[33,8] Γενέσθαι φασὶν οἱ ποιηταὶ ἄνδρας ἐν Πηλίῳ, Θετταλικὸν
γένος, ἀτόπους τὰ σώματα, ἐξ ὀμφαλοῦ ἐπισυρομένους
ἵππου φύσιν. Ἐν δὲ τῇ τοιαύτης ξυνουσίας
ἀμουσίᾳ πᾶσά που ἀνάγκη βόσκειν ὁμοῦ τὴν
θηριώδη φύσιν· φθέγγεσθαι μὲν ὡς ἄνθρωπον, σιτεῖσθαι
δὲ ὡς θηρίον· ὁρᾶν ὡς ἄνθρωπον, ὀχεύειν δὲ
ὡς θηρίον. Εὖ γε, ὦ ποιηταὶ καὶ ποιητῶν παῖδες, πατέρες
παλαιᾶς καὶ γενναίας μούσης, ὡς ἐναργῶς ἄρα
ἡμῖν τὸν πρὸς τὰς ἡδονὰς δεσμὸν ᾐνίξασθε. Ἐπειδὰν
ψυχῆς θηριώδεις κρατήσωσιν ἐπιθυμίαι, φυλάττουσαι
τὴν ἀνθρωπίνην ἐπιφάνειαν, τῇ τῶν ἔργων ὑπηρεσίᾳ
ἀπέφηναν τὸν χρώμενον ἐξ ἀνθρώπου θηρίον. Τοῦτο
οἱ Κένταυροι, τοῦτο αἱ Γοργόνες, τοῦτο αἱ Χίμαιραι,
ὁ Γηρυόνης, ὁ Κέκροψ. Ἄφελε τὴν γαστρὸς ἐπιθυμίαν,
καὶ ἀφεῖλες τοῦ ἀνθρώπου τὸ θηρίον· ἄφελε τὴν αἰδοίων
ἐπιθυμίαν, καὶ διέκοψας τὸ θηρίον. Μέχρι δὲ
ταῦτά τῳ συζῇ καὶ συντρέφεται, καὶ πρὸς αὐτὰ τῇ
θεραπείᾳ νένευκεν, ἀνάγκη τὰς ἐκείνων ὀρέξεις κρατεῖν,
καὶ βοᾶν τὴν ψυχὴν τὰς ἐκείνων φωνάς.
| [33,8] VIII. Les poètes parlent d'une espèce d'hommes de race Thessalienne, originaires
du mont Pélion, de la forme la plus étrange, ayant de la ceinture en bas la figure d'un
cheval. Il fallut de toute nécessité que l'animal, résultant de ce bizarre assemblage de
formes, se nourrit à l'instar des brutes. Il parlait comme un homme, mais il pâturait
comme une brute. Il éprouvait comme l'homme les désirs de l'amour, mais il ne
pouvait les satisfaire que comme une brute. A merveille, ô poètes, et vous qui leur
avez succédé, créateurs des ingénieuses fictions de l'antiquité, avec quelle vérité vous
nous avez présenté sous le voile mythologique les liens qui nous attachent à la
volupté. Lorsque les appétits brutaux ont pris l'empire, et commandent à l'âme, le
corps conserve bien ses mêmes formes extérieures, mais les actions déterminées par
ces appétits démontrent que chez celui qui s'en laisse gouverner, l'homme a cédé la
place à la brute. Telle est l'allégorie des Centaures, des Gorgones, des Chimères, de
Géryon, de Cécrops. Ôtez à l'homme les sensualités de la table, il n'y a plus chez lui
de partie brutale. Ôtez-lui ses affections impudiques, la partie brutale n'est plus rien
chez lui. Mais tant que ces sensualités et ces affections seront réunies à la partie
brutale et partageront le même aliment ; tant que la partie brutale sera aux ordres de
ces affections et de ces sensualités, il faut nécessairement que l'empire appartienne
aux appétits dont elles se composent, et que l'âme, si l'on peut s'exprimer ainsi, fasse
chorus avec eux.
|