[25,5] Λέγε, τίνας εἶδες καρποὺς ἐν τῷ λόγῳ; τίνας ἔλαβες;
πῶς ἔχοντας; ἐπειράθης, ἐξήτασας, εἰ τελεσιουργοὶ καὶ
γόνιμοι ἑτέρων καρπῶν; ἐξέφυσέ τι σοι ἡ ψυχὴ ἀπ´
αὐτῶν χρηστὸν καὶ ἔγκαρπον; Ἢ ’ὄγχνη μὲν ἐπὶ ὄγχνῃ
γηράσκει,‘ καὶ ’ἐπὶ μήλῳ μῆλον, καὶ σταφυλὴ
σταφυλῇ‘ ἐπιφύεται, καὶ ’σῦκον σύκῳ·‘ λόγου δὲ
ἄρα ἐφήμερος μὲν ἡ γένεσις, ἄσπερμος δὲ ὁ καρπός,
καὶ οὐ τρόφιμος, οὐδὲ ἀνακιρνάμενος τῇ ψυχῇ,
ἀλλά τέ μιν καθύπερθεν ἐπιρρεῖ, ἠΰτ´ ἔλαιον;
Ταύτην μοι διήγησαι τὴν γεωργίαν, τοὺς δὲ ἐπαίνους
ἔα. Ἐὰν γὰρ ἀφέλῃς αὐτῶν τὴν χρείαν, ὑποπτεύω
τὴν αἰτίαν, καὶ τὸν ἐπαινέτην ἐλεῶ, καὶ τὸν ἔπαινον
μέμφομαι. Τοῦτον τὸν ἔπαινον φθέγγεται τὰ μέλη
τῆς ψυχῆς, τὰ ἀκόλαστα, τὰ κρίνειν ἀσθενῆ, τὰ ἀπατᾶσθαι
πεφυκότα·
οὐ νέμεσις Τρῶας καὶ εὐκνήμιδας Ἀχαιοὺς
τοιῇδ´ ἀμφὶ γυναικὶ πολὺν χρόνον ἄλγεα πάσχειν.
Ὁρᾷς τοῦ ἐπαίνου τὴν μοχθηρίαν, ἀντικαταλλασσομένου
γύναιον μανὲν καὶ τὴν ἀπ´ αὐτοῦ ἡδονήν, Ἑλληνικῶν
καὶ Τρωϊκῶν κακῶν; Ἔστι κἀνταῦθα ἐπαινέτης
τοιοῦτος, ἐπειδάν τις ἐντυχὼν ἀκολάστῳ λόγῳ, τὸ μὲν
ἀπατηλὸν αὐτοῦ μὴ γνωρίσῃ, τὸ δὲ ἡδὺ στέρξῃ, κατὰ
βραχὺ ὑποφερόμενος ταῖς καθ´ ἡμέραν ἡδοναῖς ἀψοφητί,
ὥσπερ τῶν πλεόντων οἱ πνευμάτων μὲν ἐξ οὐρίας
πρὸς τὸν ἀληθῆ δρόμον οὐ τυχόντες, ῥεύματι δὲ
γαληνῷ δι´ ἀκυμάντου τῆς θαλάττης εἰς ἠϊόνας ἐρήμους
ἢ ῥαχίας δυσχερεῖς ἐκπεπτωκότες· μετὰ τοῦτο
προσηνέχθη λαθὼν ἀμαθίᾳ, καὶ μετὰ τοῦτο φιληδονίας
πάσης ἠϊόνος ἐρημοτέροις χωρίοις, καὶ πάσης ῥαχίας
δυσχερεστέροις, ἀγαπῶν τὴν πλάνην καὶ χαίρων
τῇ ψυχαγωγίᾳ· ὥσπερ οἱ πυρέττοντες, ἐμπιπλάμενοι
ποτοῦ καὶ σιτίων παρὰ τοὺς τῆς τέχνης νόμους· παρατιθέντες
γὰρ κακὸν κακῷ, νόσῳ πόνους, αἱροῦνται
ἡδόμενοι νοσεῖν μᾶλλον, ἢ πονοῦντες ὑγιασθῆναι. Καί
τις ἤδη ἰατρὸς εὐμήχανος ἀνεκέρασεν βραχεῖαν ἡδονὴν
τῷ ἀλγεινῷ τῆς ἰάσεως· ποριστὴς δὲ ἡδονῆς, καὶ παντοίας
ἡδονῆς, οὔτε ὁ Ἀσκληπιός, οὔτε οἱ Ἀσκληπιάδαι,
ἀλλ´ ὀψοποιῶν τὸ ἔργον. Οὐδὲν δὲ σεμνότερον ἀκόλαστος
λόγος τῶν τῆς γαστρὸς κολακευμάτων· ἐὰν γὰρ
τούτου ἀφέλῃς μὲν τὸ ὠφελοῦν, τερπνὸν δὲ προσθῇς,
ἰταμὸν καὶ ἄκρατον ἰσοτιμίαν καὶ ἰσηγορίαν χειροτονεῖς
λόγου πρὸς τὰ αἰσχρὰ πάντα, ὅσα δι´ αἰσθήσεων
ἐπὶ ψυχὴν ἔρχεται, ὑφ´ ἡδονῆς παραπεμπόμενα.
| [25,5] Répondez; quels fruits avez-vous distingués dans les choses qui sont du
ressort du discours? Quels fruits en avez-vous recueillis? En quoi
consistent-ils ? Les avez-vous mis à l'épreuve ? Avez-vous recherché s'ils
ont la maturité nécessaire, s'ils sont capables de produire d'autres
fruits ? Votre âme y a-t-elle gagné quelque chose d'utile et de profitable ?
Quoi donc ! La poire mûrira, à côté de la poire qui fleurit, la
pomme atteindra sa maturité, à côté de la pomme en fleur; il en sera de
même du raisin, à côté du raisin, de la figue, à côté de la figue ;
et les choses qui sont du ressort du discours, n'auront qu'une existence
éphémère, leurs fruits n'auront ni germe, ni substance nourricière ; ils
ne seront point appropriés à l'âme, « mais ils glisseront par-dessus comme
de l'huile » ! Parlez-moi de ce genre d'agriculture, et laissez-là
vos éloges. Car il n'y a nulle utilité dans ce qui en fait la matière; la
cause m'en devient suspecte ; celui qui les donne m'inspire de la
commisération ; et je les condamne comme répréhensibles. De pareils éloges
sont le langage ordinaire de ces parties de l'âme, livrées à
l'intempérance; incapables d'un jugement sain; jouet naturel des illusions :
« Il est dans l'ordre que les Troyens et les Grecs éprouvent de longs
malheurs pour une semblable femme». Vous voyez par où pèche un
pareil éloge, qui met en balance une femme adultère seule et la
volupté qu'on peut trouver auprès d'elle, avec les malheurs des Grecs et
des Troyens. C'est également par-là que pèchent les éloges de ceux qui,
entendant des choses contraires aux bonnes mœurs, n'aperçoivent point ce
qu'elles ont de fallacieux, se passionnent pour ce qu'elles ont
d'agréable, et se laissent, bientôt entraîner, sans qu'ils s'en doutent,
par des impressions quotidiennes : semblables à des navigateurs, qui,
n'ayant point un vent favorable, pour les conduire à leur véritable
destination, abandonnés aux tranquilles courants d'une mer calme, sont
jetés sur des plages désertes, ou contre des rochers dangereux. De là, ils
sont insensiblement amenés par l'ignorance, et ultérieurement par l'amour
de la volupté (choses bien plus désertes que toutes les plages, et bien
plus dangereuses que tous les rochers) à aimer leur erreur, et à se
complaire dans les séductions dont leur âme est la dupe; à l'exemple des
fébricitants, qui mangent et boivent, contre les règles de la médecine; et
qui, quoiqu'ils aggravent ainsi leurs souffrances et leur maladie, aiment
mieux rester malades sans rien refuser à leur appétit, que recouvrer leur
santé par les privations et par l'abstinence. Il est néanmoins
d'adroits médecins, qui savent ménager à leurs malades quelques courtes
jouissances, au milieu même de l'âpreté des médicaments. Mais ce ne seront
ni Esculape, ni ses disciples, qui dispenseront les voluptés de la table,
et toutes celles du même genre. C'est l'affaire des cuisiniers. Or, en
matière de discours, les principes contraires aux bonnes mœurs ne sont pas
plus recommandables, que ne le sont les saveurs les plus propres à
flatter le palais et le goût. Car, si l'on retranche ce qui est utile
en cette matière, et qu'on ne s'attache qu'à l'agrément, c'est tomber dans
le grave inconvénient de donner une égale liberté, d'assurer une égale
considération, aux principes du désordre et de la licence, qui, transmis
par la volupté, pénètrent dans l'âme par les sens.
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