[3,42] Οὐχ ὡς διαλεκτικὸς μὲν οὖν εἶπεν ὁ Κέλσος, παραβάλλων
τὰς ἀνθρωπίνας τοῦ Ἰησοῦ σάρκας χρυσῷ καὶ
ἀργύρῳ καὶ λίθῳ, ὅτι αὗται ἐκείνων φθαρτότεραι. Πρὸς γὰρ
τὸν ἀκριβῆ λόγον οὔτ´ ἄφθαρτον ἀφθάρτου ἀφθαρτότερον
οὔτε φθαρτὸν φθαρτοῦ φθαρτότερον. Ἀλλ´ εἰ ἄρα φθαρτότερον,
ὅμως δὲ καὶ πρὸς τοῦτο φήσομεν ὅτι, εἴπερ δυνατὸν
ἀμείβειν ποιότητας τὴν ὑποκειμένην πάσαις ποιότησιν ὕλην,
πῶς οὐ δυνατὸν καὶ τὴν σάρκα τοῦ Ἰησοῦ ἀμείψασαν
ποιότητας γεγονέναι τοιαύτην, ὁποίαν ἐχρῆν εἶναι τὴν ἐν
αἰθέρι καὶ τοῖς ἀνωτέρω αὐτοῦ τόποις πολιτευομένην,
οὐκέτι ἔχουσαν τὰ τῆς σαρκικῆς ἀσθενείας ἴδια καὶ ἅτινα
μιαρώτερα ὠνόμασεν ὁ Κέλσος; Οὐδὲ τοῦτο φιλοσόφως
ποιῶν· τὸ γὰρ κυρίως μιαρὸν ἀπὸ κακίας τοιοῦτόν ἐστι·
φύσις δὲ σώματος οὐ μιαρά· οὐ γὰρ ᾗ φύσις σώματός ἐστι,
τὸ γεννητικὸν τῆς μιαρότητος ἔχει τὴν κακίαν.
Εἶτ´ ἐπεὶ ὑπιδόμενος τὴν παρ´ ἡμῶν ἀπολογίαν λέγει
περὶ τῆς μεταβολῆς τοῦ σώματος αὐτοῦ ὅτι ἀλλ´ ἀποθέμενος
ταύτας ἄρα ἔσται θεός· τί οὖν οὐχὶ μᾶλλον ὁ Ἀσκληπιὸς
καὶ Διόνυσος καὶ Ἡρακλῆς; φήσομεν· τί τηλικοῦτον
Ἀσκληπιὸς ἢ Διόνυσος ἢ Ἡρακλῆς εἰργάσαντο; Καὶ τίνας
ἕξουσιν ἀποδεῖξαι βελτιωθέντας τὰ ἤθη καὶ κρείττους
γενομένους ἀπὸ τῶν λόγων καὶ τοῦ βίου αὐτῶν, ἵνα γένωνται
θεοί; Πολλὰς γὰρ τὰς περὶ αὐτῶν ἱστορίας ἀναγνόντες,
ἴδωμεν εἰ ἐκαθάρευσαν ἀπὸ ἀκολασίας ἢ ἀδικίας ἢ ἀφροσύνης
ἢ δειλίας. Καὶ εἰ μὲν μηδὲν εὑρεθείη τοιοῦτον ἐν αὐτοῖς,
ἰσχυρὸς ἂν εἴη ὁ τοῦ Κέλσου λόγος, ἐξισῶν τῷ Ἰησοῦ τοὺς
προειρημένους· εἰ δὲ δῆλόν ἐστι, κἄν τινα φέρηται περὶ
αὐτῶν ὡς χρηστότερα, ὅτι μυρία ὅσα παρὰ τὸν ὀρθὸν λόγον
πεποιηκέναι ἀναγεγραμμένοι εἰσί, πῶς ἔτι εὐλόγως μᾶλλον
τοῦ Ἰησοῦ φήσεις αὐτοὺς ἀποθεμένους τὸ θνητὸν σῶμα
γεγονέναι θεούς;
| [3,42] Celse ne s'exprime donc pas en logicien lorsque, comparant la
chair humaine de Jésus à de l'or, à de l'argent et à des pierres, il dit
qu'elle est plus corruptible que ces matières : car, à parler exactement,
comme de deux choses incorruptibles, l'une n'est pas plus incorruptible
que l'autre; ainsi de deux choses corruptibles celle-ci n'est pas plus
corruptible que celle-là. Mais quand la corruptibilité ne serait pas égale
dans toutes les choses corruptibles, nous dirions toujours que, si cette
matière, indéterminée à toutes les formes, peut changer de qualité, on ne
doit pas juger impossible que la chair de Jésus en ait changé, et qu'afin
de pouvoir demeurer dans la région éthérée et même au-dessus, elle se soit
dépouillée de toutes ses infirmités et de ce que Celse appelle le plus
impur. En quoi il s'éloigne encore de l'exactitude d'un philosophe ; car
il n'y a proprement d'impur que ce qui est tel par le vice : et par
conséquent la nature des corps n'est point impure ; puisqu'en tant que
corporelle elle n'a rien de vicieux qui puisse produire l'impureté; mais
comme il prévoyait notre réponse, il parle en ces termes du changement que
nous venons d'expliquer : Peut-être qu'en laissant ces qualités il sera
devenu Dieu. N'est-ce pas ce que l'on peut dire beaucoup plutôt
d'Esculape, de Bacchus et d'Hercule ? Il lui faut donc demander ce
qu'Esculape, Hercule et Bacchus ont fait de si admirable, et à quelles
personnes ils ont inspiré des sentiments de sagesse et de vertu par leurs
discours ou par leur exemple, pour mériter de devenir dieux. Lisons toutes
leurs histoires, et voyons s'ils ont été exempts d'injustice,
d'intempérance, d'emportement et de lâcheté. Sil se trouve qu'ils en aient
été exempts, à la bonne heure ; que Celse ait raison de les égaler à Jésus
; mais s'il se trouve au contraire que pour une action digne de quelque
louange, on leur en attribue manifestement un nombre infini de blâmables,
sur quel fondement est-ce qu'on doit dire d'eux qu'ayant quitté leur corps
mortel ils sont devenus dieux beaucoup plus tôt qu'on ne le doit dire de
Jésus.
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