Texte grec :
[4,67] Οὐκ οἶδα δὲ πῶς χρήσιμον ἔδοξε τῷ Κέλσῳ καθ´
ἡμῶν γράφοντι παραρρίψαι δόγμα, πολλῆς δεόμενον κἂν
δοκούσης ἀποδείξεως, κατὰ τὸ δυνατὸν παριστάσης
ὅτι ὁμοία ἀπ´ ἀρχῆς εἰς τέλος ἐστὶν ἡ τῶν θνητῶν περίοδος, καὶ
κατὰ τὰς τεταγμένας ἀνακυκλήσεις ἀνάγκη τὰ αὐτὰ ἀεὶ καὶ
γεγονέναι καὶ εἶναι καὶ ἔσεσθαι. Ὅπερ ἐὰν ᾖ ἀληθές, τὸ ἐφ´
ἡμῖν ἀνῄρηται. Εἰ γὰρ κατὰ τὰς τεταγμένας ἀνακυκλήσεις
ἀνάγκη τὰ αὐτὰ ἀεὶ καὶ γεγονέναι καὶ εἶναι καὶ ἔσεσθαι ἐν
τῇ τῶν θνητῶν περιόδῳ, δῆλον ὅτι ἀνάγκη ἀεὶ Σωκράτη
μὲν φιλοσοφήσειν καὶ κατηγορηθήσεσθαι ἐπὶ καινοῖς δαιμονίοις
καὶ τῇ τῶν νέων διαφθορᾷ, Ἄνυτον δὲ καὶ Μέλητον
ἀεὶ κατηγορήσειν αὐτοῦ, καὶ τὴν ἐν Ἀρείῳ πάγῳ βουλὴν
καταψηφίσεσθαι αὐτοῦ τὸν διὰ τοῦ κωνείου θάνατον. Οὕτω
δὲ ἀνάγκη ἀεὶ κατὰ τὰς τεταγμένας περιόδους Φάλαριν
τυραννήσειν καὶ τὸν Φεραῖον Ἀλέξανδρον τὰ αὐτὰ ὠμοποιήσειν,
τούς τε εἰς τὸν Φαλάριδος ταῦρον καταδικασθέντας ἀεὶ
ἐν αὐτῷ μυκήσεσθαι· ἅπερ ἐὰν δοθῇ, οὐκ οἶδ´ ὅπως τὸ
ἐφ´ ἡμῖν σωθήσεται καὶ ἔπαινοι καὶ ψόγοι εὐλόγως ἔσονται.
Λελέξεται δὲ πρὸς τὴν τοιαύτην ὑπόθεσιν τῷ Κέλσῳ ὅτι,
εἴπερ ὁμοία ἐστὶν ἀπ´ ἀρχῆς εἰς τέλος ἡ τῶν θνητῶν ἀεὶ
περίοδος, καὶ κατὰ τὰς τεταγμένας ἀνακυκλήσεις ἀνάγκη
τὰ αὐτὰ ἀεὶ καὶ γεγονέναι καὶ εἶναι καὶ ἔσεσθαι, ἀνάγκη
ἀεὶ κατὰ τὰς τεταγμένας περιόδους Μωϋσέα μὲν μετὰ τοῦ
λαοῦ τῶν Ἰουδαίων ἐξελθεῖν ἐκ τῆς Αἰγύπτου, Ἰησοῦν δὲ
πάλιν ἐπιδημῆσαι τῷ βίῳ τὰ αὐτὰ ποιήσοντα, ἅπερ οὐχ
ἅπαξ ἀλλ´ ἀπειράκις κατὰ περιόδους πεποίηκεν· ἀλλὰ καὶ
Χριστιανοὶ οἱ αὐτοὶ ἔσονται ἐν ταῖς τεταγμέναις ἀνακυκλήσεσιν,
καὶ πάλιν Κέλσος γράψει τὸ βιβλίον τοῦτο, ἀπειράκις
αὐτὸ πρότερον γράψας.
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Traduction française :
[4,67] Mais je ne sais pas quel avantage Celse se propose, en écrivant contre
nous, d'avancer un dogme qui a besoin qu'on l'appuie de beaucoup de
preuves à tout le moins apparentes, pour établir, autant que cela se peut,
Que les êtres mortels et corruptibles évoluent toujours dans le même
cercle, depuis le commencement jusqu'à la fin; et qu'il faut
nécessairement que, selon l'ordre immuable des révolutions, ce qui a été,
ce qui est, et ce qui sera, soit toujours la même chose. Si cela était, il
n'y aurait plus de liberté dans nos actions. Car s'il faut nécessairement
que, dans ce cercle où roulent les êtres mortels et corruptibles, ce qui a
été, ce qui est, et ce qui sera, soit toujours la même chose, selon les
révolutions, dont l'ordre est immuable, il est clair qu'il faudra
nécessairement que Socrate soit toujours philosophe; qu'il soit toujours
accusé d'introduire des dieux étrangers et de corrompre la jeunesse;
qu'Anytus et Mélitus soient toujours délateurs contre lui, et que les
juges de l'aréopage le condamnent toujours à finir sa vie en buvant la
ciguë. Il faudra nécessairement tout de même, selon l'ordre immuable des
révolutions, que Phalaris règne toujours en tyran, et qu'il fasse toujours
mugir des hommes dans son taureau ; qu'Alexandre soit toujours aussi tyran
de Phères, et qu'il y exerce toujours ses mêmes cruautés. Après quoi, je
ne vois pas comment noire liberté subsistera, ni comment nous pourrons
raisonnablement mériter soit du blâme, soit de la louange.
L'on peut dire encore que s'il est vrai, comme Celse le suppose, Que les êtres
mortels et corruptibles roulent toujours dans le même cercle, depuis le
commencement jusqu'à la fin ; et qu'il faille nécessairement que, selon
l'ordre immuable des révolutions, ce qui a été, ce qui est et ce qui sera,
soit toujours la même chose ; il faut nécessairement aussi, selon l'ordre
immuable des révolutions, que Moïse sorte toujours d'Égypte avec le peuple
juif ; que Jésus vienne encore au monde faire ce qu'il y a déjà fait, non
une fois, mais une infinité de fois, dans les révolutions précédentes ;
que les chrétiens pareillement y reviennent à leur tour, et que Celse
écrive encore le même livre qu'il a déjà écrit une infinité de fois.
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