Texte grec :
[4,19] Ἄλλοι μὲν οὖν διδότωσαν τῷ Κέλσῳ ὅτι οὐ μεταβάλλει
μέν, ποιεῖ δὲ τοὺς ὁρῶντας δοκεῖν αὐτὸν μεταβεβληκέναι·
ἡμεῖς δὲ πειθόμενοι οὐ δόκησιν ἀλλ´ ἀλήθειαν εἶναι καὶ
ἐνάργειαν κατὰ τὴν Ἰησοῦ εἰς ἀνθρώπους ἐπιδημίαν, οὐχ
ὑποκείμεθα τῇ Κέλσου κατηγορίᾳ. Ὅμως δ´ ἀπολογησόμεθα
ὅτι οὐ φῄς, ὦ Κέλσε, ὡς ἐν φαρμάκου μοίρᾳ ποτὲ δίδοται
χρῆσθαι τῷ πλανᾶν καὶ τῷ ψεύδεσθαι; Τί οὖν ἄτοπον, εἰ
τοιοῦτόν τι ἔμελλε σῴζειν, τοιοῦτόν τι γεγονέναι; Καὶ γάρ
τινες τῶν λόγων τὰ τοιαδὶ ἤθη κατὰ τὸ ψεῦδος μᾶλλον
λεγόμενοι ἐπιστρέφουσιν, ὥσπερ καὶ τῶν ἰατρῶν ποτε λόγοι
τοιοίδε πρὸς τοὺς κάμνοντας, ἤπερ κατὰ τὸ ἀληθές. Ἀλλὰ
ταῦτα μὲν περὶ ἑτέρων ἀπολελογήσθω ἡμῖν. Καὶ γὰρ οὐκ
ἄτοπόν ἐστι τὸν ἰώμενον φίλους νοσοῦντας ἰάσασθαι τὸ φίλον
τῶν ἀνθρώπων γένος τοῖς τοιοῖσδε, οἷς οὐκ ἄν τις χρήσαιτο
προηγουμένως ἀλλ´ ἐκ περιστάσεως. Καὶ μεμηνὸς δὲ τὸ
γένος τῶν ἀνθρώπων ἔδει θεραπευθῆναι διὰ μεθόδων, ὧν
ἑώρα ὁ λόγος χρησίμων τοῖς μεμηνόσιν, ἵνα σωφρονήσωσι.
Φησὶ δ´ ὅτι καὶ τὰ τοιάδε τις ποιεῖ πρὸς ἐχθρούς, κίνδυνον
ἐκφυγεῖν προμηθούμενος. Οὐ φοβεῖται δέ τινας ὁ θεός, ἵνα
πλανήσας τοὺς ἐπιβουλεύοντας κίνδυνον διαφύγῃ. Πάντῃ δὲ
περισσὸν καὶ ἄλογον ἀπολογήσασθαι πρὸς τὸ ὑπ´ οὐδενὸς
περὶ τοῦ σωτῆρος ἡμῶν λεγόμενον. Προείρηται δ´ εἰς τὴν
περὶ ἑτέρων ἡμῖν ἀπολογίαν πρὸς τὸ οὔτε δὲ νοσῶν ἢ μεμηνὼς
οὐδεὶς φίλος τῷ θεῷ· ὁ γὰρ ἀπολογησάμενός φησιν
οὐχ ὑπὲρ τῶν ἤδη φίλων νοσούντων ἢ μεμηνότων τὴν
τοιάνδε οἰκονομίαν γίνεσθαι ἀλλ´ ὑπὲρ τῶν διὰ νόσον τῆς
ψυχῆς καὶ ἔκστασιν τοῦ κατὰ φύσιν λογισμοῦ ἔτι ἐχθρῶν,
ἵνα γένωνται φίλοι τῷ θεῷ. Καὶ γὰρ σαφῶς ὑπὲρ ἁμαρτωλῶν
λέγεται πάντα ἀναδεδέχθαι ὁ Ἰησοῦς, ἵν´ αὐτοὺς «ἀπαλλάξῃ»
τῆς ἁμαρτίας καὶ ποιήσῃ «δικαίους».
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Traduction française :
[4,19] Que d'autres donc
accordent à Celse, s'ils le veulent, que Dieu, sans changer effectivement,
fait seulement qu'il parait changé aux yeux de ceux qui le voient : pour
nous qui sommes persuadés que ce qui a paru dans Jésus pendant qu'il était
sur la terre, n'était pas une apparence trompeuse, mais une vérité très
évidente, l'objection de Celse ne nous touche point. Nous ne laisserons
pourtant pas de lui répondre: Ne dites-vous pas vous-même que, quand on se
sert de la tromperie et du mensonge comme d'un remède, il est permis de
tromper et de mentir? Que trouvez-vous donc d'étrange si dans une telle
occasion où il ne s'agissait pas de moins que du salut des hommes, il
s'est fait quelque chose de semblable ? Car de la manière que les esprits
sont faits, il est souvent plus aisé de les gagner par l'adresse du
mensonge que par la force de la vérité, comme les médecins le pratiquent
quelquefois envers leurs malades. Ce qui soit dit néanmoins pour défendre
la cause des autres. S'il est permis, en effet, d'en user ainsi pour
soulager ses amis malades, il n'y a nul inconvénient que celui qui aimait
si ardemment le genre humain, l'ait guéri par de telles remèdes, dont on
ne se sert pas de dessein formé, mais par accident : et si les hommes
avaient perdu leur raison, il fallait que ce sage médecin les traitât avec
la méthode qu'il jugeait la plus propre pour les remettre en leur bon
sens. Celse dit qu'il est encore permis de mentir pour se délivrer des
mains de ses ennemis ; mais que Dieu ne craint personne pour être
contraint d'avoir recours à la tromperie dans le danger. Il serait
entièrement inutile et déraisonnable de nous justifier d'une chose
qu'aucun de nous n'a jamais dite de notre Sauveur. A l'égard de cet
article, Dieu n'a point pour amis des gens où l'esprit soit troublé ou la
raison affaiblie; nous y avons déjà répondu en faisant l'apologie
d'autrui. Car après ce que nous avons dit, il est clair que cette conduite
de Jésus n'a point regardé des personnes qui fussent dès lors au nombre de
ses amis, pendant que leur esprit était troublé et leur raison affaiblie,
mais des personnes qui, par le désordre où la maladie de leur âme avait
mis tout ce qu'ils avaient naturellement de mieux réglé, étaient encore au
rang de ses ennemis, el qu'il voulait pourtant rendre amis de Dieu. C'est
ce que l'Écriture nous enseigne nettement, lorsqu'elle dit que tout ce
qu'il a souffert, il l'a souffert pour les pécheurs (I Tim., I, 15), afin
de les délivrer de leurs péchés (Matth., I, 21 ), et de les rendre justes
(Rom., V, 19, etc.).
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