[3,65] Οἴεται δ´ ὅτι τοιαῦτα εἰς προτροπὴν τῶν ἁμαρτανόντων
φαμὲν ὡς μηδένα ἄνδρα τῷ ὄντι χρηστὸν καὶ δίκαιον
προσάγεσθαι δυνάμενοι, καὶ ὅτι διὰ τοῦτο τοῖς ἀνοσιωτάτοις
καὶ ἐξωλεστάτοις τὰς πύλας ἀνοίγομεν. Ἡμεῖς δέ, εἴ τις
κατανοήσαι ἡμῶν εὐγνωμόνως τὸ ἄθροισμα, πλείονας
ἔχομεν παραστῆσαι τοὺς οὐκ ἀπὸ χαλεποῦ πάνυ βίου, ἤπερ
τοὺς ἀπὸ ἐξωλεστάτων ἁμαρτημάτων ἐπιστρέψαντας. Καὶ
γὰρ πεφύκασιν οἱ τὰ κρείττονα ἑαυτοῖς συνεγνωκότες,
εὐχόμενοι ἀληθῆ εἶναι τὰ κηρυσσόμενα περὶ τῆς ὑπὸ θεοῦ
τοῖς κρείττοσιν ἀμοιβῆς, ἑτοιμότερον συγκατατίθεσθαι τοῖς
λεγομένοις παρὰ τοὺς πάνυ μοχθηρῶς βεβιωκότας, ἀπ´
αὐτοῦ τοῦ συνειδότος κωλυομένους παραδέξασθαι ὅτι
κολασθήσονται ὑπὸ τοῦ ἐπὶ πᾶσι δικαστοῦ κολάσει, ἥτις
πρέποι ἂν τῷ τὰ τοσαῦτα ἡμαρτηκότι καὶ οὐ παρὰ τὸν
ὀρθὸν λόγον προσάγοιτο ὑπὸ τοῦ ἐπὶ πᾶσι δικαστοῦ. Ἔσθ´
ὅτε δὲ κἂν πάνυ ἐξώλεις παραδέξασθαι βούλωνται τὸν
λόγον τὸν περὶ κολάσεως διὰ τὴν ἐπὶ τῇ μετανοίᾳ ἐλπίδα,
κωλύονται ἀπὸ τῆς πρὸς τὸ ἁμαρτάνειν συνηθείας, ὡσπερεὶ
δευσοποιηθέντες ἀπὸ τῆς κακίας καὶ μηκέτι δυνάμενοι ἀπ´
αὐτῆς ἀποστῆναι εὐχερῶς ἐπὶ τὸν καθεστηκότα καὶ τὸν
κατὰ τὸν ὀρθὸν λόγον βίον. Τοῦτο δὲ καὶ ὁ Κέλσος ἐννοήσας
οὐκ οἶδ´ ὅπως λέγει ἐν τοῖς ἑξῆς τοιαῦτα· Καὶ μὴν παντί
που δῆλον ὅτι τοὺς μὲν ἁμαρτάνειν πεφυκότας τε καὶ εἰθισμένους
οὐδεὶς ἂν οὐδὲ κολάζων πάντῃ μεταβάλοι, μήτι γε
ἐλεῶν· φύσιν γὰρ ἀμεῖψαι τελέως παγχάλεπον· οἱ δ´
ἀναμάρτητοι βελτίους κοινωνοὶ βίου.
| [3,65] Celse s'imagine
au reste que nous ne tâchons d'attirer ainsi les pécheurs que parce que
nous ne pouvons rien gagner sur les personnes véritablement saintes et
justes ; et que c'est ce qui nous oblige d'ouvrir la porte aux hommes les
plus abandonnés et les plus perdus. Mais si l'on veut regarder nos
assemblées avec des yeux que l'excès de la passion ne trouble point, l'on
y verra bien plus de personnes, dont la vie n'était pas tout à fait
déréglée avant leur conversion, qu'on n'y en verra qui vécussent dans le
dernier désordre.
Car comme ceux dont la conscience est au meilleur état, souhaitent que ce
qu'on leur dit de la récompense que les bons doivent espérer de Dieu, soit
véritable, ils ont plus de disposition à le croire. Au lieu que ceux qui
se sont entièrement plongés dans le vice, se sentant eux-mêmes coupables,
ne veulent pas se laisser persuader que le souverain juge leur fera
souffrir des peines proportionnées à tant de crimes, telles que la droite
raison nous enseigne qu'on les doit attendre du juge de l'univers. Il
arrive même quelquefois que ces grands pécheurs, étant près de se rendre
au dogme de la punition des méchants, par l'espérance du pardon qui est
promis à la pénitence, ils en sont empêchés par leurs mauvaises habitudes
qui les tiennent abîmés et comme noyés dans la corruption, de sorte qu'il
leur est impossible d'en sortir sans beaucoup de peines pour mener une vie
sage et honnête. C'est une vérité que Celse a, je ne sais comment,
aperçue, puisqu'il dit dans la suite de son traité : Chacun sait que ceux
qui sont naturellement enclins à pécher et qui en ont formé l'habitude, ne
s'en sauraient parfaitement corriger, ni par la crainte du châtiment, ni
par l'espérance du pardon ; car c'est la chose du monde la plus difficile,
que de changer absolument de nature : mais ce sont ceux qui ne pèchent
point, qui doivent jouir de la vie bienheureuse.
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