ ἀρεσκόντως
ἀπαγγελλόμενον τῷ θεῷ.
Εἰ μὴ ἄρα ἡ τηλικαύτη εὐσέβεια, οὔθ´ ὑπὸ πόνων οὔθ´
ὑπὸ κινδύνου θανάτου οὔθ´ ὑπὸ λογικῶν πιθανοτήτων
νικωμένη, οὐδὲν βοηθεῖ τοῖς ἀνειληφόσιν αὐτὴν πρὸς τὸ
μηκέτι αὐτοὺς παραβάλλεσθαι σκώληξιν, εἰ καὶ παρεβάλλοντο
πρὸ τῆς τηλικαύτης εὐσεβείας· ἆρά γε οἱ νικῶντες τὴν
δριμυτάτην πρὸς ἀφροδίσια ὄρεξιν, πολλῶν ποιήσασαν τοὺς
θυμοὺς μαλθακοὺς καὶ κηρίνους, καὶ διὰ τοῦτο νικῶντες,
ἐπείπερ ἐπείσθησαν μὴ ἄλλως οἰκειωθῆναι δύνασθαι τῷ
θεῷ, ἐὰν μὴ καὶ διὰ σωφροσύνης ἀναβῶσι πρὸς αὐτόν,
σκωλήκων ἡμῖν δοκοῦσιν εἶναι ἀδελφοὶ καὶ μυρμήκων
συγγενεῖς καὶ βατράχοις παραπλήσιοι; Τί δέ, τὸ λαμπρὸν
τῆς δικαιοσύνης, τηρούσης τὸ πρὸς τὸν πλησίον καὶ ὁμογενῆ
κοινωνικὸν καὶ δίκαιον καὶ φιλάνθρωπον καὶ χρηστόν,
οὐδὲν ἀνύει πρὸς τὸ μὴ εἶναι νυκτερίδα τὸν τοιονδί; Οἱ δὲ
περὶ τὰς ἀκολασίας καλινδούμενοι, ὁποῖοί εἰσιν οἱ πολλοὶ
τῶν ἀνθρώπων, καὶ οἱ ταῖς χαμαιτύπαις ἀδιαφόρως προσιόντες
διδάσκοντες δὲ καὶ μὴ πάντως παρὰ τὸ καθῆκον τοῦτο
γίνεσθαι οὐκ εἰσὶν ἐν βορβόρῳ σκώληκες; Καὶ μάλιστα
συγκρινόμενοι τοῖς διδαχθεῖσι μὴ αἴρειν «τὰ μέλη τοῦ
Χριστοῦ» καὶ τὸ ὑπὸ τοῦ λόγου οἰκούμενον σῶμα καὶ
ποιεῖν αὐτὰ «πόρνης μέλη», μαθοῦσι δὲ ἤδη καὶ ὅτι τὸ
τοῦ λογικοῦ καὶ τῷ θεῷ τῶν ὅλων ἀνακειμένου «σῶμα»
«ναός ἐστι» τοῦ προσκυνουμένου ὑπ´ αὐτῶν θεοῦ, τοιοῦτον
ἀπὸ τῆς καθαρᾶς περὶ τοῦ δημιουργοῦ ἐννοίας γινόμενον·
οἳ καὶ φυλαττόμενοι διὰ τῆς παρανόμου συνουσίας φθείρειν
«τὸν ναὸν τοῦ θεοῦ» ὡς εἰς θεὸν εὐσέβειαν ἀσκοῦσι τὴν
σωφροσύνην.
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Traduction française :
[4,26] Maintenant si c'est à cause de ce qui ne plait pas à Celse
dans les dogmes des chrétiens el des Juifs, dont il semble même
n'avoir aucune connaissance ; si c'est, dis-je, à cause de cela qu'il les
veut faire passer pour des vers et pour des fourmis par opposition aux
autres hommes, comparons un peu les dogmes dont tout le monde sait que les
Juifs et les chrétiens font profession avec ceux que les autres hommes
soutiennent, et voyons à qui le nom de fourmis et de vers conviendra le
mieux, posé qu'il y ait des hommes à qui il convienne. Les vers, les
fourmis et les grenouilles seront sans doute ceux qui ont laissé perdre la
vraie connaissance de Dieu, et qui sous de fausses apparences de piété
adorent ou des brutes, ou des simulacres, ou même quelqu'un des grands
corps de l'univers, au lieu que la perfection de l'ouvrage les devait
porter à l'admiration et au culte de l'ouvrier (Rom., I, 20).
Mais il faudra prendre pour des hommes et pour quelque chose de plus
noble, s'il se peut, ceux qui se laissant conduire aux lumières de la
révélation divine, ont pu se détacher du bois et des pierres, de l'argent
même et de l'or, qui passent pour des matières bien plus précieuses, et
s'élever jusqu'au Créateur de toutes choses par la considération de la
beauté des créatures ; ceux qui s'abandonnent entièrement à ses soins, qui
lui adressent leurs prières, qui agissent toujours comme sous ses yeux,
qui se gardent de rien dire qui lui puisse déplaire ; persuadés que ce
grand Dieu est le seul qui puisse pourvoir aux besoins de tout le monde,
qu'il connaît toutes les pensées des hommes, qu'il voit toutes leurs
actions, et qu'il entend toutes leurs paroles. Une telle piété qui ne se
laisse vaincre ni par calamités de la vie ni par la crainte de la mort, ni
par toute la subtilité des raisons humaines, ne servira-t-elle de rien
pour faire que ceux qui en ont le cur rempli ne soient plus après cela
comparés à des vers quand même il l'auraient dû être auparavant? Et ceux
qui se défendent des attaques de l'amour, dont les doux et puissants
efforts ont ramolli et efféminé tant d'âmes, et qui s'en défendent dans la
persuasion où ils sont que, pour s'unir avec Dieu, il faut nécessairement
qu'ils s'approchent de lui par la continence ; dirons-nous qu'ils soient
de l'ordre et de la nature des vers des fourmis et des grenouilles? La
justice encore qui est une vertu si éclatante, qui renferme tous les
devoirs de la vie civile, et qui présuppose l'équité, l'humanité, la
douceur, ne pourra-t-elle empêcher que celui en qui elle se trouve ne soit
une chauve-souris? Ne sont-ce pas plutôt ceux qui se plongent dans les
ordures de l'intempérance, comme font la plupart des hommes, ceux qui
fréquentent sans scrupule les lieux infâmes et qui soutiennent même qu'il
n'y a rien en cela qui soit contre la bienséance ; ne sont-ce pas eux
plutôt qu'on doit regarder comme des vers qui se roulent dans un bourbier?
Si on les compare surtout avec ceux qui ont appris qu'il ne faut pas
prendre les membres de Jésus-Christ (I Cor., VI, 15) ni le corps où le
Verbe habite, qu'il ne les faut pas prendre pour les faire devenir les
membres d'une prostituée ( Cor., III, 16) : avec ceux qui savent qu'un
corps animé d'une âme raisonnable et consacrée au grand Dieu est le temple
du Dieu que nous adorons, et qu'il acquiert cette qualité lorsqu'on a du
Créateur les sentiments qu'on en doit avoir : avec ceux qui se donnent de
garde de profaner le temple de Dieu par les souillures d'un amour
illégitime, mais qui font de leur continence une partie essentielle de
leur piété.
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