[3,64] Ἐπεὶ δέ φησι καὶ τό· Τίς οὖν αὕτη ποτὲ ἡ τῶν
ἁμαρτωλῶν προτίμησις; καὶ ὅμοια τούτοις ἐπιφέρει,
ἀποκρινούμεθα ὅτι καθάπαξ μὲν ἁμαρτωλὸς οὐ προτιμᾶται
τοῦ μὴ ἁμαρτωλοῦ· ἔστι δ´ ὅτε ἁμαρτωλὸς συναισθόμενος
τῆς ἰδίας ἁμαρτίας καὶ διὰ τοῦτο πρὸς τὸ μετανοεῖν πορευόμενος
ἐπὶ τοῖς ἡμαρτημένοις ταπεινὸς προτιμᾶται τοῦ
ἔλαττον μὲν νομιζομένου εἶναι ἁμαρτωλοῦ, οὐκ οἰομένου
δ´ αὐτὸν ἁμαρτωλὸν ἀλλ´ ἐπαιρομένου ἐπί τισιν, οἷς δοκεῖ
συνειδέναι ἑαυτῷ κρείττοσι, καὶ πεφυσιωμένου ἐπ´ αὐτοῖς.
Καὶ τοῦτο δηλοῖ τοῖς βουλομένοις εὐγνωμόνως ἐντυγχάνειν
τοῖς εὐαγγελίοις ἡ περὶ τοῦ εἰπόντος τελώνου παραβολή·
«Ἱλάσθητί μοι τῷ ἁμαρτωλῷ» καὶ περὶ τοῦ καυχησαμένου
μετά τινος μοχθηροῦ οἰήματος Φαρισαίου καὶ φήσαντος·
«Εὐχαριστῶ σοι, ὅτι οὐκ εἰμὶ ὡς οἱ λοιποὶ τῶν ἀνθρώπων,
ἅρπαγες, ἄδικοι, μοιχοί, ἢ καὶ ὡς οὗτος ὁ τελώνης.»
Ἐπιφέρει γὰρ ὁ Ἰησοῦς τῷ περὶ ἀμφοτέρων λόγῳ τὸ
«Κατέβη οὗτος εἰς τὸν οἶκον αὐτοῦ δεδικαιωμένος παρ´
ἐκεῖνον· ὅτι πᾶς ὁ ὑψῶν ἑαυτὸν ταπεινωθήσεται, καὶ πᾶς ὁ
ταπεινῶν ἑαυτὸν ὑψωθήσεται.» Οὐ βλασφημοῦμεν οὖν
τὸν θεὸν οὐδὲ καταψευδόμεθα, διδάσκοντες πάνθ´ ὁντινοῦν
συναίσθεσθαι τῆς ἀνθρωπίνης βραχύτητος ὡς πρὸς τὴν τοῦ
θεοῦ μεγαλειότητα καὶ ἀεὶ αἰτεῖν ἀπ´ ἐκείνου τὸ ἐνδέον τῇ
φύσει ἡμῶν, τοῦ μόνου ἀναπληροῦν τὰ ἐλλιπῆ ἡμῖν δυναμένου.
| [3,64] Mais puisque
Celse nous demande sur quoi est fondée cette prérogative des pécheurs, et
qu'il nous fait encore quelques autres questions semblables, nous lui
répondrons qu'à parler absolument, celui qui pèche n'est point préféré à
celui qui ne pèche pas ; qu'il arrive seulement quelquefois qu'un pécheur
qui, par le sentiment de son péché, se porte à l'humilité et à la
pénitence, est préféré à un autre, qui ne semble pas si grand pécheur,
mais qui croit ne l'être point du tout, et que la bonne opinion qu'il
conçoit de son propre mérite, remplit de vanité et d'orgueil. C'est ce
que nous enseigne la parabole de l'Évangile, si l'on veut en prendre bien
le sens. Le pubicain disait, tout confus : "Mon Dieu, ayez pitié de moi,
qui suis un pécheur" (Luc., XVIII, 9, etc.) : mais le pharisien témoignait
sa vaine présomption, en disant : "Je te rends grâces, ô de ce Dieu, que je
ne suis point comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes et
adultères, ni même comme ce publicain". Sur quoi Jésus prononce que ce fut
le publicain et non l'autre, qui s'en retourna chez lui justifié, parce
que quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé.
Nous ne faisons donc point tort à la vérité ni injure à Dieu, quand nous
disons que tout le monde est convaincu de la bassesse des hommes comparés
à la majesté divine, et qu'il n'y a personne que les besoins de notre
nature ne contraignent d'avoir sans cesse recours à Dieu, comme à celui
qui seul est capable de nous fournir ce qui nous manque.
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