Texte grec :
[4,78] Ἑξῆς δὲ τούτοις ἑαυτῷ ἀνθυποφέρει τὰ ὡς ὑπὲρ
ἀνθρώπων λεγόμενα, ὅτι δι´ αὐτοὺς τὰ ἄλογα ζῷα δεδημιούργηται,
καί φησιν ὅτι, εἴ τις ἡμᾶς λέγοι ἄρχοντας τῶν
ἀλόγων, ἐπεὶ ἡμεῖς τὰ ἄλογα ζῷα θηρῶμέν τε καὶ δαινύμεθα,
φήσομεν ὅτι τί δ´ οὐχὶ μᾶλλον ἡμεῖς δι´ ἐκεῖνα γεγόναμεν,
ἐπεὶ ἐκεῖνα θηρᾶται ἡμᾶς καὶ ἐσθίει; Ἀλλὰ καὶ ἡμῖν μὲν
ἀρκύων καὶ ὅπλων δεῖ καὶ ἀνθρώπων πλειόνων βοηθῶν
καὶ κυνῶν κατὰ τῶν θηρευομένων· ἐκείνοις δ´ αὐτίκα καὶ
καθ´ αὑτὰ ἡ φύσις ὅπλα δέδωκεν, εὐχερῶς ἡμᾶς ὑπάγουσα
ἐκείνοις. Καὶ ἐνταῦθα δὲ ὁρᾷς, τίνα τρόπον ἡ σύνεσις μέγα
βοήθημα ἡμῖν δέδοται καὶ παντὸς ὅπλου κρεῖττον, οὗ δοκεῖ
ἔχειν τὰ θηρία. Ἡμεῖς γοῦν οἱ πολλῶν τῷ σώματι τῶν
ζῴων ἀσθενέστεροι τινῶν δὲ καὶ εἰς ὑπερβολὴν βραχύτεροι
κρατοῦμεν διὰ τὴν σύνεσιν τῶν θηρίων καὶ τοὺς τηλικούτους
ἐλέφαντας θηρεύομεν, τὰ μὲν πεφυκότα τιθασσεύεσθαι
ὑποτάσσοντες τῇ ἡμετέρᾳ ἡμερότητι, κατὰ δὲ τῶν μὴ
πεφυκότων ἢ μὴ δοκούντων ἡμῖν χρείαν παρέχειν ἐκ τῆς
τιθασσείας οὕτω μετὰ τῆς ἡμετέρας ἱστάμεθα ἀσφαλείας,
ὥστε, ὅτε μὲν βουλόμεθα, ἔχομεν τὰ τηλικαῦτα θηρία κατακεκλεισμένα,
ὅτε δὲ χρῄζομεν τροφῆς τῆς ἀπὸ τῶν σωμάτων
αὐτῶν, οὕτως αὐτὰ ἀναιροῦμεν ὡς καὶ τὰ μὴ ἄγρια τῶν
ζῴων. Δοῦλα οὖν πάντα τοῦ λογικοῦ ζῴου καὶ τῆς φυσικῆς
αὐτοῦ συνέσεως κατεσκεύασεν ὁ δημιουργός. Καὶ εἰς ἄλλα
μὲν κυνῶν χρῄζομεν, φέρ´ εἰπεῖν, εἰς φυλακὴν ποιμνίων ἢ
βουκολίων ἢ αἰπολίων ἢ οἰκιῶν, εἰς ἄλλα δὲ βοῶν οἷον εἰς
γεωργίαν, εἰς ἄλλα δ´ ὑποζυγίοις χρώμεθα ἢ ἀχθοφόροις.
Οὕτως εἰς γυμνάσιον τῶν τῆς ἀνδρείας ἐν ἡμῖν σπερμάτων
δεδόσθαι ἡμῖν λέγεται τὸ λεόντων καὶ ἄρκτων παρδάλεών τε
καὶ συῶν καὶ τῶν τοιούτων γένος.
|
|
Traduction française :
[4,78] Celse continue en ces termes, comme pour répondre à la prétention
des hommes, qui disent que c'est pour eux que les animaux sans raison ont
été créés : Si l'on dit que nous sommes les rois des animaux, parce que
nous les prenons à la chasse, et que nous en faisons nos repas ; pourquoi
ne sera-ce pas plutôt nous qui serions faits pour eux, puisqu'ils nous
prennent aussi et qu'ils nous mangent et surtout si l'on considère que
pour les prendre nous avons besoin d'armes et de filets, de l'aide de
plusieurs hommes et du secours des chiens : au lieu que pour eux ils sont
armés par les mains de la nature, qui fait qu'ils sont toujours en état de
nous surmonter facilement, sans qu'il faille qu'ils en cherchent les
moyens hors d'eux-mêmes. Vous voyez par là comment l'intelligence et la
raison nous ont été données, pour nous être des armes beaucoup meilleures
que toutes celles que les bêtes semblent avoir. En effet, parmi les
animaux il n'y en a point dont nous ne nous rendions les maîtres par notre
intelligence ; quoiqu'à l'égard du corps il y en ait de beaucoup plus
forts que nous, et que nous soyons infiniment plus petits que d'autres :
comme cela paraît par les éléphants, que leur immense grandeur ne nous
empêche pas de prendre. Nous nous assujettissons par la douceur ceux qui
se trouvent capables d'être apprivoisés : et pour les autres qui ne se
peuvent apprivoiser, ou que nous ne voyons pas qui nous pussent être
d'aucun usage, quelque apprivoisés qu'ils fussent; nous nous
précautionnons tellement contre eux, que nous les tenons sûrement
renfermés tant qu'il nous plaît; et que quand nous voulons les faire
servir à notre nourriture, nous les tuons avec la même facilité que les
animaux domestiques. Le Créateur a donc fait que l'homme par une suite
naturelle de sa raison, est le roi de tous les animaux. Les uns nous
servent à une chose, et les autres à une autre. Les chiens nous servent,
par exemple pour garder nos troupeaux ou nos maisons : les bufs, pour
labourer nos terres : les bêtes de charge, pour porter nos fardeaux. Il
faut dire aussi que les lions, les ours, les léopards, les sangliers et
les autres bêtes farouches nous ont été donnés pour exciter les semences
de courage qui sont en nous.
|
|