[40,2] Μὴ σύ γε, ὦ δικαστῶν εὐδαιμονέστατε, ἀλλὰ
φειδὼ ἔχε ὀνομάτων αἰσχρῶν, καὶ ἠρέμα κάτιθι ἐκ
τῶν ἄκρων ἐπὶ τὰ ἔσχατα· ἵνα μὴ τὸν Ὅμηρον αὖθίς
σοι προφέρω, λευκώλενον τὴν Ἥραν λέγοντα, καὶ ῥοδόπηχυν
τὴν Ἠώ, καὶ τὴν Ἀθηνᾶν γλαυκῶπιν, καὶ
ἀργυρόπεζαν τὴν Θέτιν, καὶ Ἥβην καλλίσφυρον· ὧν
οὐδεμιᾶς ἀφαιρήσει τὸ κάλλος, κἂν ἐν μέρει ᾖ, εὔφημός
γε ἐθέλων εἶναι τὰ θεῖα, καὶ ἥκιστα πλημμελής.
Ἀκούεις δ´ αὐτοῦ διηγουμένου χορὸν ἀγρευτικόν, παιζούσας
ἐν ὄρει τὰς νύμφας, ἐξηγουμένης τῆς Ἀρτέμιδος;
Πασάων δ´ ὕπερ ἥδε κάρη ἔχει ἠδὲ μέτωπα,
φησίν· καὶ ῥεῖα δ´ ἀριγνώτη πέλεται, καλαὶ δέ τε πᾶσαι.
Ἤ που καταγελᾷς τοῦ Ὁμήρου, προτιμῶντος μὲν νυμφῶν
κατὰ κάλλος Ἄρτεμιν; Ἀκούεις δὲ αὐτοῦ καὶ περὶ
Μενελάου κάλλους τοιαυτὶ λέγοντος· ὅτε ἔφη τρωθέντος
ῥυῆναι τὸ αἷμα κατὰ τοῦ μηροῦ, ἔπειτα εἰκάζει τὸ τοῦ
μηροῦ κάλλος γυναικὸς τέχνῃ ἐλέφαντα χραινούσης
φοίνικι, ἵπποις εἶναι παρήϊον·
τοῖοί τοι, Μενέλαε, μιάνθην αἵματι μηροί·
εὐφυεῖς ησὶν καὶ κνῆμαι καὶ σφυρά.
Τοῦ δὲ Ἀγαμέμνονος αὖθις αὖ ἐπαινῶν τὸ κάλλος,
οὐκ ἐδεήθη εἰκόνος Λυδίας, ἢ Καρικῆς, οὐδὲ ἐλέφαντος
ὑπὸ γυναικὸς βαρβάρου φοίνικι ἐξηνθισμένου· ἀλλὰ
εἰκάζει αὐτοῦ τῷ Διὶ τὴν κεφαλὴν καὶ τὰ ὄμματα, ᾧ
καὶ δῆλον, ὡς καλλίων ὁ Ἀγαμέμνων ἦν· τῷ μὲν γὰρ
ἦν τὸ κάλλος περὶ τὴν κεφαλὴν καὶ τὰ ὄμματα, τῷ δὲ
ἀμφὶ τοὺς μηροὺς καὶ τὰ σφυρά· ὁ δὲ τὰ κρείττω
καλός, καλλίων· ὁ δὲ τὰ ἥττω καλός, οὔπω μὲν αἰσχρός,
καλὸς δὲ ἧττον. Τί δὲ ἐν τῷ στρατοπέδῳ τῷ Ἑλληνικῷ
οὐ διέφερεν μὲν ὥρᾳ ὁ Ἀχιλλεύς, εἶχεν δὲ τὰ
δεύτερα ὁ Νιρεύς; δικαστῇ δέ σοι, ἀπολειπόμενος ὁ
Νιρεὺς τοῦ Ἀχιλλέως, οὐδὲν ἦν διαφέρων τοῦ Θερσίτου.
Καὶ ἵνα μὴ περὶ κάλλους σοι μόνον διαλέγωμαι,
οὐκ ἀμφισβητεῖ τῷ Ἀχιλλεῖ περὶ ἀνδρείας ὁ Αἴας,
οὐδὲ τῷ Αἴαντι ὁ Διομήδης, οὐδὲ τῷ Διομήδει ὁ
Σθένελος, οὐδὲ τῷ Σθενέλῳ ὁ Μενεσθεύς· ἀλλ´ οὐδεὶς
διὰ τοῦτο τὴν ἀρετὴν ἀφαιρεῖ τοῦ Μενεσθέως διὰ τὸν
Σθένελον· οὐδὲ τοῦ Σθενέλου διὰ τὸν Διομήδην, οὔτε
τοῦ Διομήδους διὰ τὸν Αἴαντα, οὔτε τοῦ Αἴαντος διὰ
τὸν Ἀχιλλέα· ἀλλ´ ἔστιν κἀνταῦθα ἡ ὁδὸς τῆς ἀρετῆς
οὐ διαπηδῶσα τὰς διὰ μέσου φύσεις, ἀλλὰ κατιοῦσα
ἠρέμα ἀπὸ τῶν ἀρίστων ἐπὶ τοὺς καταδεεστέρους.
| [40,2] O le plus recommandable des juges ! n'allez pas si vite ; prodiguez un
peu moins le mot de laideur, et parcourez successivement les divers
degrés, en descendant du premier jusqu'au dernier, de peur qu'encore une
fois je ne vous oppose Homère distinguant Junon par ses blanches fesses,
l'Aurore par ses doigts de rose, Minerve par ses yeux bleus, Thétis par
ses pieds d'argent, et Hébé par ses beaux talons. Il n'ôte à aucune
de ces Déesses, ce qu'elles ont de beau, quoique ce beau n'existe que dans
une des parties de leur corps, parce qu'il ne veut parler des habitants de
l'Olympe, qu'avec le ton d'éloge et de respect qui leur convient ; et
qu'il veut s'abstenir de les dégrader le moins du monde. Ecoutez-le,
lorsqu'il vous dépeint un chœur de Nymphes, en habit de chasse,
prenant leurs ébats sur les montagnes, ayant Diane pour chef. « Celle-ci,
dit-il, porte sa tête et son front au-dessus des autres » ; et il ajoute,
« On la distingue aisément, au milieu d'elles, quoique nulle d'entre elles
ne soit sans beauté». Ou bien, vous moquerez-vous de lui, parce
qu'il met la beauté de Diane au-dessus de celle des Nymphes? Entendez-vous
comme il parle de la beauté de Ménélas, lorsqu'il dit que le sang coulait
de sa cuisse blessée ? Il compare la beauté de sa cuisse à celle de
l'ivoire, matière destinée à des mords de cheval, et que d'habiles
ouvriers ornent d'une teinture de pourpre. « Tels, ô Ménélas, étaient
rougis par le sang, et tes cuisses robustes, et tes jambes, et tes beaux
pieds». Ailleurs, lorsqu'il loue la beauté d'Agamemnon, il n'a point
recours aux ouvriers de la Carie et de la Lydie, ni à de l'ivoire teint de
pourpre par des femmes Barbares. Mais il assimile sa tête et ses yeux aux
yeux et à la tête de Jupiter; ce qui prouve que la beauté d'Agamemnon
était supérieure à la beauté de Ménélas. Car la beauté du premier résidait
dans ses yeux et dans sa tète, tandis que la beauté de l'autre n’était que
dans ses cuisses et dans ses pieds. Or, celui dont la beauté résidait dans
les parties du corps les plus nobles, était supérieur en beauté; et celui
dont la beauté résidait dans les parties du corps moins distinguées,
n'allait pas pour cela jusqu'à la laideur. Seulement il avait une beauté
moindre que l'autre. Quoi donc ! dans l'armée des Grecs, n'était-ce pas
Achille qui les surpassait tous en beauté ? Nirée n’était-il pas le plus
beau après lui ? A votre avis, Nirée vaincu en beauté par Achille, n’était
donc pas moins laid que Thersite ? Et, pour ne pas me borner à traiter ma
question, en me renfermant dans le chapitre du Beau, Ajax ne le disputait
pas en valeur militaire à Achille, ni Diomède à Ajax, ni Sthénélus à
Diomède, ni Ménesthée à Sthénélus. Et néanmoins ce ne sera pas une raison
pour qu'on dise que Ménesthée était sans valeur, eu égard à Sthénélus;
Sthénélus, eu égard à Diomède ; Diomède, eu égard à Ajax ; et Ajax, eu
égard à Achille. Mais il est, ici, sur le chapitre de la valeur, une
gradation progressive. On ne franchit point les intermédiaires. On descend
successivement des premiers degrés aux degrés inférieurs.
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