HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

MUSÉE le grammairien, Héro et Léandre (texte complet)

Vers 300-343

  Vers 300-343

[300] ἀλλ´ οὐ χειμερίης σε φόβος κατέρυκε θαλάσσης,
301 κατερόθυμε Λέανδρε. διακτορίη δέ σε πύργου
302 ἠθάδα σημαίνουσα φαεσφορίην ὑμεναίων
303 μαινομένης ὤτρυνεν ἀφειδήσαντα θαλάσσης
304 νηλειὴς καὶ ἄπιστος. ὄφελλε δὲ δύσμορος Ἡρὼ
305 χείματος ἱσταμένοιο μένειν ἀπάνευθε Λεάνδρου
306 μηκέτ´ ἀναπτομένη μινυώριον ἀστέρα λέκτρων.
307 ἀλλὰ πόθος καὶ μοῖρα βιήσατο. θελγομένη δὲ
308 Μοιράων ἀνέφαινε καὶ οὐκέτι δαλὸν Ἐρώτων.
309 Νὺξ ἦν, εὖτε μάλιστα βαρυπνείοντες ἀῆται
310 χειμερίαις πνοιῇσιν ἀκοντίζοντες ἰωὰς
311 ἀθρόον ἐμπίπτουσιν ἐπὶ ῥηγμῖνι θαλάσσης.
312 καὶ τότε δὴ Λείανδρος ἐθήμονος ἐλπίδι νύμφης
313 δυσκελάδων πεφόρητο θαλασσαίων ἐπὶ νώτων.
314 ἤδη κύματι κῦμα κυλίνδετο, σύγχυτο δ´ ὕδωρ,
315 αἰθέρι μίσγετο πόντος, ἀνέγρετο πάντοθεν ἠχὴ
316 μαρναμένων ἀνέμων. Ζεφύρῳ δ´ ἀντέπνεεν εὖρος
317 καὶ νότος εἰς βορέην μεγάλας ἐφέηκεν ἀπειλάς·
318 καὶ κτύπος ἦν ἀλίαστος ἐρισμαράγοιο θαλάσσης.
319 αἰνοπαθὴς δὲ Λέανδρος ἀκηλήτοις ἐνὶ δίναις
320 πολλάκι μὲν λιτάνευε θαλασσαίην Ἀφροδίτην,
321 πολλάκι δ´ αὐτὸν ἄνακτα Ποσειδάωνα θαλάσσης,
322 Ἀτθίδος οὐ βορέην ἀμνήμονα κάλλιπε νύμφης.
323 ἀλλά οἱ οὔ τις ἄρηγεν, Ἔρως δ´ οὐκ ἤρκεσε Μοίρας.
324 πάντοθι δ´ ἀγρομένοιο δυσάντεϊ κύματος ὁλκῷ
325 τυπτόμενος πεφόρητο. ποδῶν δὲ οἱ ὤκλασεν ὁρμὴ
326 καὶ σθένος ἦν ἀνόνητον ἀκοιμήτων παλαμάων.
327 πολλὴ δ´ αὐτόματος χύσις ὕδατος ἔρρεε λαιμῷ
328 καὶ ποτὸν ἀχρήιστον ἀμαιμακέτου πίεν ἅλμης.
329 καὶ δὴ λύχνον ἄπιστον ἀπέσβεσε πικρὸς ἀήτης
330 καὶ ψυχὴν καὶ ἔρωτα πολυτλήτοιο Λεάνδρου.
333 δ´ ἔτι δηθύνοντος ἐπαγρύπνοισιν ὀπωπαῖς
334 ἵστατο κυμαίνουσα πολυκλαύτοισι μερίμναις.
335 ἤλυθε δ´ ἠριγένεια καὶ οὐκ ἴδε νυμφίον Ἡρώ.
336 πάντοθι δ´ ὄμμα τίταινεν ἐς εὐρέα νῶτα θαλάσσης,
337 εἴ που ἐσαθρήσειεν ἀλωόμενον παρακοίτην
338 λύχνου σβεννυμένοιο. παρὰ κρηπῖδα δὲ πύργου
339 δρυπτόμενον σπιλάδεσσιν ὅτ´ ἔδρακε νεκρὸν ἀκοίτην,
340 δαιδαλέον ῥήξασα περὶ στήθεσσι χιτῶνα
341 ῥοιζηδὸν προκάρηνος ἀπ´ ἠλιβάτου πέσε πύργου.
342 κὰδ δ´ Ἡρὼ τέθνηκε σὺν ὀλλυμένῳ παρακοίτῃ.
343 ἀλλήλων δ´ ἀπόναντο καὶ ἐν πυμάτῳ περ ὀλέθρῳ.
[300] Mais la crainte de la mer orageuse ne put te retenir, intrépide Léandre. Lorsque le perfide et impitoyable flambeau t'offrit des hauts de la tour sa lumière accoutumée, tu ne craignis pas la fureur des vagues. (304) L'infortunée Héro aurait dû se priver de Léandre pendant la saison des noirs frimas, et ne point allumer l'astre passager de l'hymen, mais l'amour et le destin l'entraînaient impérieusement. Aveuglée par le désir, ce n'est plus le flambeau de l'amour qu'elle présente, mais une torche funèbre. (309) C'était la nuit, alors que les vents soufflent avec plus de violence, qu'ils sévissent de leur haleine glaciale, que tous ensemble ils fondent sur les rives du détroit. Encouragé par l'espoir de se réunir à son épouse, Léandre s'élance sur le dos bruyant des vagues. Déjà les flots sont poussés par les flots, l'onde s'amoncelle, les vagues se mêlent avec les nues, les vents se combattent et résonnent de toutes parts. Eurus souffle contre Zéphyr, Notus frémit contre Borée. Un bruit horrible s'étend sur la mer retentissante. (319) L'infortuné Léandre, du milieu des gouffres adresse souvent ses prières à Vénus née au sein des ondes, et souvent aussi à Neptune, souverain des flots. Il n'oublie pas Borée, et lui rappelle le souvenir de la vierge attique. Mais aucune de ces divinités ne le secourut, et l'amour lui-même n'arrêta pas la destinée fatale. Léandre, battu par le funeste choc des vagues accumulées, devient leur jouet. Ses pieds lassés perdent leur force. Ses bras, épuisés par un mouvement continuel, restent immobiles. Les ondes se précipitent dans sa bouche entrouverte. Il boit le funeste breuvage des flots amers. Le souffle cruel des aquilons éteint le flambeau perfide, tranche à la fois la vie et les amours du malheureux Léandre. Héro, pendant qu'il tarde encore, reste l'œil vigilant et l'âme abandonnée aux inquiétudes les plus déchirantes. L'aurore est venue. Héro n'aperçoit point son époux, elle promène çà et là ses regards sur le dos de la vaste mer, pour voir si Léandre, privé de la lumière du flambeau n'erre point sur les ondes. Elle aperçoit au pied de la tour son époux sans vie, et déchiré par les pointes des rocs. À cet aspect, elle arrache le beau vêtement qui couvre son sein, jette un cri aigu et se précipite du sommet de la tour. Ainsi périt Héro sur le corps de son amant et ils furent unis jusque dans leur trépas.


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Dernière mise à jour : 5/11/2009