[28,2] Τί δὴ οὖν ὁ Χείρων ἦλθεν ἡμῖν δεῦρο ἐπὶ τὸν
λόγον; Φέρε, ἴδω μετὰ σοῦ, εἰ μὴ ἐν δέοντι, εἴπερ
γάρ μοι καλεῖς τι ὀδύνην σώματος· καλεῖς μέντοι.
Ταύτης τοίνυν, εἰ μὲν ἐξ ἴσου τὸ σῶμα ὑποδύσαιτ´
ἄν, καὶ ἀνακραθεῖσα ἐπιεικῶς ὅλῳ διετάραξεν αὐτοῦ
τὴν κατὰ φύσιν οὐσίαν, καθάπερ σίδηρον πῦρ, αὐτὸ
τοῦτο, ὃ καλοῦμεν πῦρ· ὑποκοριζόμενοι δ´ οἱ ἰατρικοὶ
μετέβαλλον τοὔνομα, ὡς ἔλαττον ἡμῖν τὸ δεινὸν φανούμενον,
εἰ πυρετὸς καλοῖτο, ἀλλὰ μὴ πῦρ. Ἕτερον
δ´ αὖ ἐστιν ὀδύνης γένος, ἐπειδὰν μόριον μὲν ᾖ τὸ
τὴν αἰτίαν ἔχον καὶ τὴν πηγὴν τοῦ νοσήματος, ὁρμηθὲν
δὲ ἐντεῦθεν τὸ δεινὸν συνελκύσῃ τὲ καὶ συνεπισπάσηται
τῇ ὀδύνῃ καὶ τὸ ἄλλο σῶμα πᾶν· καὶ
ἔστιν οὕτω δή τις ὀξύτατος ὁ τοῦ ἀλγεῖν δρόμος ἐπὶ
τὸ ὑγιαῖνον ἀπὸ τοῦ κάμνοντος, ὡς μάθοις ἂν τῷ
προσπταίσματι ἄκρῳ τῷ ποδί· ἐκ γὰρ ὀνύχων, φασίν,
ἐπὶ τὴν κεφαλὴν τὸ ἀλγεινὸν ἀκαρεὶ θεῖ. Τοῦτο δὲ
οἴει γίγνεσθαι ἄν, εἰ μὴ ἐτύγχανεν ἡ ψυχὴ διειληφυῖα
τὸ σῶμα πᾶν πάντοθεν, καὶ ἀνακεκραμένη αὐτῷ, καθάπερ
τὸ φῶς τῷ ἀέρι; ἢ μᾶλλον οὑτωσὶ λέγωμεν·
καθάπερ αἱ τῶν θυμιαμάτων ὀδμαὶ καὶ τοῖς πόρρω
οὖσιν προσέβαλλον, ἀνακεράσασαι τὸν διὰ μέσου ἀέρα
τῇ εὐωδίᾳ· ἢ καθάπερ τὰ χρώματα ἐν ὀφθαλμοῖς πόρρωθεν
ἔρχεται ὡς ἐπιγράψαντα καὶ ταῦτα τὸν ἀέρα τῇ
αὑτῶν φύσει· ταύτῃ νόμιζε καὶ τὴν ψυχὴν πανταχοῦ
διεληλυθέναι, καὶ μηδὲν εἶναι ἄψυχον σώματος μέρος·
τρίχας δὲ καὶ ὄνυχας ἐξαιρετέον λόγου· καὶ γὰρ
τῶν δένδρων τὰ φύλλα· καὶ γὰρ ταῦτά ἐστιν, ὅσα ἐν
φυτοῖς τὰ ἀναισθητότατα. Οὕτω δὴ πρὸς τὸ σῶμα ἡ
ψυχὴ ἔχουσα, ἀνακέκραται αὐτοῦ ταῖς λύπαις καὶ ταῖς
ἡδοναῖς. Καὶ τὸ ἀλγεῖν ἔστιν αἰτία μὲν σώματος,
ψυχῇ δὲ πάθος. Μία μὲν δὴ αὕτη χορηγία ὀδύνης
τῷ ἀνθρώπῳ. Δευτέρα δὲ ἥδε, ἔμπαλιν αὖθις αὖ
πρὸς τὴν προτέραν ἔχουσα· ἀπὸ γὰρ τῆς ψυχῆς αὕτη
ἔρχεται, καὶ τελευτᾷ ἐπὶ τὸ σῶμα. Ψυχῆς γοῦν καμούσης
λύπῃ, συγκάμνει τοι σῶμα τὶ καὶ ὑποτήκεται
τοῦτο μὲν ἐκ τῶν ὀφθαλμῶν ἀπολεῖβον δάκρυα, τοῦτο
δὲ πᾶν ὠχραινόμενον καὶ ἰσχναινόμενον· ὁποῖα αἱ ἐξ
ἐρώτων λῦπαι ἀπεργάζονται, καὶ διὰ πενίαν τρυχώσεις,
καὶ διὰ πένθη ἀκοιμιστίαι. Ἀποπέμπουσιν δὲ τῷ σώματι
ὀδύνας καὶ θυμοὶ καὶ ὀργαὶ καὶ φθόνοι, καὶ τῶν
τῆς ψυχῆς παρὰ μέλος κινημάτων οὐδὲν ὁτιοῦν.
| [28,2] Mais à quel propos avons-nous fait, ici mention de Chiron ? Voyons,
examinons ensemble si c'est sans raison. Si vous admettez, avec moi, qu'il
est quelque chose qui doit être appelé douleur du corps ; (et vous êtes
forcé de l'admettre) si vous supposez ensuite que cette douleur
s'introduit tout d'un coup dans le corps, qu'elle se répand également dans
toutes ses parties, et qu'elle en altère la manière d'être naturelle,
ainsi que le feu altère le fer, vous admettez ce que nous appelons du feu.
Mais les médecins ont changé cette dénomination; et, afin que le mal
nous parût moins considérable, ils se sont servis d'un diminutif du mot
feu, et l'ont appelé fièvre, et non pas feu. Il est un autre genre de
douleur, lors, par exemple, que la cause, l'origine du mal, est dans une
seule des parties du corps, et que, de là, elle gagne et attaque toutes
les autres parties. Or, rien n'est plus rapide que ce passage de la
douleur de la partie malade à celle qui ne l'est point, comme il est aisé
d'en faire l'épreuve, en effleurant seulement la pointe du pied. Car on
dit, en proverbe, que la douleur vole en un instant de l'ongle de l'orteil
à la tête. Croiriez-vous donc possible un semblable effet, si l'âme
n’était pas répandue dans toutes les parties du corps, si elle n’était pas
combinée avec lui comme la lumière l'est avec l'air ? Ou bien, faisons
cette analogie : de même que, dans les sacrifices, le parfum de ce qui
brûle sur les autels, en se combinant avec l'air intermédiaire, va frapper
l'odorat des assistants éloignés ; de même que les couleurs viennent se
peindre de loin dans les yeux, en imprégnant de leur teinte l'air au
travers duquel elles passent, de même il faut penser que l'âme est étendue
dans toutes les parties du corps, de manière qu'il n'y ait aucune de ses
parties qu'elle n'occupe à l'exception des cheveux et des ongles, qui,
semblables aux feuilles des arbres, sont les parties les moins
susceptibles de sensibilité. D'après cette combinaison de l'âme avec
le corps, elle partage ses douleurs et ses plaisirs ; et, si le siège de
la douleur est dans le corps, le siège de l'impression qu'elle produit,
est dans l'âme.Telle est la première voie par où l'homme est
accessible à la douleur. Voici la seconde, qui se dirige en sens contraire
de la première; car elle commence par l'âme, et finit parle corps. Lorsque
l'âme est malade de quelque chagrin, le corps participe à sa maladie : il
maigrit. Telle est la cause qui fait couler les larmes des yeux, qui rend
le corps maigre et pâle, effets ordinairement produits par les chagrins de
l'amour, par les privations dans la pauvreté, et par l'abandon dans le
deuil. Le corps a encore une autre source de douleur, dans le
ressentiment, la colère, l'envie, et tous les mouvements déréglés de l'âme.
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