[40,6] Ἐγὼ καὶ τῶν αἰσθήσεων τὴν ἰσοτιμίαν ἀφαιρῶ.
Τυφλὸς ἦν Ὅμηρος, ἀλλ´ ἤκουεν τῆς Καλλιόπης· κωφὸς
ἦν Ἄτυς, ἀλλ´ ἑώρα τὸν ἥλιον. Μετάθες τὰς
συμφοράς· ἀκουέτω Ἄτυς μὴ ὁρῶν, βλεπέτω Ὅμηρος
μὴ ἀκούων· Ἄτυϊ μὲν οὐκ ᾄσεται ἡ Καλλιόπη, Ὁμήρου
δὲ οὐκ ἀφαιρήσεις τὴν διδάσκαλον. Ἐγὼ καὶ τῶν
θεῶν τὴν ἰσοτιμίαν ἀφαιρῶ· πείθομαι γὰρ Ὁμήρῳ λέγοντι·
τριχθὰ δὲ πάντα δέδασται, ἕκαστος δ´ ἔμμορε τιμῆς·
τιμῆς οὐκ ἴσης, οὐδὲ γὰρ ἀρχῆς ἴσης· οὐ γὰρ ἴση ἡ
νομὴ οὐρανοῦ πρὸς θάλατταν, καὶ θαλάττης πρὸς
Ἅιδην· θεὸς δὲ ὅμοιος καὶ Κρόνου παῖς, καὶ Ἅιδης,
καὶ Ποσειδῶν, καὶ Ζεύς· καὶ γὰρ Λύσανδρος Σπαρτιάτης,
ἀλλὰ Ἀγησίλαος Ἡρακλείδης· λέγω δὲ κατὰ
τὰς ἀρετάς, καὶ τὰ γένη προστιμῶ (οὐ γὰρ ὁ μὲν πωλοδάμνης
εὐγενείας ἱππικῆς ἐρᾷ,
ἧς Τρωΐ περ εὐρύοπα Ζεὺς
δῶχ´ υἷος ποινὴν Γανυμήδεος, οὕνεκ´ ἄρισται ἵπποι ἔσαν,
ὁ δὲ θηρευτὴς εὐγενείας σκυλάκων ἐρᾷ· φιλάνθρωπος
δὲ καὶ φιλοθρέμμων τοῦ ζῴου τούτου, οὐκ ἐξετάσει
τὰ γένη)· λέγων οὐκ Ἀρτοξέρξην τὸν Ξέρξου (δειλόν
μοι γένος λέγεις), οὐδὲ Ἱππίαν τὸν Πεισιστράτου
(πονηρόν μοι γένος λέγεις), οὐδὲ Κροῖσον τὸν Ἀλυάττου
(ἀσθενὲς λέγεις)· ἐὰν δὲ Λεωνίδαν λέγῃς καὶ Ἀγησίλαον,
γνωρίζω τὴν ἀρετήν, καὶ μέμνημαι τοῦ Ἡρακλέους,
καὶ ἐπαινῶ τὴν εὐγένειαν. Εἴθε μοι καὶ τὸ
Ἀριστείδου γένος ἦν Ἀθήνησιν, εἴθε τὸ Σωκράτους·
ἐτίμησα ἂν τούτους ὡς Ἡρακλείδας, ὡς Περσείδας, ὡς
εὐπατρίδας. Ἢ ποταμῶν μὲν ῥεύματα ἐπαινεῖς, ἐὰν
καθαρὰ ἐκ πηγῶν ἔλθῃ, καὶ φυτὰ ἐπαινεῖς, κἂν γηράσκῃ
μὲν αὐτῶν τὰ σώματα, μένῃ δὲ τὰ σπέρματα· εὐγένειαν
δὲ ἀνθρωπίνην οὐκ ἐπαινέσεις, ἐὰν ἀρξαμένη ἀπὸ τῆς
ἀρετῆς, ὡς ἐκ πηγῆς καθαρᾶς, γνήσιος μένῃ, ἀνεπίμικτος
μένῃ; Καὶ μέχρι μὲν ταύτης ἀνδρίζῃ, καὶ ἀξιόπιστος
εἶ λέγων· ἐὰν δέ σου καὶ περὶ πλούτου πυνθάνομαι,
τί φῆς; ποῖ τὸ πρᾶγμα τάττεις; ἐν ποίῳ
χορῷ; Λέγε γυμνῇ τῇ κεφαλῇ, τὰς τῆς ψυχῆς φωνὰς
λέγε· τί φῆς τὸν πλοῦτον; Κακόν; τί οὖν ἐρᾷς; Ἀγαθόν;
τί οὖν φεύγεις;
Ἡ γλῶττα ἐπώμοσεν, ἡ δὲ φρὴν ἀνώμοτος.
Ἀλλ´ οὐδέτερον ἡγεῖ, οὐκ ἀγαθόν, οὐ κακόν· ἀλλ´ ἐν
μεθορίᾳ καὶ χώρᾳ μέσῃ. Τήρησον αὐτὸ ἀδιάφορον,
μὴ προσέλθῃς περαιτέρω, μὴ ὑπερβῇς τοὺς ὅρους. Ἂν
δὲ ὑπαλλάξας τὸ ὄνομα ἀγαθὸν μὲν μὴ καλῇς, προηγμένον
δὲ καλῇς, τὴν μὲν φωνὴν μετέβαλες, τὴν δὲ τιμὴν δίδως.
| [40,6] A mon avis, il n'y a point parité de mérite même entre nos sens.
Homère était aveugle, mais il entendait les leçons de Callippe. Atys (16)
était sourd, mais il contemplait l'astre de la lumière. Transposez les
infirmités : qu'Atys entende sans voir, et qu'Homère voie sans entendre.
Atys n'entendra point les leçons de Calliope. Mais Homère ne laissera
point d'être son disciple. Je n'admets pas, non plus, parité de rang, même
entre les Dieux. Je m'en rapporte à Homère, lorsqu'il dit : « L'univers
fut partagé en trois Empires. Chacun des fils de Saturne eut un rang,
non pas égal, car les Empires n'étaient point égaux. Il n'y a, en
effet, nulle parité entre l'Empire du Ciel, et l'Empire de la Mer, entre
l'Empire de la Mer et l'Empire du Tartare. Et néanmoins les trois Dieux,
Pluton, Neptune et Jupiter étaient également fils de Saturne. Si Lysandre
était Spartiate, Agésilas était de la famille d'Hercule. Or, en fait de
vertu, je donne la prépondérance à celle qui tient à une illustre origine.
Ceux qui se plaisent à dompter les chevaux, n'aiment-ils pas qu'ils soient
de bonne race, tels que, ceux que Jupiter donna à Tros, pour prix de son
fils Ganymède ? Le chasseur n'ajoute-t-il pas aussi que ses chiens
courants soient de bonne race? Et le philanthrope, celui qui se livre avec
plaisir à la culture des hommes, ne mettra-t-il point de différence entre
les extractions ? Ne dira-t-il point, qu'on ne me parle pas d'Artaxerxès
fils de Xerxès, c'est une race de lâches; ni de Crésus, fils
d'Alyatte, c'est une race d’efféminés ni d'Hippias, fils de Pisistrate,
c'est une race de tyrans ? Mais, si l'on me parle de Léonidas ou
d'Agésilas, je vois l'origine de leur vertu. Ma mémoire me rappelle
Hercule. Je loue le beau sang dont ils sont issus. Plût aux Dieux
qu'Athènes eût encore des descendants d'Aristide, des descendants de
Socrate ! Je les honorerais, comme s'ils descendaient d'Hercule, de
Persée, comme les rejetons d'une illustre tige. Vous louez les
fleuves, lorsqu'ils coulent avec limpidité, dès leur source ; vous faites
l'éloge des plantes qui laissent des surgeons propres à les remplacer dans
leur décrépitude; et vous ne louerez point, parmi les hommes, une
honorable série de générations, si ayant pris son origine dans la vertu,
comme dans, une source limpide, elle se maintient dans cette pureté, sans
nulle dégénération, sans nul mélange? Jusque-là, c'est parler en
homme : de tels principes méritent d'être avoués. Mais, si je vous
interroge touchant les richesses, que me répondrez-vous? Dans, quel rang
les placerez-vous ? Parlez nu-tête, et faites-nous entendre le langage de
votre âme. Que pensez-vous des richesses? Qu'elles sont un mal ? Pourquoi
donc en avez-vous la passion ? Qu'elles sont un bien ? Pourquoi donc les
fuyez-vous? « Votre langue a proféré le serment, mais votre âme est restée
muette ». Ne pensez ni l'un ni l'autre, ni qu'elles soient un bien,
ni qu'elles soient un mal. Placez-les plutôt dans le milieu, dans
l'intermédiaire du mal, et du bien. Tenez-vous dans cette sorte
d'indifférence. N'avancez, ni ne reculez. Ne sortez point des limites de
cette opinion. Si, en changeant l'expression, et vous abstenant d'appeler
les richesses un bien, vous leur attachez quelque idée de prédilection, le
mot est dénaturé; vous établissez la prépondérance.
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