Texte grec :
[4,75] Οἴεται γὰρ πρῶτον μὲν μὴ ἔργα θεοῦ εἶναι βροντὰς
καὶ ἀστραπὰς καὶ ὑετούς, ἤδη σαφέστερον ἐπικουρίζων·
δεύτερον δέ φησιν ὅτι, εἰ καὶ διδῴη τις ταῦτα ἔργα εἶναι
θεοῦ, οὐ μᾶλλον ἡμῖν τοῖς ἀνθρώποις ταῦτα γίνεται πρὸς
τροφὴν ἢ τοῖς φυτοῖς δένδροις τε καὶ πόαις καὶ ἀκάνθαις,
συντυχικῶς διδοὺς καὶ οὐ κατὰ πρόνοιαν ὡς ἀληθῶς ἐπικούρειος
ταῦτα συμβαίνειν. Εἰ γὰρ οὐ μᾶλλον ἡμῖν ἢ φυτοῖς
καὶ δένδροις καὶ πόαις καὶ ἀκάνθαις ταῦτ´ ἐστι χρήσιμα,
δῆλον ὅτι οὐδ´ ἀπὸ προνοίας ταῦτ´ ἔρχεται ἢ ἀπὸ προνοίας
οὐ μᾶλλον ἡμῶν προνοουμένης ἢ δένδρων καὶ πόας καὶ
ἀκάνθης. Ἑκάτερον δ´ αὐτόθεν ἀσεβές, καὶ τὸ τοῖς τοιούτοις
ἀντιλέγειν ἱστάμενον πρὸς τὸν ἀσέβειαν ἡμῶν κατηγοροῦντα
εὔηθες· παντὶ γὰρ δῆλον ἐκ τῶν εἰρημένων, τίς ὁ ἀσεβής.
Εἶτά φησιν ὅτι κἂν ταῦτα λέγῃς ἀνθρώποις φύεσθαι
—δῆλον δ´ ὅτι τὰ φυτὰ καὶ δένδρα καὶ πόας καὶ ἀκάνθας—,
τί μᾶλλον αὐτὰ ἀνθρώποις φήσεις φύεσθαι ἢ τοῖς ἀλόγοις
ζῴοις τοῖς ἀγριωτάτοις; Σαφῶς οὖν λεγέτω ὁ Κέλσος ὅτι
ἡ τοσαύτη τῶν ἐπὶ γῆς φυομένων διαφορὰ οὐ προνοίας ἐστὶν
ἔργον, ἀλλὰ συντυχία τις ἀτόμων τὰς τοσαύτας ποιότητας
πεποίηκε, καὶ κατὰ συντυχίαν τοσαῦτα εἴδη φυτῶν καὶ
δένδρων καὶ πόας παραπλήσιά ἐστιν ἀλλήλοις, καὶ ὅτι οὐδεὶς
λόγος τεχνικὸς ὑπέστησεν αὐτά, οὐδ´ ἀπὸ νοῦ ἔχει τὴν
ἀρχήν, πάντα θαυμασμὸν ὑπερβεβηκότος. Ἀλλ´ ἡμεῖς οἱ
τῷ ταῦτα κτίσαντι μόνῳ ἀνακείμενοι θεῷ Χριστιανοὶ καὶ
ἐπὶ τούτοις χάριν οἴδαμεν τῷ καὶ τούτων δημιουργῷ, ὅτι
ἡμῖν τηλικαύτην ἑστίαν εὐτρέπισε καὶ δι´ ἡμᾶς τοῖς δουλεύουσιν
ἡμῖν ζῴοις· «Ὁ ἐξανατέλλων χόρτον τοῖς κτήνεσι
καὶ χλόην τῇ δουλείᾳ τῶν ἀνθρώπων, τοῦ ἐξαγαγεῖν ἄρτον
ἐκ τῆς γῆς, καὶ ἵν´ οἶνος εὐφραίνῃ καρδίαν ἀνθρώπου, καὶ
ἱλαρύνηται πρόσωπον ἐν ἐλαίῳ, καὶ ἄρτος στηρίζῃ καρδίαν
ἀνθρώπου.» Εἰ δὲ καὶ τοῖς ἀγριωτάτοις τῶν ζῴων τροφὰς
κατεσκεύασεν, οὐδὲν θαυμαστόν· καὶ ταῦτα γὰρ τὰ ζῷα
καὶ ἄλλοι τῶν φιλοσοφησάντων εἰρήκασι γυμνασίου ἕνεκα
γεγονέναι τῷ λογικῷ ζῴῳ. Φησὶ δέ που τῶν καθ´ ἡμᾶς τις
σοφῶν· «Μὴ εἴπῃς· τί τοῦτο, εἰς τί τοῦτο; Πάντα γὰρ
εἰς χρείαν αὐτῶν ἔκτισται» καὶ «Μὴ εἴπῃς· τί τοῦτο, εἰς
τί τοῦτο; Πάντα γὰρ ἐν καιρῷ αὐτῶν ζητηθήσεται».
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Traduction française :
[4,75] Premièrement,
Celse ne croit pas que Dieu soit l'auteur du tonnerre, des éclairs et de
la pluie, en quoi il se déclare déjà plus ouvertement pour la doctrine
d'Epicure ; secondement il dit : Que quand on accorderait que Dieu en soit
l'auteur, ces choses ne seraient pas plutôt destinées pour préparer la
nourriture des hommes, que pour préparer celle des plantes, des arbres,
des herbes et des épines. Il veut donc comme un véritable épicurien, que
ces choses arrivent fortuitement, et non par la conduite de la Providence
; car si elles ne sont pas plus pour notre bien que pour celui des
plantes, des arbres, des herbes et des épines, il est clair que la
Providence ne s'en mêle point, ou que c'est une Providence qui ne prend
pas plus de soin de nous que des arbres, des herbes et des épines. Or l'un
et l'autre est manifestement impie; et ce serait folie de nous défendre
contre un homme qui ne nous accuse d'impiété qu'en posant de telles
maximes : chacun voit assez par ce qui a été dit, de quel côté est
l'impiété. Il ajoute encore : Si l'on dit que tout cela pousse pour les
hommes (savoir les plantes, les arbres, les herbes et les épines),
pourquoi veut-on qu'il pousse plutôt pour les hommes que pour les plus
sauvages de tous les animaux sans raison? Que Celse dise donc nettement
que cette merveilleuse diversité qui se voit dans ce qui germe de la
terre, n'est point l'ouvrage de la Providence, mais que la rencontre
fortuite des atomes a produit toutes ces différentes qualités ; que c'est,
dis-je, par un effet du hasard que tant d'espèces de plantes, d'arbres et
d'herbes se ressemblent, mais ne se confondent point; et non qu'ayant une
intelligence pour principe de leur être, elles en aient été ainsi
disposées avec un art qui passe toute admiration. Pour nous, qui en
qualité de chrétiens sommes consacrés à Dieu le seul créateur de ces
choses, nous lui en rendons grâces de ce qu'en les créant, il a enrichi de
tant de biens le lieu où il nous a mis, et qu'à cause de nous, il a voulu
étendre ses soins jusque sur les animaux qui nous servent. Il produit le
foin pour les bêtes, et l'herbe pour le service de l'homme, afin de tirer
le pain de ta terre, et que le vin ne réjouisse le cur de l'homme, que
l'huile lui embellisse le visage, et que le pain lui fortifie le cur (Ps. CIII, 14, 15 ). S'il apprête aussi de quoi nourrir les animaux les
plus sauvages, il ne s'en faut pas étonner ; car il y a eu même des
philosophes qui n'étaient pas d'entre nous, qui ont dit que ces animaux
ont été faits pour servir d'exercice à l'homme, et l'un de nos sages parle
ainsi quelque part : Ne dites point. Pourquoi ceci, car tout ce qui a été
créé, à son usage : ou, A quoi bon cela? car chaque chose trouvera son
temps (Ecclésiastiq., XXXIX, 22, 26 ).
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