[30,5] Οὐχ ὁρᾷς τοὺς μνηστῆρας νεανικαῖς ἡδοναῖς
συγγιγνομένους, πίονας αἶγας κατέδοντας, καὶ ἁπαλῶν
ἐρίφων ἐμπιμπλαμένους, καὶ αὐλῶν ἀκούοντας, καὶ
οἶνον ἀπομισγομένους, καὶ δίσκοις ταρπομένους, καὶ
αἰγανέας ἱέντας; Τίς οὐκ ἂν αὐτοὺς τῆς ἡδονῆς ταύτης
ἐμακάρισεν; Ἀλλὰ ὁ μαντικὸς καὶ γνωριστικὸς τοῦ
μέλλοντος λέγει,
ἆ δεῖλ´ οὔτι κακὸν τόδε πάσχετε, νυκτὶ μὲν ὑμῶν
εἰλύαται κεφαλαί,
παρὰ πόδας τὸ κακὸν καὶ ἐγγύς. Παρὰ πόδας τὸ κακὸν
ἦν καὶ Ἀλεξάνδρῳ τῷ τὴν θαυμαστὴν ἐκείνην
ἡδονὴν ἐκ Πελοποννήσου ἐκκλέψαντι· ταχὺ γὰρ ἐπ´
αὐτῇ στόλος ἐξηρτύθη Ἑλληνικός, μυρίας μὲν ὀδύνας
αὐτῷ τῷ τῆς ἡδονῆς ἐραστῇ ἄγων, μυρίας δὲ τῇ
ξυμπάσῃ πόλει. Τὰς δὲ Ἀσσυρίους ἡδονὰς οὐ λέγω,
ἃς κατέλαβεν εὐθὺς πῦρ αὐτῷ χρυσῷ, καὶ αὐταῖς παλλακίσιν.
Οὐδὲ τὰς Πολυκράτους τὰς Ἰωνικὰς οὐ λέγω,
ἃς κατέλαβεν οὐδὲ εὐσχήμων θάνατος. Πλήρης ἦν
Σύβαρις ἡδονῶν, ἀλλὰ ἀπώλοντο μετὰ τῶν χρησαμένων
αἱ ἡδοναί. Εὐδοκίμουν καὶ παρὰ Συρακοσίοις
ἡδοναί, ἀλλὰ ἐσωφρόνισαν αὐτοὺς μετ´ ἐκείνας αἱ συμφοραί.
Ἀλλ´ οὐδὲ Κορινθίοις.
| [30,5] V. Voyez-vous les amants de Pénélope, comme ils se vautrent dans toutes les
voluptés de la jeunesse, comme ils se gorgent de chèvres grasses, et de tendres
chevreaux, comme ils charment leurs oreilles par le son des flûtes, comme ils se
noient dans le vin, comme ils se plaisent à lancer le disque et à fendre l'air du javelot.
A l'aspect de ces voluptés, qui ne les croirait heureux ? Mais voici le langage du devin,
de celui dont la science plonge dans l'avenir : «Ah, malheureux ! quels sont donc les
maux auxquels vous êtes en proie ? Une sombre nuit vous environne». Les
malheurs approchent, ils sont déjà là. Les malheurs marchaient à la suite de cet
Alexandre qui vint dans le Péloponnèse enlever cette beauté rare dans la
possession de laquelle il se promettait tant de volupté. Une flotte grecque fut soudain
équipée pour voler sur ses traces, et cette flotte traînait après elle des maux infinis,
prêts à fondre sur le ravisseur, et à exterminer sa patrie. Nous ne parlerons pas de cet
Assyrien qui fut dévoré en un moment par le feu, avec ses trésors et ses
courtisanes. Nous ne parlerons pas non plus de ce Polycrate d'Ionie, qui finit par une
mort ignominieuse. Sybaris aussi était pleine de voluptés. Mais ces voluptés
périrent, avec les hommes efféminés qui en faisaient leurs délices. Les
Syracusains également s'abandonnèrent à la volupté. Mais les malheurs qui furent les
fruits de leur mollesse les en corrigèrent. Il n'en fut pas de même des Corinthiens.
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