Texte grec :
[4,8] Οὐδὲν δὲ θαυμαστὸν τὸ γενεαῖς τισι προφήτας γεγονέναι,
ὑπερέχοντας ἐν τῇ παραδοχῇ τῆς θειότητος διὰ τὸν
ἐπὶ πλεῖον εὔτονον καὶ ἐρρωμένον βίον ἑτέρων προφητῶν,
τινῶν μὲν κατ´ αὐτοὺς ἄλλων δὲ προγενεστέρων ἢ μεταγενεστέρων.
Οὕτω δὲ οὐ θαυμαστὸν καί τινα καιρὸν γεγονέναι,
ὅτ´ ἐξαίρετόν τι χρῆμα ἐπιδεδήμηκε τῷ γένει τῶν ἀνθρώπων
καὶ διαφέρον παρὰ τοὺς προγενεστέρους αὐτοῦ ἢ καὶ μεταγενεστέρους.
Ἔχει δέ τι ὁ περὶ τούτων λόγος μυστικώτερον
καὶ βαθύτερον καὶ μὴ πάνυ τι φθάνειν δυνάμενον ἐπὶ τὴν
δημωδεστέραν ἀκοήν. Καὶ δεῖ ὑπὲρ τοῦ ταῦτα σαφηνισθῆναι
καὶ ἀπαντηθῆναι πρὸς τὰ λεγόμενα περὶ τῆς Χριστοῦ
ἐπιδημίας, ὅτι νῦν ἆρα μετὰ τοσοῦτον αἰῶνα ὁ θεὸς ἀνεμνήσθη
δικαιῶσαι τὸ ἀνθρώπων γένος, πρότερον δὲ ἠμέλει; ἅψασθαι
τοῦ περὶ μερίδων λόγου καὶ σαφηνίσαι, διὰ τί «Ὅτε διεμέριζεν
ὁ ὕψιστος ἔθνη, ὡς διέσπειρεν υἱοὺς Ἀδάμ, ἔστησεν
ὅρια ἐθνῶν κατ´ ἀριθμὸν ἀγγέλων θεοῦ· καὶ ἐγενήθη μερὶς
κυρίου λαὸς αὐτοῦ Ἰακώβ, σχοίνισμα κληρονομίας αὐτοῦ
Ἰσραήλ»· καὶ δεήσει τὴν αἰτίαν εἰπεῖν τῆς εἰς ἕκαστον
ὅριον γενέσεως ὑπὸ τὸν κεκληρωμένον τὸ ὅριον, καὶ πῶς
εὐλόγως «ἐγενήθη μερὶς κυρίου λαὸς αὐτοῦ Ἰακώβ, σχοίνισμα
κληρονομίας αὐτοῦ Ἰσραήλ»· καὶ διὰ τί πρότερον μὲν ἦν
«μερὶς κυρίου λαὸς αὐτοῦ Ἰακώβ, σχοίνισμα κληρονομίας
αὐτοῦ Ἰσραήλ», περὶ δὲ τῶν ὕστερον λέγεται πρὸς τὸν
σωτῆρα ὑπὸ τοῦ πατρός· «Αἴτησαι παρ´ ἐμοῦ, καὶ δώσω
σοι ἔθνη τὴν κληρονομίαν σου καὶ τὴν κατάσχεσίν σου τὰ
πέρατα τῆς γῆς.» Εἰσὶ γάρ τινες εἱρμοὶ καὶ ἀκολουθίαι
ἄφατοι καὶ ἀνεκδιήγητοι περὶ τῆς κατὰ τὰς ἀνθρωπίνας
ψυχὰς διαφόρου οἰκονομίας.
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Traduction française :
[4,8] Il n'est pas surprenant
au reste qu'en quelqu'un de ces âges, il y ait eu des prophètes
qui, par la fermeté et par la constance d'une vie toujours égale, aient
surpassé les autres prophètes de leur temps ou même ceux du temps passé et
de l'avenir, dans la réception de l'esprit divin. Et il ne se faut pas
étonner non plus qu'il y ait quelque chose de singulier dans un certain
siècle, par l'avènement d'une personne qui n'avait jamais eu, et qui ne
devait jamais avoir rien de pareil. Mais cette matière est trop
mystérieuse et trop sublime pour être à la portée de tout le monde, et si
nous voulions répondre parfaitement à l'objection qu'on nous fait sur
l'avènement du Christ : "Est-ce donc qu'après tant de siècles Dieu s'est
enfin souvenu de justifier les hommes, ce qu'il négligeait auparavant" ? il
faudrait traiter de la division des peuples et faire voir pourquoi, quand
le Dieu Très-Haut partagea les nations, et qu'il sépara les enfants d'Adam
les uns d'avec les autres, il établit les bornes des peuples
selon le nombre des anges de Dieu, mais que la portion du Seigneur, ce fut
Jacob et son peuple, et le lot de son partage ce fut Israël. Il faudrait
expliquer pour quelle cause ceux-ci ou ceux-là naissent dans l'enceinte de
telles ou telles bornes, et sous la direction de celui à qui elles sont
échues. Pour quelle raison la portion du Seigneur ce fut Jacob, son
peuple, et le lot de son partage ce fut Israël. Enfin pourquoi, au
commencement, la portion du Seigneur c'était Jacob, son peuple, et le lot
de son partage c'était Israël ; mais que dans la suite des temps, il est
dit à notre Sauveur, par son Père : "Demande-moi, et je le donnerai les
nations pour ton héritage et toute l'étendue de la terre pour ta
possession". Car il y a de certains enchaînements, de certains ressorts
secrets et inexplicables dans cette diverse conduite de la Providence à
l'égard des âmes humaines.
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